La dépendance est un domaine complexe par lequel tous les fumeurs et vapoteurs sont concernés. Mais la cigarette électronique sans nicotine permet-elle de ne pas devenir accro ?

La cigarette électronique sans nicotine rend-elle dépendant ?

L’utilisation d’une cigarette électronique sans nicotine réduit les risques de devenir accro. Ces risques ne disparaissent toutefois pas complètement puisqu’un type de « dépendance au geste » pourrait se développer. A noter que pour certains tabacologues tels que Jacques Le Houezec, cette dépendance au geste n’existe pas. Il explique ainsi à notre rédaction : « je ne crois pas à la dépendance au geste, pour qu’il y ait dépendance il faut un renforcement pharmacologique. Pour moi il n’y a aucune raison de devenir dépendant du vapotage sans nicotine. Y prendre du plaisir, pourquoi pas ? Mais en devenir dépendant certainement pas ».

La nicotine utilisée dans les e-liquides provient de la plante de tabac. Mais tous n’en contiennent pas.

Qu’est-ce que la dépendance ?

Tout le monde sait que fumer « rend accro »1. Pourtant, le phénomène de dépendance2 est un sujet compliqué qu’il convient d’éclaircir pour obtenir de premiers éléments de réponse à la question de savoir si la cigarette électronique sans nicotine rend accro.

Dans le cadre du tabagisme, la dépendance se traduit par le besoin de fumer pour se sentir bien. Plus généralement, la dépendance est le phénomène d’avoir besoin de consommer une substance ou d’effectuer une action pour ressentir du plaisir. Il existe deux types de dépendance.

La dépendance physique

La dépendance physique3 apparaît lorsque l’ensemble du corps s’est habitué à effectuer une action ou consommer une substance au point d’en avoir besoin pour fonctionner correctement. Lorsque l’action n’est pas réalisée ou la substance non consommée, des symptômes physiques apparaissent. Selon le type de dépendance, ces symptômes peuvent varier et prendre différentes formes comme des tremblements, des maux de tête, une transpiration excessive, etc.

La dépendance psychologique

La dépendance psychologique3 est différente puisque ses effets sont concentrés sur le cerveau. Elle est liée aux effets procurés par la consommation de la substance addictive. Dans le cadre du tabagisme, elle peut par exemple être le soulagement ressenti lors de la consommation d’une cigarette, la diminution du stress qui suit, etc. La dépendance psychologique est généralement plus durable dans le temps que la dépendance physique.

Nicotine et dépendance

La nicotine n’est pas seule responsable de la dépendance au tabagisme.

La nicotine est une substance addictive4. Elle induit donc une dépendance, principalement psychologique. Toutefois, la dépendance à la nicotine est complexe puisque de nombreux facteurs en modifient la force. Ainsi, la quantité de nicotine et son mode d’administration modifient la puissance de la dépendance à cette substance. Certaines études ont par exemple conclu que la nicotine absorbée dans le cadre du vapotage rendrait moins dépendante que dans le cadre du tabagisme5, 6.

De plus, la dépendance au tabagisme n’est pas uniquement liée à la présence de nicotine dans les cigarettes. Lorsqu’il fume, le fumeur s’habitue certes à la nicotine, mais il s’habitue également à différentes situations de tabagisme. Il assimile par exemple le fait de fumer comme un moment de plaisir et ritualise rapidement cet instant. La cigarette qui accompagne le café après un repas, la cigarette pendant une pause au travail, la cigarette du matin, etc. Autant de petites habitudes qui renforcent la dépendance au tabagisme.

La nicotine n’est donc pas la seule responsable de la dépendance au tabagisme. Preuve en est, personne n’est jamais devenu accro aux patchs de nicotine.

 

Pour en apprendre plus sur la nicotine, nous vous recommandons la lecture de notre guide destiné à tout savoir sur cette substance.

 

La cigarette électronique, un outil pour arrêter de fumer

De nombreuses études ont démontré que la cigarette électronique est l’outil de sevrage tabagique le plus efficace du marché.

La cigarette électronique n’a qu’une seule et unique raison d’être : celle de remplacer le tabagisme. Le vapotage est une activité qui doit être réservée aux fumeurs, et aux fumeurs uniquement.

Les raisons qui peuvent pousser un fumeur à utiliser une cigarette électronique sont diverses : faire des économies, arrêter de fumer, diminuer le nombre de cigarettes consommées chaque jour, réduire les risques pour sa santé, ne plus déranger son entourage avec la fumée secondaire dont découle le tabagisme passif, etc.

Quelle que soit la raison qui pousse un fumeur à se diriger vers le vaping, elle n’a toujours qu’un seul objectif, celui de diminuer le tabagisme, ou mieux, de l’arrêter complètement. L’e-cigarette se place ainsi comme un outil de sevrage tabagique. Et pour mettre toutes les chances de son côté pour réussir à arrêter de fumer, la nicotine joue un rôle primordial.

Comme nous l’avons expliqué ci-dessus, la nicotine joue un rôle prépondérant dans la dépendance au tabagisme. S’il est aussi difficile d’arrêter de fumer, c’est notamment à cause de cette dépendance à la nicotine. Priver son corps de nicotine du jour au lendemain est très compliqué. C’est pour cette raison que les fumeurs qui tentent d’arrêter de fumer sans soutien comportemental et sans apport en nicotine échouent le plus souvent.

 
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L’avantage de la cigarette électronique

Les substituts nicotiniques traditionnels, comme les patchs, les chewing-gums, les sprays oraux ou nasaux, etc, contiennent de la nicotine. Lorsque le tabagisme est remplacé par l’un de ces médicaments, le corps continue ainsi de recevoir une certaine quantité de nicotine, que l’on diminue avec le temps jusqu’à réussir à complètement les arrêter. C’est la présence de nicotine dans ces produits qui augmente les chances d’arrêter de fumer puisque le corps ne se retrouve pas privé de la molécule addictive d’un seul coup.

Ces substituts ne sont pourtant pas magiques. Nous connaissons tous des fumeurs qui ont tenté d’arrêter de fumer avec des patchs, et qui n’ont pas réussi. L’une des raisons qui expliquent cet échec est directement liée aux habitudes et rituels qui entourent le tabagisme, dont nous parlions précédemment. Certes, un patch apporte une quantité de nicotine au cerveau, mais il ne permet pas de remplacer le plaisir procuré par la cigarette qui accompagne le café du matin par exemple. Et trop souvent, « les gens n’utilisent pas de doses suffisantes ou ne les utilisent pas pendant suffisamment longtemps », précise Jacques Le Houezec.

C’est là tout l’avantage de la cigarette électronique par rapport aux autres substituts nicotiniques. En permettant au fumeur de continuer de porter un objet à sa bouche, d’expirer de la vapeur, de participer aux « pauses clopes » durant la journée, le vapotage comble non seulement le besoin en nicotine, mais il permet également de poursuivre tous ces moments de plaisir. L’une des raisons pour lesquelles de nombreuses études 7, 8, 9 ont conclu que la cigarette électronique est plus efficace pour arrêter de fumer que les parcours de soin habituels, les patchs et autres substituts nicotiniques traditionnels.

 

Découvrez les nombreux avantages de la cigarette électronique par rapport aux autres substituts nicotiniques.

 

La nicotine ne représente pas de danger majeur pour la santé

La nicotine n’est pas responsable des maladies liées au tabagisme.

Comme l’a expliqué le Professeur et pionnier de la tabacologie, Michael Russell, en 1975, « les gens fument pour la nicotine, mais meurent du goudron ».

Si la nicotine est en grande partie responsable de la dépendance au tabagisme, ce n’est pas elle qui en provoque les maladies. Les nombreuses pathologies liées au fait de fumer10, 11, 12, 13 proviennent de la combustion et des milliers de substances nocives contenues dans la fumée de cigarette, dont plusieurs sont reconnues comme cancérigènes. Aux doses administrées dans le cadre du vapotage ou du tabagisme, la nicotine seule n’a que de faibles effets sur le corps. Parmi les effets aigus, l’augmentation du rythme cardiaque et de la pression artérielle, le rétrécissement des vaisseaux sanguins, et le relâchement des muscles. Mais chez un fumeur, l’habitude de la consommation de nicotine fait qu’il possède une importante tolérance à ces effets, qui n’ont que peu d’incidence au long court. Finalement, les effets de la nicotine sur le corps sont assez similaires à ceux de la caféine. Comme l’indiquait Neal L. Benowitz, médecin et professeur spécialisé dans la pharmacologie de la nicotine, au sein de son ouvrage Nicotine safety and toxicity14, « la principale toxicité de la nicotine est le maintien dans l’addiction au tabagisme, qui résulte dans des millions de décès prématurés chaque année ».

Vapoter sans nicotine, un non-sens dans la plupart des cas

La nicotine joue un rôle clé dans la réussite du sevrage tabagique.

Maintenant que nous savons que la nicotine n’a que peu d’effets néfastes sur le corps et qu’elle joue un rôle important dans la réussite du sevrage tabagique, il est aisé de comprendre que vapoter sans nicotine n’a que peu d’intérêt.

Dans une démarche de sevrage tabagique, la nicotine fait partie des éléments les plus importants pour réussir à arrêter de fumer. Remplacer le tabagisme par du vapotage sans nicotine n’aura que de très faibles chances d’aboutir. Le corps sera privé de nicotine du jour au lendemain, rendant le sevrage tabagique très compliqué.

En revanche, un vapoteur ayant réussi à arrêter de fumer définitivement, et depuis longtemps, peut souhaiter réduire la quantité de nicotine contenue dans ses e-liquides, voire l’arrêter de complètement. De cette manière, il se débarrassera de la dépendance qu’elle induit, sans pour autant abandonner les moments de plaisir qui accompagnent sa consommation. La cigarette électronique avec le café du matin, les quelques bouffées en pause au travail, etc.

Cette diminution du taux de nicotine doit être très progressive et étalée dans le temps. Rappelez-vous, la nicotine n’est pas responsable des méfaits du tabagisme. En remplaçant le tabagisme par le vapotage, vous éliminez déjà une très grande partie des dangers pour votre santé. Réduire ou abandonner la nicotine trop vite aura de grandes chances de vous faire replonger dans le tabagisme, et dans tous les dangers pour la santé que cette activité comporte.

Alors, vapoter sans nicotine rend-il accro ?

Finalement, la réponse à la question initiale ne peut être que… ça dépend.

En vapotant sans nicotine, vous éliminez la substance addictive de l’équation, ce qui devrait donc éliminer le risque de devenir « accro ». Mais nous l’avons vu, la dépendance au tabagisme n’est pas uniquement le fruit de la nicotine. Elle est aussi due au plaisir de passer un moment de détente entre amis, entre collègues, en se réveillant, etc.

Des moments de détente qui possèdent, eux aussi, un certain pouvoir « addictif ». Vapoter sans nicotine pourrait ainsi rendre « accro » à ces petits rituels du quotidien dont il pourrait être difficile de se défaire.

Ce qu’il faut retenir
  • La nicotine ne représente qu’un faible danger pour la santé aux doses administrées lors du vapotage
  • Consommer de la nicotine augmente les chances de réussir à arrêter de fumer
  • La dépendance au tabagisme ou au vapotage n’est pas uniquement provoquée par la nicotine
  • Vapoter sans nicotine ne doit être envisagé qu’à la suite d’un sevrage tabagique réussi depuis une longue période
  • Vapoter sans nicotine n’écarte pas tout risque de dépendance

Sources et références

1 Benowitz NL. Cigarette smoking and nicotine addiction. The Medical Clinics of North America. 1992 Mar;76(2):415-437. DOI: 10.1016/s0025-7125(16)30360-1. PMID: 1548969.

2 Koob, G., Volkow, N. Neurocircuitry of Addiction. Neuropsychopharmacol 35, 217–238 (2010). https://doi.org/10.1038/npp.2009.110

3 Nestler EJ (1992). Molecular mechanisms of drug addiction. J Neurosci 12: 2439–2450.

4 Benowitz NL: Nicotine addiction. N Engl J Med. 2010, 362:2295-303. 10.1056/NEJMra0809890

5 Etter JF, Eissenberg – Dependence levels in users of electronic cigarettes, nicotine gums and tobacco cigarettes – Drug Alcohol Depend. 2015 Feb 1;147:68-75. doi: 10.1016/j.drugalcdep.2014.12.007. Epub 2014 Dec 18.

6 Farsalinos KE, Romagna G, Tsiapras D, Kyrzopoulos S, Voudris V. Evaluating nicotine levels selection and patterns of electronic cigarette use in a group of “vapers” who had achieved complete substitution of smoking. Subst Abuse. 2013 Sep 3;7:139-46. doi: 10.4137/SART.S12756. PMID: 24049448; PMCID: PMC3772898.

7 Lindson N, Theodoulou A, Ordóñez-Mena JM, Fanshawe TR, Sutton AJ, Livingstone-Banks J, Hajizadeh A, Zhu S, Aveyard P, Freeman SC, Agrawal S, Hartmann-Boyce J. Pharmacological and electronic cigarette interventions for smoking cessation in adults: component network meta‐analyses. Cochrane Database of Systematic Reviews 2023, Issue 9. Art. No.: CD015226. DOI: 10.1002/14651858.CD015226.pub2.

8 Hartmann-Boyce J, McRobbie H, Lindson N, Bullen C, Begh R, Theodoulou A, Notley C, Rigotti NA, Turner T, Butler AR, Hajek P. Electronic cigarettes for smoking cessation. Cochrane Database of Systematic Reviews 2020, Issue 10. Art. No.: CD010216. DOI: 10.1002/14651858.CD010216.pub4.

9 Auer R, Schoeni A, Humair J-P, et al. Electronic nicotine-delivery systems for smoking cessation. N Engl J Med 2024;390:601-610. DOI: 10.1056/NEJMoa2308815.

10 Charles B. Sherman, Health Effects of Cigarette Smoking, Clinics in Chest Medicine, Volume 12, Issue 4, 1991, Pages 643-658, ISSN 0272-5231, https://doi.org/10.1016/S0272-5231(21)00814-5.

11 Das, S.K. Harmful health effects of cigarette smoking. Mol Cell Biochem 253, 159–165 (2003). https://doi.org/10.1023/A:1026024829294.

12 Health effects of cigarette smoking, Yair Skurnik, MD, Yehuda Shoenfeld, MD, https://doi.org/10.1016/S0738-081X(98)00037-6.

13 Office of the Surgeon General (US); Office on Smoking and Health (US). The Health Consequences of Smoking: A Report of the Surgeon General. Atlanta (GA): Centers for Disease Control and Prevention (US); 2004. PMID: 20669512.

14 Benowitz, N. L. (Ed.). (1998). Nicotine safety and toxicity. Oxford University Press, USA.

Les questions fréquemment posées

Vapoter sans nicotine provoque-t-il une dépendance ?

L’utilisation d’une cigarette électronique sans nicotine réduit les risques de dépendance. Ces risques ne disparaissent toutefois pas complètement puisqu’un type de « dépendance au geste » pourrait se développer. À noter que pour certains tabacologues tels que Jacques Le Houezec, cette dépendance au geste n’existe pas. Il explique ainsi à notre rédaction : « je ne crois pas à la dépendance au geste, pour qu’il y ait dépendance, il faut un renforcement pharmacologique. Pour moi il n’y a aucune raison de devenir dépendant du vapotage sans nicotine. Y prendre du plaisir, pourquoi pas ? Mais en devenir dépendant certainement pas ».

Peut-on arrêter de fumer sans nicotine ?

Il est tout à fait possible d’arrêter de fumer sans nicotine. Ce type de sevrage, appelé cold turkey, n’est toutefois pas recommandé puisque ses chances de succès sont extrêmement faibles. À l’heure actuelle, d’après les données disponibles et les nombreuses études réalisées, la cigarette électronique avec nicotine est l’outil de sevrage tabagique le plus efficace du marché.

La nicotine est-elle dangereuse pour la santé ?

Aux doses administrées dans le cadre du vapotage ou du tabagisme, la nicotine n’a qu’une incidence mineure sur le corps. Ses effets sont alors comparables à ceux de la caféine. La nicotine provoque ainsi une augmentation du rythme cardiaque et de la pression artérielle, ainsi qu’un relâchement temporaire des muscles. La nicotine n’est aucunement responsable des maladies liées au tabagisme.

Quand diminuer la nicotine dans une cigarette électronique ?

Il est possible de diminuer le taux de nicotine consommé par le biais d’une cigarette électronique progressivement. Le succès du sevrage tabagique, et le fait de réussir à ne pas y retourner, dépend beaucoup de la quantité de nicotine absorbée. De ce fait, vouloir réduire son taux de nicotine trop rapidement est le meilleur moyen de recommencer à fumer. Cette réduction est ainsi envisageable lorsque l’ex-fumeur s’y sent prêt, mais cette décision ne doit pas être précipitée.

Comment diminuer la nicotine dans une cigarette électronique ?

La réduction du taux de nicotine doit être très progressive. Il est conseillé de réduire la nicotine consommée après avoir arrêté de fumer depuis plusieurs mois, voire plusieurs années. Commencez par réduire ce taux de seulement un ou deux mg/ml, puis poursuivez la baisse jusqu’à atteindre le niveau qui vous intéresse. Rappelez-vous que le sevrage tabagique n’est pas une course. La transition vers une vie sans nicotine peut prendre plusieurs années.

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