Le sujet peut faire l’objet de débats. Quand on est un professionnel du vaporisateur faut-il oui ou non s’ouvrir au réseau des buralistes pour développer son activité ? Un fabricant de Mods a répondu aux questions du magazine “Revue des tabacs”.
Les buralistes : Un large réseau de distribution
Alors que le réseau des boutiques spécialisées compte aujourd’hui 2 828 enseignes, la logique économique voudrait que les 26 897 bureaux de tabac recensés en 2012 permettent d’élargir sa clientèle de manière considérable. Une autre reflexion que l’on retrouve en revanche chez certains professionnels voudrait que l’on différencie physiquement et déontologiquement le vaporisateur des codes du tabac.
Les raisons principales de ce raisonnement tiennent d’une part dans la difficulté d’accompagnement dont pourrait souffrir le buraliste afin de trouver le temps d’expliquer à ses clients le fonctionnement du dispositif, et leur permettre ainsi d’en tirer le meilleur parti. D’autre part l’assimilation au tabac dont souffre depuis plusieurs années le vaporisateur justifie pour certains professionnels de l’e-cigarette une séparation claire et une frontière symbolique infranchissable.
Enfin si le souhait du monopole exprimé par certains buralistes a sans doute contribué à créer une certaine tension entre les deux professions, tous ne sont pas si catégoriques. C’est semble-t-il le cas de Yannick Maillou, président du Collectif des Modeurs Français (CMF) et l’artisan derrière la marque Mod in France, qui a répondu ce mois-ci aux questions de la Revue des Tabacs dont voici un extrait :
[A propos des Mods] “Les consommateurs passionnés, dans l’esprit de la pipe, l’apprécient : c’est d’ailleurs un peu notre culture. Bien sûr, Mod in France utilise les liquides disponibles sur le marché et les accessoires d’accompagnement sont compatibles […]”
“Mod in France propose des produits français de qualité, qui ont généré de la création d’emploi dans l’Hexagone. Plus chers que les e-cigarettes chinoises, mais fiables et anti-panne, ils sont dédiés à un clientèle de spécialistes avertis. Leur référencement s’adresse aux buralistes en recherche de différenciation, qui veulent s’investir sur ce segment, générateur de profits. Les marges dégagées sont attractives et oscillent entre 1,5 et 1,7 selon les quantités, sur des produits vendus autour de 150 euros en moyenne. Mod in France représente une autre façon de vendre, qui, si elle doit prendre un peu de temps, apporte des résultats financiers et promet une clientèle à fidéliser qui recherche le haut de gamme, comme le font les civettes avec leurs caves à cigares”.
Élargir la distribution, former les vendeurs et démocratiser le produit
Diversif ? Contacté par notre rédaction Yannick Maillou se dit en effet ouvert à une distribution élargie et pense que la démocratisation de l’e-cigarette peut aussi passer par la distribution via le réseau des buralistes. Il souhaite simplement que ces derniers soient formés à la commercialisation de ces produits, point important que la Revue des Tabacs semble avoir écarté dans le recueil de ses propos. Quant au monopole souhaité par certains professionnels de ce secteur, Yannick ne défend ni les uns ni les autres. “Comment pourrais-je être contre le monopole des buralistes si je ne suis pas également contre le monople des boutiques spécialisées, mon raisonnement ne tiendrait pas” nous confie-t-il.
Ce Picto-Charentais regrette que les boutiques spécialisées restent un peu trop frileuses à l’idée de distribuer des Mods. Une réticence souvent justifiée par des marges jugées trop faibles par les professionnels quand elles sont comparées avec celles réalisées actuellement sur les e-liquides. Selon Yannick Maillou un élargissement aux buralistes permettrait au secteur artisanal de se faire connaitre un peu plus, même si à l’heure actuelle, aucun buraliste français n’aurait encore passé commande auprès de sa société Mod in France.
Pour ce qui est de la distance physique entre un paquet de cigarettes et un Mod sur l’étalage d’un buraliste, cela pourrait donner selon lui un moyen facilement accessible au fumeur pour entamer une approche vers la réduction des risques ou le sevrage.