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Hondelatte Dimanche : La cigarette électronique sans danger ?

Mis à jour le 21/09/2022 à 19h12
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Légence icic

Nicolas Bourgeois-Legrain (co-fondateur de la société Alter Smoke) a eu du mal à citer quelques références dans l’émission “Hondelatte Dimanche”.

Cette semaine j’ai presque ressenti de la peine pour un vendeur de cigarette électronique. Nicolas Bourgeois-Legrain, qui n’a pourtant pas l’air d’être né de la dernière pluie, était l’un des invités de l’émission “Hondelatte Dimanche”, très intelligemment intitulée “La cigarette électronique sans danger ?“.

Avec un titre pareil, j’ai encore du mal à comprendre pourquoi ce vendeur avait accepté l’invitation. Un petit tour de table et le ton est très vite donné : le vendeur d’e-cigarettes est un opportuniste qui va se faire lyncher par la petite brochette de journalistes à la rhétorique bien aiguisée ou alors noyé dans des prises de paroles agressives. Le cocktail de la recette de l’audimat est bien dosé, le présentateur nargue tout le monde avec son ecig en recrachant la vapeur à chaque nouveau plan de caméra, devant les yeux agacés d’un haut représentant de l’instance médicale : le professeur Dautzenberg, figure très appréciée des vapoteurs.

Visionner la vidéo de l’émission sur Youtube – Hondelatte Dimanche (17/03/2013).

Ce qui m’intéresse ici ce n’est pas vraiment le débat sur l’incitation au tabagisme que Dautzenberg défend fermement avec sa petit enquête de quartier dont personne n’a jamais vraiment compris les chiffres, mais plutôt l’utilisation de l’arme scientifique au sens propre du terme. On dit partout qu’aucune étude existe sur la cigarette électronique, on ne sait rien, on ne sait même pas si l’ecig est moins nocive que la cigarette. Nocive peut être, à priori, sûrement pas, éventuellement, à vos risques et périls … Notre cher professeur nous dit même que pour une femme enceinte, la cigarette électronique est peut être “moins bien” que la cigarette. “Avec les substituts nicotiniques au moins, on sait ce qu’il se passe” avant d’ajouter plus tard que les vapoteurs de plus de trois ou six mois sont rares.

Un vapoteur de plus de six mois n’est pas rare et j’imagine parfaitement une femme enceinte dans un labo, à sniffer de la nicotine pharmaceutique. Passons.

Les gens comme le professeur Dautzenberg qui défendent les substituts nicotiniques ont raison. On peut d’ailleurs lire sur le très populaire site internet stop-tabac.ch, qu’il n’ y a pas d’effet secondaire sérieux dû à l’usage à long terme des gommes à la nicotine. On nous dit également que le plus important, c’est de “maintenir l’arrêt du tabac” et que “le risque de devenir dépendant du spray nasal de nicotine est faible“. Pour quatorze millions de fumeurs en France, c’est une aubaine.

Quand il s’agit de faire de l’argent, les proportions sont bien gardées

Il est très curieux de constater que pour les méthodes de sevrage tabagique “officielles”, les nitrosamines contenues dans la plupart des substituts nicotiniques ne posent aucun problème. La réalité c’est que la nicotine utilisée dans ces substituts est toujours extraite de la plante de tabac et se retrouve donc naturellement polluée par les TSNA (Tobacco-specific N-nitrosamines), des substances qui sont considérées comme étant les plus cancérigènes dans la fumée de cigarette.

Quand il s’agit d’écarter le fumeur du tabac avec l’aide de ces produits, plus ou moins nocifs, tout va bien. Il est frappant de constater que la notion de “réduction des risques pour le fumeur” soit en fait très bien ancrée dans les mentalités. C’est sûr, on ne va pas chipoter pour des traces de quelques composés cancérigènes trouvés dans les patchs, les gommes ou les inhalateurs de nicotine [1, 2], en comparaison à la bonne soixantaine bien tassée qui est contenue dans la fumée de cigarette. On ne va pas dire aux mâcheurs de gommes à la nicotine de stopper tout de suite leur petites habitudes ruminatoires, pour repartir dans une consommation de cigarette. Ce serait de la folie.

Un bon tabacologue vous le dira, l’important c’est d’arrêter de fumer, entre utiliser des produits reconnus comme peu nocifs pour la santé ou fumer des cigarettes, les proportions sont très claires : il faut choisir les substituts et tant pis si vous les utilisez toute votre vie. Que les gommes à mâcher soient en vente libre dans les pharmacies et accessibles aux mineurs, que les pastilles à la nicotine que l’on suce soient au goût menthe, ça n’a pas trop d’importance. L’essentiel c’est d’arrêter de fumer.

Si avec la cigarette électronique, dont le profil toxicologique est faible et qui contient très peu ou pas du tout [3] de nitrosamines, vous avez arrêté de fumer, alors bravo. Vous êtes en train d’améliorer votre espérance de vie, et je pense que c’est bien là l’essentiel.

La première cause de mortalité évitable ne semble pas trop presser les décisionnaires pour tenter de l’endiguer. Quand on pense que la cigarette électronique est en soi une méthode de sevrage tabagique entièrement auto-financée, dont les taux d’adoption dans la population de fumeurs vont même jusqu’à faire écrire des articles à la rédaction de Télé 7 jours … il y aurait bien de quoi sauter au plafond.

Nous, ex-fumeurs sur deux, qui étions censés mourir de la cigarette, n’avons pas le temps d’attendre. Les preuves de terrain et l’information qui circule sur internet, nous ont poussé à faire un choix qui nous parait plus sain. Sommes-nous des centaines de milliers à être devenus fous ?

Petit message aux vendeurs de cigarettes électroniques qui passent à la télé

Déjà je suis très content de les voir, surtout quand ce sont de nouvelles têtes, et je les félicite car je me doute que cela ne doit pas être facile de participer à des émissions de télé ou à des reportages qui vont de toute manière être compressés pour en extraire qu’un jus à polémique.

J’aimerai néanmoins passer un message car malheureusement on voit très souvent des vendeurs qui :

  • ne corrigent pas le qualificatif “fabricant” quand ils ne sont que des vendeurs
  • mettent en opposition 4000 produits chimiques contre de la simple vapeur d’eau
  • qui ne connaissent pas les études sur le bout des doigts
  • enfin qui n’incluent pas dans leur vocabulaire certains mots clef essentiels, à savoir :
    • nitrosamines spécifiques au tabac (TSNA)
    • acroléine, formaldéhyde, métaux lourds
    • composés organiques volatils (VOC), particules fines
    • protocoles expérimentaux (machines à fumer, spectrographie de masse, matériel)
    • lobbys financiers
    • grandes organisations de la santé (FDA, OMS, UE – ENVI, etc.)
    • les grandes lignes de l’histoire de la cigarette électronique (Ruyan, affaire NJOY/FDA, campagnes des groupes anti-tabac, Clearstream et j’en passe)

Je pense qu’il faut connaitre votre produit par coeur, c’est à vous de nous informer et de représenter les autres vapoteurs de France dans les médias. Vous êtes en première ligne.

Le CACE est un moyen, pour vous professionnels, de vous organiser et d’être crédible. Je me doute que certains vendeurs voient dans un groupement comme celui-ci de la concurrence, mais c’est faux, ce sont vos confrères. Quand les mesures de régulation vont être mises en place, la force d’un groupement commercial et industriel peut faire toute la différence. Médiatiquement aussi, vous avez le soutien logistique, intellectuel et financier de toute une équipe derrière, sans parler des opportunités de financement pour des études.

J’invite vraiment tous les vendeurs de cigarettes électroniques en France à adhérer au CACE, et si Mickael Hammoudi ne répond pas à vos emails (hein Mickael), harcelez-le, insistez.

Bonne vapote à toutes et à tous.

Références

[1] Stepanov I, Jensen J, Hatsukami D, Hecht SS. Tobacco-specific nitrosamines in new tobacco products. Nicotine and Tobacco Research 2006; 8:309-313. http://www.starscientific.com/404/stepanov%20tsna%20in.pdf

[2] The migration of tobacco-specific nitrosamines into the saliva of chewers of nicotine-containing chewing gum.
Osterdahl BG. – Swedish National Food Administration, Uppsala.
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/2272559?ordinalpos=14&itool=EntrezSystem2.PEntrez.Pubmed.Pubmed_ResultsPanel.Pubmed_DefaultReportPanel.Pubmed_RVDocSum

[3] No Tobacco-Specific Nitrosamines or Diethylene Glycol Detected in inLife Electronic Cigarettes – http://tobaccoanalysis.blogspot.fr/2010/01/no-tobacco-specific-nitrosamines-or.html