Quelques mois après un premier projet pilote jugé concluant, la Nouvelle-Zélande franchit une nouvelle étape. Son organisme public de santé vient de lancer un appel d’offres national pour fournir des dispositifs de vapotage aux services d’aide à l’arrêt du tabac. Objectif affiché : étendre le programme à l’ensemble du pays dès janvier 2026.
Un appel d’offres inédit pour intégrer le vapotage dans les politiques publiques
Dans le document destiné aux professionnels auquel nous avons pu avoir accès, plusieurs phrases méritent d’être soulignées. Par exemple, Health New Zealand désigne cet appel d’offres comme « une opportunité de contribuer à l’objectif Smokefree 2025 de la Nouvelle-Zélande, en garantissant aux fumeurs un accès équitable à des alternatives moins nocives et réglementées. »
En janvier 2025, le pays lançait un projet pilote qui consistait à distribuer des kits de vapotage aux fumeurs qui le désiraient et se rendaient dans l’un des 24 centres d’aide à l’arrêt du tabac sélectionné. Dans le document joint à l’appel d’offres, il est indiqué que le nouvel achat souhaité par l’agence de santé publique « vise à assurer la continuité du service après la fin du projet pilote de vapotage et à soutenir le déploiement national du programme. » La Nouvelle-Zélande semble donc prête à intégrer la cigarette électronique dans son arsenal officiel de lutte contre le tabagisme.
« Ce partenariat soutiendra la santé publique tout en renforçant la crédibilité et la visibilité du fournisseur comme acteur de confiance du marché réglementé du vapotage à l’échelle nationale. », conclut-elle.
Soulignons également que, pour pouvoir répondre à cet appel d’offres, le fabricant devra répondre à plusieurs critères, dont celui d’être indépendant de l’industrie du tabac.
Une initiative parfois critiquée
Si cet appel d’offres représente une excellente opportunité pour l’industrie de la cigarette électronique, dont une méta-analyse Cochrane de 90 études a démontré qu’elle représentait actuellement l’un des moyens les plus efficaces pour arrêter de fumer, il ne fait pourtant pas l’unanimité.
Pour le docteur Buzz Burrell, président des médecins généralistes indépendants du pays, l’approche de Health New Zealand n’est pas la bonne. Il ironise : « Oh, mon Dieu, vous êtes accro à l’inhalation de nicotine. Laissez-moi vous aider en vous apprenant comment inhaler de la nicotine. » Il ajoute que le vapotage est « peut-être moins dangereux, mais c’est toujours dangereux. » Pour lui, « il existe des moyens plus intelligents d’arrêter de fumer. »
Du côté de la fondation pour l’asthme et les voies respiratoires, sa PDG abonde : « Je trouve très étrange que cela soit autant poussé avec très peu de preuves derrière », soulignant que les cigarettes électroniques « ne sont pas indiquées ni enregistrées comme outil de sevrage tabagique. »
Politiquement non plus, la mesure ne passe pas chez tout le monde. Ayesha Verrall, du parti travailliste, conteste quant à elle le langage utilisé dans l’appel d’offres. « C’est déplaisant de voir Health NZ proposer de blanchir la réputation d’une entreprise de vapotage en proposant de s’associer avec elle. », avant de rappeler que le gouvernement en place a abrogé des lois antitabac « qui auraient pu sauver des vies et faire économiser des milliards de dollars au système de santé. »
« Maintenant, il semble gérer Health NZ comme s’il s’agissait d’un vape shop », s’agace-t-elle. Une remarque qui n’est pas passée inaperçue puisque la phrase indiquant que le partenaire verra sa crédibilité et sa visibilité renforcées, a été modifiée.
Selon l’agence de santé publique néozélandaise, « le programme pilote actuel […] a permis à un peu plus de 1 400 personnes d’obtenir une validation de sevrage au monoxyde de carbone à quatre semaines, sur un total de 4 326 personnes validées entre janvier et juillet 2025. »
Des résultats jugés suffisamment encourageants pour justifier le passage à une phase nationale, avec la distribution prévue dès janvier 2026 dans l’ensemble des services d’aide à l’arrêt du tabac du pays.
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