La première étude d’ampleur menée auprès de personnes en sevrage d’alcool ou de drogues conclut que la cigarette électronique et les substituts nicotiniques montrent la même efficacité pour arrêter de fumer. Un résultat prometteur dans une population à très haut risque de rechute.

Un public très vulnérable face au tabac

Si les études sur l’efficacité du vaporisateur personnel pour arrêter de fumer1, 2 sont légion, il n’existait encore aucune grande recherche qui s’y intéressait chez les personnes ayant des conduites addictives. Entendez par là, une population que l’on baptisait autrefois, « toxicomane ». C’est désormais chose faite grâce à une équipe de chercheurs australiens qui a conduit des travaux à ce sujet entre les années 2020 et 2023, dont les résultats viennent d’être publiés3.

Cette étude a réuni un total de 363 participants et s’est déroulée dans cinq unités de sevrage hospitalier, réparties à travers quatre villes du pays. L’alcool constituait la principale substance problématique chez les participants (79 %), suivie par le cannabis, les tranquillisants, puis les méthamphétamines.

Signe de la fragilité particulière des participants, 85 % souffraient également de troubles mentaux, principalement d’anxiété, de dépression ou de troubles bipolaires, et 70 % d’entre eux dépendaient des aides gouvernementales pour vivre.

Cette étude est particulièrement intéressante, notamment, car chez les personnes ayant un trouble de l’usage de substances, on dénombre 84 % de fumeurs, soit près du triple de la population générale (31 %). De plus, après la sortie d’un service de sevrage, la très grande majorité des malades recommence à fumer dans les 24h. 

Déroulement de l’étude

L’objectif de cette étude était de comparer l’efficacité du vaporisateur personnel pour arrêter de fumer chez cette population, par rapport aux substituts nicotiniques traditionnels (patchs, gommes à mâcher, etc.). Deux groupes ont ainsi été créés.

Le groupe « vapoteur » s’est vu remettre une cigarette électronique (Innokin Endura T18-II), un e-liquide sans arôme contenant 12 mg/mL de nicotine, ainsi que des patchs de nicotine (21 mg) durant la première semaine, afin de faciliter la transition du tabagisme au vapotage.

Le groupe « substituts » a reçu des patchs de nicotine de 21 mg également, ainsi que des formes d’administration rapide au choix parmi des gommes à mâcher, des pastilles, des inhalateurs et des sprays buccaux. Le dosage de tous ces substituts diminuait progressivement sur douze semaines, suivant les recommandations standards d’utilisation.

Les deux groupes bénéficiaient également d’un accompagnement téléphonique renforcé via une ligne de soutien dédiée, avec un suivi personnalisé et intensif dès la période d’hospitalisation.

Seules limites à souligner pour cette étude : s’il était prévu de contrôler l’abstinence tabagique des participants à l’aide d’un test biologique, l’épidémie de COVID-19 l’a empêché. Les résultats se sont donc uniquement basés sur une auto-évaluation. De plus, le confinement a pu modifier les comportements des malades, de façon positive (moins d’expositions aux déclencheurs sociaux, par exemple), comme négative (stress accru dû à l’isolement). 

La vape aussi efficace que les substituts classiques

Les résultats de ce travail ont révélé une absence de différence significative entre les deux approches. L’abstinence tabagique, qui était évaluée sur sept mois lors d’une visite de contrôle à neuf mois, était de 11 % pour le groupe des vapoteurs, et de 10 % pour le groupe ayant reçu des substituts traditionnels. Si ces résultats peuvent paraître modestes, ils représentent en réalité un véritable succès dans cette population particulièrement vulnérable.

Sans parler du fait que l’une des grandes forces de la cigarette électronique pour arrêter de fumer est toute la personnalisation que le vapoteur peut faire. Variation du taux de nicotine, choix des arômes dans ses e-liquides, etc. Autant de paramètres qui, pour cette étude, étaient fixés. Nous pouvons donc supposer que la possibilité de personnaliser le matériel, comme c’est le cas dans la vie réelle, aurait permis d’obtenir des résultats encore meilleurs.

Cette étude montre que la cigarette électronique peut être une option aussi efficace que les traitements nicotiniques classiques pour accompagner l’arrêt du tabac dans cette population, et dans les conditions de cette étude.

En Australie, la cigarette électronique n’est disponible qu’en pharmacie. Une situation qui a conduit à une explosion locale du marché noir.

Des questions sur cette étude ?

Quelle est l’efficacité de la cigarette électronique comparée aux substituts nicotiniques pour arrêter de fumer chez les personnes ayant un trouble de l’usage de substances ?

L’étude a montré que la cigarette électronique et les substituts nicotiniques traditionnels ont des taux d’abstinence similaires, avec 11 % pour les vapoteurs et 10 % pour ceux utilisant des substituts. Soulignons toutefois que le groupe des vapoteurs n’avait pas la possibilité de choisir son taux de nicotine, et que l’e-liquide était sans saveur.

Quels étaient les principaux groupes de substances problématiques chez les participants de l’étude ?

La principale substance problématique était l’alcool (79 %), suivie par le cannabis, les tranquillisants, puis les méthamphétamines.

Pourquoi cette étude est-elle significative pour cette population particulière ?

Cette étude est significative car elle cible une population à haut risque de rechute, où 84 % des personnes sont fumeuses, soit près du triple de la population générale. Il est donc primordial d’étudier tous les mécanismes qui pourraient l’aider à arrêter de fumer.

Comment s’est déroulée l’étude sur l’efficacité de l’arrêt du tabac ?

L’étude a comparé deux groupes : un utilisant la cigarette électronique et l’autre des substituts traditionnels, avec un suivi de douze semaines et un accompagnement téléphonique renforcé.

Sources et références

1 P. Hajek, A. Phillips-Waller, D. Przulj, et al., A randomized trial of e-cigarettes versus nicotine-replacement therapy, N Engl J Med, 380 (7) (2019), pp. 629-637

2 Hartmann-Boyce J, McRobbie H, Lindson N, Bullen C, Begh R, Theodoulou A, Notley C, Rigotti NA, Turner T, Butler AR, Hajek P. Electronic cigarettes for smoking cessation. Cochrane Database of Systematic Reviews 2020, Issue 10. Art. No.: CD010216. DOI: 10.1002/14651858.CD010216.pub4.

3 Billie Bonevski, Jane Rich, Dan I Lubman, Catherine Segan, Amanda Baker, Ron Borland, Chris Oldmeadow, Coral Gartner, Natalie Walker, Adrian Dunlop, Mark Daglish, Christopher Bullen, Linda Bauld, David Jacka, Joshua B B Garfield, Rose McCrohan, Ashleigh Guillaumier, Victoria Manning, Nicotine e-cigarettes for smoking cessation following discharge from smoke-free inpatient alcohol and other drug withdrawal services: a pragmatic two-arm, single-blinded, parallel-group, randomised controlled trial, The Lancet Public Health, Volume 10, Issue 7, 2025, Pages e568-e577, ISSN 2468-2667, https://doi.org/10.1016/S2468-2667(25)00101-X.

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