La cigarette électronique en Thaïlande
Près d’un quart de la population est fumeuse
Les dernières données disponibles concernant le taux de prévalence tabagique en Thaïlande remontent à l’année 2020. A cette époque, le nombre de fumeurs était estimé à environ 22 % de la population.
La vape a toujours été interdite
En matière de lutte contre la cigarette électronique, la Thaïlande s’est placée en tant que précurseur puisqu’elle l’a interdite dès l’année 2014.
Malgré des paroles encourageantes prononcées par le ministre de la Santé du pays en 2022, la législation n’a pas été modifiée et vapoter est toujours illégal. A plusieurs reprises, des touristes étrangers ont même été arrêtés, puis jetés en prison, pour avoir été pris en train de vapoter.
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La Thaïlande face au défi du tabagisme : un paradoxe inquiétant
La Thaïlande présente un tableau contrasté en matière de lutte antitabac. Si le pays a connu des progrès significatifs au cours des dernières décennies, la situation actuelle révèle une stagnation préoccupante. En 1991, 32% de la population thaïlandaise fumait. Ce chiffre est tombé à environ 21% en 2024, témoignant d’une amélioration notable. Toutefois, après un fort déclin amorcé dans les années 90, le pays peine désormais à faire diminuer davantage son nombre de fumeurs.
Les conséquences sanitaires du tabagisme restent dramatiques : chaque année, plus de 72 000 Thaïlandais perdent la vie à cause du tabac, qui réduit de 18 ans l’espérance de vie des fumeurs. Le poids économique est tout aussi considérable, avec des pertes financières estimées à 220 milliards de bahts annuels, bien supérieures aux 68,6 milliards de bahts de taxes perçues sur les cigarettes.
Une interdiction totale et paradoxale de la cigarette électronique
Dans ce contexte, la position de la Thaïlande concernant la cigarette électronique apparaît comme un véritable paradoxe. Depuis 2014, le pays a choisi d’interdire totalement l’importation, la vente, la possession et l’utilisation des cigarettes électroniques et de tout matériel de vapotage sur son territoire. Cette interdiction s’applique aussi bien aux résidents qu’aux touristes, sans distinction.
Les autorités thaïlandaises justifient cette mesure par des préoccupations de santé publique, affirmant que les cigarettes électroniques pourraient inciter les jeunes à s’initier au tabagisme. Pourtant, cette politique tranche radicalement avec les approches de réduction des risques adoptées par de nombreux autres pays, où le vapotage est reconnu comme un outil d’aide au sevrage tabagique moins nocif que la cigarette traditionnelle.
Un élément contextuel mérite d’être souligné : l’industrie du tabac en Thaïlande est détenue par l’État. Cette situation crée un conflit d’intérêts évident, puisque l’autorisation du vapotage pourrait avoir des répercussions directes sur les finances publiques du pays. Cette réalité économique pourrait en partie expliquer la fermeté de l’interdiction, malgré son inefficacité apparente dans la lutte contre le tabagisme.
Des sanctions sévères qui peuvent gâcher un séjour
Les sanctions prévues par la législation thaïlandaise sont particulièrement lourdes. Les contrevenants s’exposent à des amendes pouvant atteindre 100 000 bahts (environ 2 800 euros) et à des peines d’emprisonnement allant jusqu’à 10 ans. Le matériel de vapotage peut également être confisqué dès l’arrivée à l’aéroport.
En avril 2025, le gouvernement a encore durci sa position en annonçant que les vapoteurs eux-mêmes pourraient désormais être poursuivis pour recel de produits de contrebande, et non plus seulement les importateurs et distributeurs. Cette campagne de répression intensifiée aurait entraîné une chute de plus de 80% des ventes et du nombre d’utilisateurs de cigarettes électroniques depuis son lancement.
Des touristes pris au piège
De nombreux voyageurs étrangers, ignorant cette législation stricte, ont fait les frais de cette interdiction. Leurs témoignages illustrent la sévérité avec laquelle la loi est appliquée.
Le cas de Cécilia Cornu, une Française de 31 ans, est particulièrement révélateur. Arrêtée en janvier 2019 à Phuket alors qu’elle tenait simplement sa cigarette électronique en tant que passagère sur un scooter, elle s’est vue réclamer 40 000 bahts (environ 1 132 euros) par les policiers. Après avoir refusé de payer cette somme “à l’amiable”, elle a été menottée, embarquée au commissariat, puis incarcérée pendant plusieurs jours dans des conditions qu’elle décrit comme inhumaines : une cellule de 70 mètres carrés accueillant 60 femmes avec seulement 12 ventilateurs, dans une chaleur étouffante de 40 degrés. Elle a finalement été jugée, condamnée à une amende, puis expulsée du pays. Cette expérience traumatisante, survenue lors de ses premières vacances en famille, l’a profondément marquée.
En janvier 2023, une actrice taïwanaise a vécu une mésaventure similaire. Arrêtée lors d’un contrôle de police dans un taxi à Bangkok, elle a dû payer 27 000 bahts (environ 800 dollars) pour éviter une arrestation formelle.
D’autres cas ont également été rapportés : en 2017, plusieurs ressortissants britanniques ont été arrêtés pour possession de cigarettes électroniques. Parmi eux, le neveu d’un agent de voyages britannique, qui a finalement pu échapper à la prison moyennant une amende de 150 dollars. En 2019, le chanteur néerlandais Gerard Joling, en concert à Pattaya, a été condamné à payer 30 000 bahts après avoir été repéré en train de vapoter dans la Walking Street.
Ces incidents soulignent l’importance pour les voyageurs d’être pleinement informés de cette interdiction avant de se rendre en Thaïlande. Les autorités touristiques du pays ont d’ailleurs rappelé à plusieurs reprises ce message : “Profitez de vos vacances en Thaïlande, mais laissez les cigarettes électroniques à la maison. Elles sont illégales ici.”
Un marché noir florissant malgré l’interdiction
Paradoxalement, malgré cette interdiction stricte, le marché illégal des cigarettes électroniques connaît une croissance spectaculaire en Thaïlande. En 2019, sa valeur était estimée entre 3 et 6 milliards de bahts (environ 81 à 163 millions d’euros), représentant déjà 5% de l’ensemble de l’industrie du tabac dans le pays.
Cette situation a créé une augmentation préoccupante du vapotage chez les jeunes : le taux de vapotage chez les 15-29 ans est passé de 5,8% en 2019 à 12,2% en 2024. Des cigarettes électroniques jetables sont désormais disponibles à chaque coin de rue dans les grandes villes et les petites îles, avec des prix variant entre 300 et 600 bahts. Cette disponibilité facile, notamment à proximité des établissements scolaires, contraste fortement avec la politique répressive affichée par le gouvernement.
Les autorités ont mené plusieurs opérations d’envergure pour lutter contre ce marché parallèle. En juin 2024, une saisie record de près de 90 000 produits de vapotage, d’une valeur de 17 millions de bahts (environ 500 000 euros), a été effectuée chez deux revendeurs illégaux. En mars 2024, l’opération “Vape Operation” a permis l’arrestation de huit commerçants et la confiscation de près de 6 000 produits.
Un choix politique qui interroge
La Thaïlande fait partie des rares pays au monde à maintenir une interdiction aussi stricte de la cigarette électronique en 2025. Cette approche se révèle non seulement inefficace pour réduire le vapotage chez les jeunes, mais elle prive également les fumeurs adultes d’un outil potentiellement utile pour le sevrage tabagique.
Alors que de nombreuses études scientifiques internationales démontrent que le vapotage est significativement moins nocif que le tabac traditionnel et peut constituer une aide efficace au sevrage, la Thaïlande persiste dans sa politique d’interdiction totale. Ce choix apparaît d’autant plus paradoxal que le pays a dépénalisé le cannabis en 2022, créant une incohérence notable dans sa politique de santé publique.
Pour les vapoteurs qui souhaitent se rendre en Thaïlande, le conseil est sans équivoque : il est impératif de laisser tout matériel de vapotage à la maison. Les alternatives comme les patchs à la nicotine, les gommes à mâcher ou les comprimés peuvent être envisagées pour gérer les besoins en nicotine durant le séjour. Malgré la beauté du pays et sa richesse culturelle, le risque d’amendes salées, voire d’emprisonnement, n’en vaut clairement pas la peine.
Sources
- Thailande-fr – Le tabagisme tue 72 000 Thaïlandais par an
- Agence consulaire de Hua Hin – Fumer en Thaïlande
- ACTA – La TAT Rappelle Les Lois Anti-Tabac En Thaïlande
- Génération sans tabac – La Thaïlande s’engage fortement dans l’application de l’interdiction des cigarettes électroniques
- OMS – Le tabagisme recule malgré les efforts déployés par l’industrie du tabac
- Thailande-fr – L’interdiction des cigarettes électroniques et du vapotage en Thaïlande
- Objectif Thaïlande – Fumer en Thaïlande, vapoter, que dit la loi ?
- World Vapers Alliance – Le vapotage en Thaïlande : tout ce que vous devez savoir
- CG972 – Vous planifiez un voyage en Thaïlande en 2024 ? Attention, les cigarettes électroniques sont toujours illégales!
- Toute la Thaïlande – Les cigarettes électroniques sont toujours illégales en Thaïlande en 2025
- Chiang Mai News – La cigarette électronique en Thaïlande : le gouvernement réaffirme l’interdiction de 2014
- Que faire en Thaïlande – Peut-on utiliser la cigarette électronique en Thaïlande en 2024 ?
- SPF Affaires étrangères Belgique – Législation locale en Thaïlande








