Et si, pour éviter une mainmise de Big Tobacco sur la vape, il suffisait de reconnaître et protéger les dispositifs dits “ouverts” ?

Derrière la bataille politique qui se joue autour des systèmes de vapotage se trouve une problématique majeure, celle de la connaissance et la reconnaissance des différentes catégories de produits. On a pu le constater tout au long de l’avancée du projet de loi sur l’interdiction des puffs : le personnel politique a eu du mal à y voir clair et les différents amendements soumis ont cherché à jouer sur les détails techniques et les définitions pour influer sur le texte final. Il faut dire qu’en portant naïvement leur attention sur les formats jetables, nos décideurs ont découvert bien malgré eux toute la complexité du reste de nos produits, surtout quand ceux-ci représentent l’essentiel du marché. Et c’est dans cette différenciation que se loge l’enjeu vital de notre filière.

La vape dite “indépendante” se distingue radicalement de l’approche de l’industrie du tabac de trois manières. Tout d’abord, il y a la notion de distribution spécialisée, qui poursuit l’unique objectif d’accompagner ses clients fumeurs vers une vie sans combustion puis sans dépendance à la nicotine. Ensuite vient la richesse de l’offre. Entre le matériel et les saveurs, les combinaisons sont infinies. Enfin vient l’importance du conseil. Pour aider les fumeurs.es à y voir clair, un échange avec un expert est nécessaire… justement parce que les produits sont nombreux et divers.

Cette offre variée repose sur un écosystème ouvert qui incarne la liberté et l’accompagnement. Il est ce pour quoi les boutiques spécialisées existent et la raison d’être des fabricants d’e-liquide. Il a prouvé son efficacité dans l’arrêt du tabac en offrant une alternative indépendante des circuits traditionnels. Depuis une décennie, ces dispositifs, principalement portés par des PME et des détaillants spécialisés, constituent le cœur de la filière de la vape en France.

En parallèle, les dispositifs dits “fermés”, avec leurs cartouches scellées et leur contrôle total de la chaîne de valeur, sont devenus des armes de prédilection pour l’industrie du tabac qui entend se servir de la vape pour donner une raison d’être à ses actions de lobbying. N’oublions pas que la vape, et en particulier les systèmes ouverts, lui causent du tort depuis plus de 10 ans en lui faisant perdre 4 millions de fumeurs, donc beaucoup d’argent. Avec un pod prérempli, pas besoin de liquide français et pas de discussions. Le produit est “autoportant” et peut être proposé en libre-service que ce soit dans une station-service ou une épicerie de nuit. Pas besoin de conseil, pas besoin d’expertise et pas d’accompagnement. Par contre, pour l’arrêt du tabac, on repassera : aucune garantie, le fumeur est livré à lui-même. Au mieux, il deviendra vapofumeur chronique, restant fidèle à Big Tobacco.

Les récentes discussions sur l’interdiction des arômes ou l’extension du paquet neutre aux produits du vapotage montrent clairement comment Big Tobacco cherche à influencer le cadre législatif à son avantage. En présentant les systèmes fermés comme des produits “plus sûrs”, ces firmes déguisent une offensive économique en initiative de santé publique. Derrière ces manœuvres se cache une réalité bien plus prosaïque : freiner l’essor d’une filière indépendante et s’assurer que la vape ne deviendra pas l’alternative efficace et populaire qu’elle doit être​. Les ambitions de Big Tobacco derrière la promotion des systèmes fermés sont claires : capter le marché et verrouiller le consommateur dans un modèle captif.

En poussant ces produits, ces multinationales cherchent avant tout à créer un écosystème de produits standardisés, peu diversifiés et limitant au maximum les marges de manœuvre des utilisateurs. Rien de surprenant à ce qu’elles poussent par ailleurs à l’adoption de réglementations restreignant les arômes au prétexte de nouvelles normes de sécurité. Ces restrictions, loin de viser la sécurité des utilisateurs, s’alignent sur une stratégie simple : rendre plus difficiles les conditions de commercialisation des systèmes ouverts et donc l’opportunité d’apporter le conseil, essentiel pour arrêter de fumer.

Un marché français dominé par l’indépendance : un modèle à défendre

La France, où 85 % des produits du vapotage proviennent de fabricants indépendants, doit s’opposer fermement à cette tentative de captation. N’entendez pas que la filière doit se mobiliser pour demander l’interdiction des cartouches préremplies. Ces dernières peuvent être utiles, notamment auprès des publics âgés ou moins technophiles. Non, il faudrait juste rendre obligatoire un petit détail de conception en les rendant “re-remplissables”. Cet aménagement technique, en plus d’être mieux-disant écologiquement, sacraliserait les modèles ouverts et protégerait la filière vape de l’influence toxique de l’industrie du tabac.

Depuis des années, la filière française, portée par des entreprises locales et une expertise unique, s’impose comme le principal acteur de la réduction des risques tabagiques. Nos produits, variés et pensés pour accompagner les fumeurs dans leur démarche, ne sont pas des gadgets marketing au service de la stratégie d’affaires publiques d’industries dites “sensibles”. Il est impératif de défendre la diversité des arômes, la liberté de choisir son matériel et l’accès à des produits qui appellent des conseils appropriés pour aider les fumeurs à se libérer du tabac.

La défense des systèmes ouverts est un enjeu stratégique : c’est là que se joue l’avenir de la lutte contre le tabagisme en France. En soutenant ces dispositifs, l’État doit protéger une filière qui a su faire ses preuves et qui est reconnue comme un acteur de santé publique à part entière​. Ne pas le faire, ce serait confier le destin du vapotage au lobby du tabac.

Jean Moiroud, président de la Fivape

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