L’acupuncture est parfois proposée comme une méthode complémentaire pour aider les personnes à arrêter de fumer. Les preuves scientifiques actuelles concernant son efficacité pour le sevrage tabagique restent limitées et controversées mais elle peut parfois aider certains fumeurs.
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Origine et développement
L’acupuncture est une pratique millénaire qui puise ses racines dans la médecine traditionnelle chinoise. Elle repose sur le concept de l’énergie vitale, ou « qi », qui circule dans le corps le long de canaux appelés méridiens. Selon la tradition, un déséquilibre ou une perturbation de cette énergie peut entraîner des maladies ou des troubles et l’acupuncture vise à restaurer cet équilibre en insérant de fines aiguilles dans des points stratégiques du corps.1
L’acupuncture a été introduite en Occident au début du XXe siècle mais ce n’est qu’au cours des années 1970 qu’elle a commencé à être acceptée comme une pratique complémentaire légitime, notamment après le rapprochement entre la Chine et les États-Unis. Depuis lors, l’acupuncture a été étudiée dans divers contextes cliniques, notamment pour la gestion de la douleur, l’anxiété, et plus récemment, pour l’arrêt du tabac.
Dans les années 1980 et 1990, alors que la sensibilisation aux dangers du tabagisme augmentait, les chercheurs et les praticiens se sont penchés sur les effets de l’acupuncture pour le sevrage tabagique.2, 3, 4, 5, 6 Bien que les résultats des études soient encore débattus, certains fumeurs ont signalé une diminution de leur envie de fumer et une réduction des symptômes de sevrage grâce à cette méthode.
L’acupuncture en bref
- L’efficacité de l’acupuncture dépend de nombreux facteurs comme la réceptivité du fumeur et l’expérience du praticien.
- Les études sérieuses sur son efficacité pour arrêter de fumer manquent.
- Certains fumeurs rapportent une réduction des envies de fumer suite à une ou plusieurs séances.
L’acupuncture pour l’arrêt du tabac
L’utilisation de l’acupuncture pour le sevrage tabagique repose sur l’idée que la stimulation de certains points précis du corps, souvent situés sur les oreilles (auriculothérapie), peut aider à réduire les envies de nicotine et les symptômes du sevrage tabagique. Cette méthode s’appuie sur des principes de la médecine traditionnelle chinoise qui relie ces points à des organes ou fonctions corporelles impliqués dans la gestion du stress, des émotions ou encore des addictions.
L’acupuncture, et plus spécifiquement l’auriculothérapie, est populaire en raison de sa nature non invasive et de l’absence d’effets secondaires graves. Elle est souvent vue comme une alternative intéressante pour les personnes qui souhaitent éviter les traitements pharmacologiques. Malgré son attrait, les preuves scientifiques concernant son efficacité pour l’arrêt du tabac restent mitigées et peu concluantes.7, 8, 9, 10, 11
En quoi consiste l’acupuncture pour le sevrage tabagique ?
Le traitement par acupuncture pour l’arrêt du tabac se déroule en plusieurs étapes :
- Évaluation initiale : le praticien commence par une consultation pour comprendre les habitudes du fumeur, ses déclencheurs émotionnels et physiques, ainsi que son état de santé général.
- Insertion des aiguilles : les aiguilles fines sont insérées sur des points précis du corps, souvent sur les oreilles et les mains, mais aussi sur d’autres points méridiens liés aux poumons et au système nerveux. Les aiguilles sont laissées en place pendant une période de 20 ou 30 minutes.
- Relaxation : pendant la séance, le patient reste dans un état de relaxation qui favorise la détente mentale et physique. Cette relaxation est cruciale pour maximiser l’efficacité du traitement.
- Suivi : en fonction de la réponse du patient, plusieurs séances peuvent être nécessaires pour renforcer les effets, parfois accompagnées de recommandations en termes de mode de vie, comme la gestion du stress.
Durée et efficacité
Le nombre de séances d’acupuncture varie en fonction des individus, mais un traitement typique comprend généralement entre 5 et 10 séances réparties sur plusieurs semaines. Certaines personnes constatent une amélioration après seulement quelques séances, tandis que d’autres nécessitent un suivi plus prolongé pour maintenir leur abstinence tabagique. Enfin, certains patients n’y trouvent tout simplement aucun bénéfice.
L’efficacité de l’acupuncture pour l’arrêt du tabac fait encore l’objet de recherches. Une revue systématique réalisée par l’organisation Cochrane5 a montré que l’acupuncture peut aider à réduire les envies de nicotine et les symptômes de sevrage même si son efficacité à long terme reste incertaine. L’acupuncture fonctionne souvent mieux lorsqu’elle est utilisée en complément d’autres méthodes comme les thérapies comportementales ou les traitements pharmacologiques.
Avantages
- Approche personnalisée : l’acupuncture permet d’adapter le traitement en fonction des besoins spécifiques du patient et de ses déclencheurs émotionnels.
- Non invasive : l’utilisation de fines aiguilles est généralement indolore et cette approche ne nécessite pas de médicaments.
- Effets secondaires minimes : contrairement aux traitements médicamenteux, l’acupuncture a très peu d’effets secondaires lorsqu’elle est administrée par un praticien qualifié.
Inconvénients
- Efficacité variable : tout comme l’hypnothérapie, l’acupuncture n’a pas la même efficacité pour tout le monde, certains patients étant plus réceptifs que d’autres.
- Nécessité d’un praticien expérimenté : l’expérience et la compétence du praticien jouent un rôle clé dans l’efficacité du traitement. Un praticien moins qualifié obtiendra souvent des résultats limités, voire aucun.
- Durée du traitement : plusieurs séances sont souvent nécessaires, ce qui peut demander un certain investissement en temps et en argent.
Quelques études sur l’acupuncture
Waite & Clough (1998)5
- Titre : A single-blind, placebo-controlled trial of a simple acupuncture treatment in the cessation of smoking
- Publication : The British Journal of General Practice
- Résumé : cette étude contrôlée a testé un traitement d’acupuncture auriculaire simple pour aider les fumeurs à arrêter.
- Résultat : 12,5 % des participants du groupe acupuncture ont cessé de fumer à 6 mois, contre 0 % dans le groupe placebo.
He et al. (1997)6
- Titre : Effects of acupuncture on smoking cessation or reduction for motivated smokers
- Publication : Preventive Medicine
- Résumé : cette étude a évalué les effets de l’acupuncture chez des fumeurs motivés, en comparant des points d’acupuncture supposés efficaces à des points supposés non-efficaces.
- Résultat : 31 % des participants du groupe acupuncture ont arrêté de fumer, contre aucun dans le groupe contrôle.
Ashenden et al. (1997)7
- Titre : A meta-analysis of the effectiveness of acupuncture in smoking cessation
- Publication : Drug and Alcohol Review
- Résumé : cette méta-analyse a examiné neuf essais randomisés et contrôlés évaluant l’efficacité de l’acupuncture pour arrêter de fumer.
- Résultat : l’acupuncture semble prometteuse mais manque de preuves solides pour être recommandée en tant que thérapie efficace.
White et al. (2011)8
- Titre : Acupuncture and related interventions for smoking cessation
- Publication : The Cochrane Database of Systematic Reviews
- Résumé : cette revue a exploré les effets de l’acupuncture et des interventions associées (acupressure, thérapie laser, électrostimulation) sur le sevrage tabagique.
- Résultat : aucune preuve cohérente indiquant que ces interventions sont plus efficaces que les traitements placebo ou sans intervention à long terme.
White et al. (2002)9
- Titre : Acupuncture for smoking cessation
- Publication : The Cochrane Database of Systematic Reviews
- Résumé : cette revue systématique a évalué l’efficacité de l’acupuncture, l’acupressure, la thérapie au laser et l’électrostimulation pour le sevrage tabagique, comparée à des traitements placebo et d’autres interventions.
- Résultat : aucune preuve solide que l’acupuncture soit plus efficace que les traitements placebo pour arrêter de fumer à long terme.
Les limites de l’acupuncture pour arrêter de fumer
L’acupuncture présente plusieurs limites, notamment en ce qui concerne son efficacité pour arrêter de fumer. D’abord, l’efficacité de l’acupuncture dépend en grande partie de la réceptivité individuelle. Certaines personnes réagissent très bien à cette méthode et signalent une diminution notable de leurs envies de fumer tandis que d’autres ne ressentent aucun effet significatif. Cette variabilité rend difficile d’établir des conclusions solides sur son efficacité globale.
L’acupuncture agit principalement sur les symptômes physiques et émotionnels liés à la dépendance à la nicotine, comme le stress et l’anxiété. Mais elle n’aborde pas directement les aspects comportementaux ou psychologiques du tabagisme qui sont essentiels pour maintenir un arrêt durable. C’est pour cette raison que de nombreux experts recommandent de combiner l’acupuncture avec d’autres interventions éprouvées comme les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) ou des traitements pharmacologiques comme la varénicline ou le bupropion afin de traiter la dépendance physique et les habitudes comportementales associées à la cigarette.
L’efficacité de l’acupuncture dépend aussi largement de la compétence du praticien. Un thérapeute expérimenté sera capable de cibler les points d’acupuncture appropriés en fonction des besoins spécifiques du patient alors qu’un praticien moins expérimenté pourrait avoir des résultats beaucoup moins probants. La qualité de la formation du praticien peut donc influencer de manière significative les résultats du traitement.
En conclusion
L’acupuncture, bien que souvent perçue comme une méthode complémentaire intéressante pour le sevrage tabagique, reste une approche dont l’efficacité à long terme est encore débattue. Son principal avantage est qu’elle est non invasive avec un faible risque d’effets secondaires, et qu’elle peut être adaptée aux besoins individuels du patient. De plus, certaines études suggèrent qu’elle peut aider à soulager les symptômes de sevrage, en particulier les envies de fumer et le stress.
Les preuves scientifiques actuelles ne sont cependant pas suffisantes pour recommander l’acupuncture comme traitement principal pour arrêter de fumer. Les résultats varient d’une personne à l’autre et son efficacité semble limitée lorsqu’elle est utilisée seule. Pour maximiser les chances de succès, il est généralement conseillé d’intégrer l’acupuncture dans un plan global de sevrage qui comprend des thérapies comportementales et des traitements pharmacologiques validés comme la varénicline ou le bupropion.
Cet article ne constitue pas un avis médical. En cas de doute, rapprochez-vous d’un professionnel de santé.
Les autres méthodes pour arrêter de fumer
Méthode | Notre avis |
---|---|
L’arrêt sans aide |
Non recommandé Moins de 5 % des fumeurs parviennent à arrêter de fumer avec cette méthode. Des symptômes de sevrage difficilement supportables. |
La cigarette électronique |
Recommandé Permet de gérer la dépendance physique à la nicotine tout comme les mécanismes psychiques de l’addiction. La méthode reconnue par la science comme étant la plus efficace pour arrêter de fumer. Nécessite d’être régulièrement utilisée pour maintenir un taux de nicotine stable dans le sang. Permet de remplacer le tabagisme. |
Les patchs de nicotine |
Recommandé En complément d’une thérapie comportementale. Possibilité de les coupler avec une cigarette électronique ou un substitut nicotinique à absorption rapide. Libération stable et continue de la nicotine sur une longue période. Peut permettre d’arrêter de fumer. |
Les gommes à mâcher |
Recommandé En complément d’une thérapie comportementale. Libération de nicotine relativement lente qui ne permet pas de répondre aux envies soudaines de fumer. Peut aider dans le cadre du sevrage tabagique. |
Les pastilles, ou comprimés à sucer |
Recommandé En complément d’une thérapie comportementale. Libération de nicotine assez lente qui ne répond pas aux besoins immédiats de fumer. Peut représenter une aide pour arrêter de fumer. |
Les inhalateurs |
Recommandé Peut permettre d’aider à arrêter de fumer. Permet d’adresser la dépendance physique à la nicotine et de gérer une partie des mécanismes comportementaux du tabagisme. Libération assez lente de la nicotine, peut donc ne pas satisfaire certains fumeurs. |
Les sprays |
Recommandé En complément d’une thérapie comportementale. Les seuls substituts nicotiniques qui offrent une absorption rapide de la nicotine, en moins de dix minutes. Peut également être utile en cas d’envie soudaine de fumer. Une aide précieuse pour se sevrer du tabagisme. |
La varénicline (Chantix®/Champix®) |
Recommandé En complément d’une thérapie comportementale. Peut permettre d’arrêter de fumer. |
Le bupropion (Zyban®/Wellbutrin®) |
Recommandé En complément d’une thérapie comportementale. Peut permettre d’arrêter de fumer. |
La cytisine (Tabex®/Desmoxan®) |
Recommandé En complément d’une thérapie comportementale. Peut permettre d’arrêter de fumer. Médicament toutefois interdit en Europe de l’Ouest. |
La thérapie cognitive et comportementale |
Recommandé En complément d’un substitut nicotinique ou d’un traitement pharmacologique. Peut permettre d’arrêter de fumer. |
La méthode Allen Carr |
Prudence Méthode potentiellement coûteuse dont les résultats ne sont pas garantis, mais qui est efficace pour certains fumeurs. Peut permettre d’arrêter de fumer. |
Le snus |
Prudence Contient du tabac. Certaines études lient sa consommation à des problèmes de santé. Sa nocivité reste toutefois bien inférieure à celle du tabagisme. Absorption relativement lente de la nicotine qu’il contient. Peut permettre de remplacer le tabagisme. |
Les sachets de nicotine |
Recommandé Peuvent représenter une alternative aux cigarettes combustibles. L’absence de tabac dans leur composition les rend plus intéressants que le snus. Absorption relativement lente de la nicotine. |
Les perles de nicotine |
Recommandé Discrètes à utiliser. Un mode d’administration sublingual éprouvé avec d’autres substituts nicotiniques. À compléter avec une thérapie comportementale et un substitut nicotinique à absorption rapide en cas de besoin. Peut permettre d’aider à arrêter de fumer. |
Le tabac chauffé |
Prudence Pas commercialisé pour arrêter de fumer mais peut remplacer le tabagisme. Des risques pour la santé supérieurs à ceux de la cigarette électronique. |
L’hypnose |
Prudence Efficacité pour arrêter de fumer qui dépend de la réceptivité du patient. À combiner quoi qu’il en soit avec un substitut nicotinique ou un traitement pharmacologique. |
L’acupuncture |
Prudence Efficacité dépendante de la réceptivité de chaque individu. Aucune preuve scientifique qu’elle aide à maintenir un sevrage à long terme. |
Le laser |
Non recommandé Méthode coûteuse dont l’efficacité pour arrêter de fumer est contestée par toutes les études scientifiques sérieuses. |
Le magnétisme |
Prudence Efficacité dépendante de la réceptivité de chaque individu. Absence de données scientifiques fiables sur son aide potentielle pour arrêter de fumer. |
Sources et références
1 Kaptchuk, T. J. (2002). Acupuncture: Theory, efficacy, and practice. Annals of Internal Medicine, 136(5), 374-383. https://doi.org/10.7326/0003-4819-136-5-200203050-00010.
2 Cottraux, J., Harf, R., Boissel, J., Schbath, J., Bouvard, M., & Gillet, J. (1983). Smoking cessation with behaviour therapy of acupuncture–a controlled study. Behaviour Research and Therapy, 21(4), 417-424. https://doi.org/10.1016/0005-7967(83)90011-6
3 Choy, D., Lutzker, L., & Meltzer, L. (1983). Effective treatment for smoking cessation. The American Journal of Medicine, 75(6), 1033-1036. https://doi.org/10.1016/0002-9343(83)90884-7
4 Ashenden, R., Silagy, C., Lodge, M., & Fowler, G. (1997). A meta-analysis of the effectiveness of acupuncture in smoking cessation. Drug and Alcohol Review, 16(1), 33-40. https://doi.org/10.1080/09595239700186311
5 He, D., Berg, J., & Høstmark, A. T. (1997). Effects of acupuncture on smoking cessation or reduction for motivated smokers. Preventive Medicine, 26(2), 208-214. https://doi.org/10.1006/PMED.1996.0125
6 Waite, N., & Clough, J. (1998). A single-blind, placebo-controlled trial of a simple acupuncture treatment in the cessation of smoking. The British Journal of General Practice, 48(433), 1487-1490.
7 Ashenden, R., Silagy, C., Lodge, M., & Fowler, G. (1997). A meta-analysis of the effectiveness of acupuncture in smoking cessation. Drug and Alcohol Review, 16(1), 33-40. https://doi.org/10.1080/09595239700186311
8 White, A., Rampes, H., Liu, J. P., Stead, L., & Campbell, J. L. (2011). Acupuncture and related interventions for smoking cessation. The Cochrane Database of Systematic Reviews, 1, CD000009. https://doi.org/10.1002/14651858.CD000009.pub3
9 White, A., Rampes, H., & Ernst, E. (2002). Acupuncture for smoking cessation. The Cochrane Database of Systematic Reviews, 2, CD000009. https://doi.org/10.1002/14651858.CD000009
10 White, A., Rampes, H., Liu, J. P., Stead, L. F., & Campbell, J. (2014). Acupuncture and related interventions for smoking cessation. The Cochrane Database of Systematic Reviews, 1, CD000009. https://doi.org/10.1002/14651858.CD000009.pub4
11 He, D., Berg, J., & Høstmark, A. T. (1997). Effects of acupuncture on smoking cessation or reduction for motivated smokers. Preventive Medicine, 26(2), 208-214. https://doi.org/10.1006/PMED.1996.0125