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Vapotage et cancer : une étude erronée vient d’être retirée

Mis à jour le 21/02/2023 à 16h38
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La recherche qui indiquait que vapoter présente autant de risques de développer des cancers que fumer, a été rétractée.

Une étude rétractée, mais les dégâts déjà causés

En février 2020, une étude datant de 2018 qui concluait que l’utilisation d’une cigarette électronique augmentait les risques d’infarctus était retirée. Aujourd’hui, c’est au tour d’un autre travail « scientifique » d’être à son tour supprimé. La recherche en question (1) avait été publiée au mois de février 2022 dans le World Journal of Oncology. Réalisée par 13 chercheurs, elle se penchait sur les risques de cancers provoqués par le vapotage et concluait qu’ils étaient relativement similaires à ceux causés par le tabagisme. 

« Après la publication de cet article, des préoccupations ont été soulevées concernant la méthodologie de l’article, le traitement des données sources, y compris l’analyse statistique, et la fiabilité des conclusions », explique le journal. Celui-ci indique avoir alors contacté les auteurs afin d’obtenir des précisions.

Les auteurs n’ont pas fourni d’explications justifiées et de preuves.

Et des précisions, il y en avait besoin. L’article en question s’était basé sur les données d’une enquête nationale américaine et s’était rendu compte que le nombre de répondants qui étaient vapoteurs et atteints d’un cancer était sensiblement similaire à ceux qui étaient fumeurs, mais non-vapoteurs. Il n’en fallait pas plus aux auteurs pour conclure que l’utilisation d’une cigarette électronique provoquait autant de cancers que le tabagisme. 

Problème, les auteurs ne s’étaient pas intéressés au moment où les participants vapoteurs avaient commencé à utiliser un vaporisateur personnel. Autrement dit, un répondant qui s’était vu diagnostiquer un cancer en 2016 et qui avait commencé à vapoter en 2017, se voyait classé dans la catégorie des victimes d’un cancer, à cause du vapotage. Alors même que celui-ci ne vapotait pas au moment de son diagnostic.

Il y a quelques jours, le rédacteur en chef de la revue scientifique a indiqué que « les auteurs n’ont pas fourni d’explications justifiées et de preuves pour les enquêtes, par conséquent cet article a été rétracté (format PDF) ».

Des explications à la mauvaise science ?

L’année 2022, comme les précédentes, a eu son lot d’études alarmistes sur la cigarette électronique. À tel point que de nombreuses voix commencent à s’élever dans le monde scientifique pour clamer leur mécontentement, notamment concernant le processus de revue par des pairs, dont l’intérêt serait finalement très limité

Qu’est-ce que la revue par les pairs ?

Le processus de revue par des pairs (peer review) fait partie intégrante du parcours de publication d’une étude scientifique. Lorsqu’une recherche est réalisée, celle-ci doit d’abord être consultée et critiquée par des chercheurs du même domaine, mais n’ayant pas participé à ladite recherche, avant d’être publiée.

Cette critique, généralement réalisée lors d’un comité de lecture, est censée vérifier que les résultats proposés semblent cohérents et que la méthodologie utilisée lors de l’étude semble correcte.

Pr. Vaux

Toutefois, depuis de nombreuses années, plusieurs chercheurs alertent régulièrement sur le fait que la revue par des pairs ne signifie, finalement, pas grand-chose. Selon David Vaux, professeur au Walter and Eliza Hall Institute de Melbourne, sans ce processus, environ 2 % des articles publiés seraient corrects. Avec, ce pourcentage passerait à un taux de 10 à 50 %. Autrement dit, entre 50 % et 90 % des études qui seraient publiées pourraient s’avérer erronées. Selon lui, « le fait qu’une étude ait été évaluée par les pairs ne dit pas grand-chose sur sa qualité ».

Un véritable malaise scientifique

A gauche, Riccardo Polosa, à droite, Konstantinos Farsalinos. Crédit photo : Best Edizioni srl (Sigmagazine)

Un avis partagé (format PDF) par les chercheurs Riccardo Polosa et Konstantinos Farsalinos qui, au sujet des nombreuses études erronées sur la vape, s’interrogent : 

« Comment est-il possible que le processus d’évaluation par les pairs dans des revues scientifiques très respectées n’ait pas détecté ces erreurs fatales et ait permis la publication d’articles de faible qualité qui ne tenaient pas compte de ces facteurs clés essentiels à l’interprétation de leur analyse ? ».

Pour eux, l’acceptation sans opposition de ces articles par des revues prestigieuses « est symptomatique d’un dysfonctionnement important dans l’édition scientifique ».

Clive Bates

De son côté, Clive Bates, ancien directeur de l’Action on Smoking and Health (ASH) au Royaume-Uni va plus loin. Pour lui, l’explication du nombre grandissant de mauvaises études, et le fait que celles-ci réussissent souvent à être publiées, réside dans les incitatifs de ceux qui font de la science : 

« Les principaux bailleurs de fonds fédéraux américains de la recherche visent un “monde sans tabagisme”, ce qui signifie également sans consommation de nicotine. La science de la réglementation du tabac financée par les organismes de réglementation sera encline à trouver des justifications à la réglementation et à l’intervention, et non à la libéralisation ».

Il cite également, comme raisons potentielles, le fait que puisque la cigarette électronique aide à arrêter de fumer, elle met en danger l’ensemble du domaine de la lutte antitabac :

« Sans les méfaits importants du tabagisme, il n’y a pas beaucoup de justification pour l’ensemble du domaine de la lutte antitabac. Peut-être que l’émergence de produits à base de nicotine sans fumée beaucoup plus sûrs menace les moyens de subsistance, les carrières et des départements universitaires entiers, et la mauvaise science est la réaction ».

Sans oublier la possibilité que certains chercheurs réalisant une étude qui fait parler, qu’elle soit de bonne ou de mauvaise qualité, peuvent « gagner en prestige ».


(1) Chidharla A, Agarwal K, Abdelwahed S, Bhandari R, Singh A, Rabbani R, Patel K, Singh P, Mehta D, Manaktala PS, Pillai S, Gupta S, Koritala T. Cancer Prevalence in E-Cigarette Users: A Retrospective Cross-Sectional NHANES Study. World J Oncol. 2022 Feb;13(1):20-26. doi: 10.14740/wjon1438. Epub 2022 Feb 8. PMID: 35317331; PMCID: PMC8913014.

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