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La communication politique, une vie de chien

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Christophe Castaner, délégué général de la République En Marche, vient de se faire plein de nouveaux amis avec un tweet sur les fumeurs, suggérant de leur donner une croquette à chaque fois qu’ils ne jetteront pas un mégot par terre. Pas chien, je vais l’aider à propager son message.

Coucouche panier

C’est vrai que les mégots qui polluent la nature sont un véritable fléau. Tout est parti, en fait, d’un article sur France TV Info qui relatait l’idée originale mise en place par le Puy du Fou. Le parc d’attraction, en effet, met en place un dispositif écolo à base de corbeaux pour ramasser les mégots. Un mégot, une croquette, c’est le principe.

Une idée absolument géniale, que s’est empressé de tweeter Christophe Castaner, avec pour commentaire « Et si on essayait avec les fumeurs, un mégot pas jeté par terre, une croquette ».

Christophe Castaner a un parcours intéressant : après avoir été joueur de poker professionnel, il a passé son bac puis fait des études, un double cursus en droit des affaires et en criminologie. Il a été porte parole du candidat Emmanuel Macron pendant la présidentielle, puis porte parole du gouvernement Édouard Philippe jusqu’en 2017, avant d’être élu délégué général du parti de gouvernement, La République En Marche.

Bref, en voyant son CV, on se dit « ah, voilà un homme habitué grâce au poker à scruter les plus infinitésimales réactions de ses adversaires, en tant que spécialiste du droit des affaires, à mener des tractations courtoises mais sans concession, en tant que criminologue à négocier avec les désespérés prêts à tout, et grâce à son expérience politique, fin connaisseur des arcanes de la communication ». En un mot : un fin connaisseur de la nature humaine.

Ben non.

Ca c’est un bon toutou

Christophe Castaner, manifestement, c’est plutôt le genre de type qui va dire à votre nièce anorexique que sa robe la boudine un peu ou demander à un élève de conservatoire qui vient de faire douze heures de gamme sur son violon si il veut être Jul quand il sera grand. Il est comme ça, Christophe, pas le mauvais gars, au fond, c’est juste que, bon, il y a les gens qui réussissent comme lui et les gens qui ne sont rien.

Portrait d’un français récompensé par Christophe Castaner pour avoir arrêté de fumer.

On est bien d’accord : jeter son mégot par terre, c’est immonde. Déjà, c’est pas propre, ensuite, ça pollue, sans compter que c’est dangereux, pour les enfants qui peuvent les ramasser ou les chiens, qui peuvent se brûler les coussinets en marchant dessus. C’est irresponsable et égoïste. Le problème n’est pas là.

Ce que sous-entend Christophe Castaner, c’est que, bon, les gens qui sont assez idiots pour fumer, finalement, ne sont pas plus intelligents que le clébard moyen et qu’il faut les traiter comme tel. C’est certainement de l’humour, d’ailleurs, ce sera sans doute le moyen de défense utilisé.

Ce qu’il se passe dans la tête des gens, c’est une chose. Plaise à Dieu ou à quiconque de compétent qui se trouvera dans les parages qu’on ne puisse jamais atteindre un niveau de technologie qui permette d’attaquer les gens pour ce qu’ils ont pensé. Ou alors, conseillez-moi un bon avocat, j’en aurai besoin. Ce qu’ils disent, c’en est une autre. Et plus la fonction est élevé, plus c’est grave.

Parce que, dans l’esprit du public, fumeur ou non fumeur, Christophe Castaner, c’est la majorité. Donc, c’est le gouvernement en place. Comment voulez-vous que les fumeurs prennent au sérieux toute politique de prévention venant d’un gouvernement qui, selon eux, les considérerait comme des chiens qu’on dresse ?

Et c’est sans compter sur tous des fumeurs qui jettent leur mégots par terre, qui vont se remémorer des messages de prévention, songer un instant à l’écraser proprement et à le recycler, puis vont finalement le balancer quand même parce qu’ils n’auront pas envie que Castaner leur jette une croquette.

On aurait pu penser que, depuis le temps, Christophe Castaner aurait appris qu’on n’obtient rien en traitant les gens avec condescendance. Mais il faudra aussi lui expliquer qu’on en obtient souvent l’inverse en les traitant avec mépris. Et oui : la politique, c’est une vie de chien. 

Cet article d’opinion n’engage que le point de vue de son auteur et ne représente pas forcément l’avis de la rédaction.

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