Le Daily Mail, célèbre journal britannique, propage de fausses informations concernant les risques pour la santé posés par le snus.

Une étude, un article, deux conclusions

Un titre trompeur. De quoi alimenter la peur.

À plusieurs reprises, nous avons souligné dans différents articles, à quel point les médias peuvent jouer un rôle prépondérant dans la désinformation sur les produits à risque réduit. Qu’il s’agisse d’un article qui se contente de reprendre la dépêche d’une agence de presse au sujet d’une étude que le journaliste n’a pas pris la peine de lire, ou une simple incompréhension de celle-ci, les informations rapportées peuvent parfois se montrer bien différentes de celles communiquées par la source. Aujourd’hui, le Daily Mail, célèbre journal britannique, nous rappelle à quel point il faut se montrer prudent lorsque des journalistes s’attaquent à des sujets de santé.

 

Pour approfondir ce sujet :

 

L’objet de la critique d’aujourd’hui est un article du Daily Mail paru le 7 février. Son titre : EXCLUSIF : l’utilisation du snus ou du tabac à mâcher peut augmenter de 30 % le risque de diabète de type 2, selon une étude

Problème, non seulement l’étude (1) en question ne dit pas ça, mais ses conclusions indiquent même le contraire

Qu'est-ce que le <em>Daily Mail</em> ?

Le Daily Mail est un quotidien britannique fondé en 1896 par Alfred Harmsworth. Au départ, il était connu sous le nom de Daily Mail and Empire et s’adressait principalement à un public populaire en proposant des nouvelles sensationnelles, des histoires de criminels célèbres ou encore des articles sur les célébrités de l’époque. Au fil des ans, il a élargi son champ d’intérêt pour inclure des articles sur l’actualité politique, la mode, la santé et le bien-être, ainsi que sur les tendances sociales et les événements mondiaux.

Au fil des décennies, le Daily Mail est devenu un des journaux les plus lus du Royaume-Uni, avec une circulation quotidienne de plusieurs millions d’exemplaires. Cependant, il est également souvent critiqué pour son approche partisan et controversée de l’actualité, ainsi que pour la qualité de ses reportages et articles.

En 2018, le journal a été acheté par le milliardaire conservateur britannique, Jonathan Harmsworth, 4e Vicomte Rothermere. Depuis lors, le journal a continué à publier des articles controversés et à jouer un rôle actif dans les débats politiques du pays.

Ainsi, peut-on trouver dans l’article du Daily Mail, les phrases suivantes : 

« Les auteurs ont trouvé un risque de 29 % supplémentaires de développer un diabète de type 2 chez les utilisateurs de snus, comparé aux personnes qui n’ont jamais fumé ni utilisé de snus »

Pourtant, voici ce qui est écrit dans la recherche scientifique :

« Dans cette étude, aucune association entre la consommation de snus et le risque de DT2 [diabète de type 2] dans l’ensemble de la population étudiée, dans l’analyse ajustée pour l’âge, le sexe et le tabagisme ou dans un modèle ajusté pour d’autres facteurs de confusion, n’a été observée, ce qui est conforme aux résultats de plusieurs études transversales et cas-témoins »

Le journaliste se permet même de citer la docteur Olga Titova, auteure principale de l’étude, en écrivant : 

« La Dr Olga Titova, épidémiologiste à l’université d’Uppsala qui a dirigé les recherches, a suggéré que le snus augmentait le risque de diabète parce qu’il contient de la nicotine »

Tandis que la conclusion de la recherche explique : 

« Cette étude suggère que le tabagisme actuel et antérieur est associé à un risque accru de développer un DT2 chez les participants d’âge moyen et plus âgés. L’association entre l’utilisation de snus suédois et le risque de DT2 est moins évidente, ce qui suggère que des composés autres que la nicotine pourraient avoir un effet négatif plus important sur le développement du DT2 »

Que les journalistes d’aujourd’hui fassent un peu dans le sensationnalisme est compréhensible. La presse est un secteur très concurrentiel et pour être lu, il faut savoir se démarquer. Parfois, en utilisant simplement des titres plus accrocheurs que ce qu’ils devraient être. Mais rédiger un article qui modifie sciemment les résultats d’une recherche scientifique et présenter des conclusions qui sont l’exact opposé de ce qu’elle exprime, n’est-ce pas un peu trop ?

Cela étant, cet article renvoie également vers un autre qui indique que la cigarette électronique n’aide pas à arrêter de fumer, et que les autres substituts nicotiniques, cigarette électronique comprise, présentent des méfaits pour la santé. De quoi se questionner sur les compétences de l’auteur, pourtant désigné comme health reporter

Merci à Christopher Snowdon d’avoir repéré cette situation pour le moins déconcertante. 

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