Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) vient d’adopter son avis “Addictions au tabac et à l’alcool”, un rapport qui dresse un bilan des données collectées en 2018 et qui donne des préconisations pour les politiques futures. Il y parlent de la vape, et c’est là que le miracle survient.
Le CESE, un avis qui compte
Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) vient d’adopter son avis pour 2019 (consulter le rapport – PDF) concernant les addictions au tabac et à l’alcool. Ce n’est pas anodin : c’est une assemblée composée de représentants sociaux (patronat, syndicats, associations) qui est définie par la constitution, et qui a une fonction consultative, optionnelle ou obligatoire dans le cadre du processus législatif.
Plus clairement, on peut demander son avis, en option au CESE, sauf si on fait une loi, auquel cas demander cet avis devient obligatoire. Cependant, tenir compte de cet avis ne l’est pas, mais le corpus législatif concerné est alors adopté contre l’avis, ce qui est rarement de bon augure.
En d’autres termes, c’est la troisième institution la plus importante de la République française.
L’assemblée permet la représentation au niveau national des organisations professionnelles et la communication entre les différents acteurs de l’économie. C’est un avis qui compte, donc, puisque ce sont ceux qui font l’économie au quotidien qui le formulent après avoir débattu et adopté un consensus.
Le CESE a donc rendu son avis sur les “Addictions au tabac et à l’alcool”, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il est positivement étonnant.
Dans ce rapport de 62 pages, très détaillé et argumenté, le CESE a voulu apporter un avis éclairé et responsable, basé sur le bon sens. Le rapport insiste également, à de nombreuses reprises, que les professionnels du tabac et de l’alcool doivent être exclus des processus de décision les concernant. En d’autres termes, les lobbys, par ici la sortie.
La vape adoubée par le CESE
Dans tout cela, on attendait la position du CESE sur la vape. Elle est donnée dans la préconisation numéro 15, que nous reproduisons in extenso :
“Positionner la cigarette électronique avec ou sans nicotine parmi les autres dispositifs de sevrage tabagique : l’intégrer dans le discours de prévention des addictions ; former les professionnels et professionnelles de la santé à l’accompagnement qu’elle implique (comme tout dispositif de réduction des risques) ; en exclure les industries du tabac.”
Et à ce moment-là, le Conseil économique, social et environnemental donne, en quatre lignes, un grand coup de pied dans la fourmilière, mais après en avoir évacué les fourmis… Parce que ce qui est préconisé dans ce point peut autant permettre de développer une politique de santé similaire à l’Angleterre, ce qui est, en filigrane, mais jamais vraiment explicitement dit, ce vers quoi tendrait le Conseil, mais peut aussi servir de prétexte pour médicaliser la vape. Ce dont l’industrie pharmaceutique, en embuscade, ne peut que se féliciter.
Il n’empêche : cet avis est une étape importante. Tout, dans ces 62 pages, ressemble à une volonté des acteurs de l’économie de siffler la fin de la récréation et d’adouber la vape comme moyen de sevrage tabagique. Le rapport offre un panorama complet de la situation, et même si il n’est pas explicite sur tous les points, comme la baisse du tabagisme, constatée mais pas ouvertement attribuée à la vape, il est très clair sur l’utilité de la vape et l’importance d’exclure les lobbys du tabac de son avenir.
Les pouvoirs publics auront, certes, le choix d’en tenir compte ou pas. Mais il leur sera impossible de faire comme si cet avis n’existait pas.