Dire, c’est bien. Faire, c’est mieux. Un slogan qu’ont, semble-t-il, oublié les cigarettiers. Et tandis que la plupart se disent désormais préoccupés par la santé publique, leurs actions semblent démontrer tout le contraire.
De beaux discours en Europe
Une partie du problème venant du fait que de plus en plus de fumeurs passent à la vape, les cigarettiers ont bien compris qu’il leur faut de toute urgence réussir à se faire une place sur ce marché en plein essor.
Ainsi, depuis plusieurs mois maintenant, il n’est pas rare de régulièrement voir divers fabricants de cigarettes servir à qui veut bien l’entendre, toute sorte de discours faisant l’apologie de la vape, mais surtout, diverses phrases dénigrant le tabac pour tous les dangers qu’il fait courir à ses consommateurs.
Il y a quelques jours par exemple, Jeanne Pollès, Présidente de Philips Morris France, expliquait dans une interview vouloir un « monde sans fumée », parlant de la cigarette de tabac comme d’une « problématique ».
A la même période, Nathalie Eyrolles, directrice produits à risque réduit chez JTI France, indiquait que son entreprise allait investir 1 milliard de dollars dans la vape afin de « mettre en place des programmes de R&D ambitieux et sans cesse innover pour garantir la meilleure qualité et la plus grande sécurité » des consommateurs.
Différentes phrases laissant entendre que les cigarettiers veulent s’inscrire dans une démarche de santé publique afin de faire reculer la première cause de décès évitable dans le monde, dont ils sont paradoxalement les acteurs directs.
Pendant ce temps-là en Asie…
Il y a quelques jours, nous apprenions par le biais d’un communiqué officiel posté sur le site de JTI, que l’entreprise vient d’acquérir « Akij », second plus grand cigarettier du Bangladesh, pour la somme d’1,5 milliard de dollars, faisant ainsi de l’entreprise, le deuxième plus grand acteur du tabac dans ce pays en voie de développement.
Un pays dont 45 % de la population fument quotidiennement, et qui représente ainsi un marché particulièrement lucratif pour le cigarettier.
Dans une interview donnée au Wall Street Journal il y a à peine un an, André Calantzopoulos, directeur général de PMI, déclarait quant à lui que la société n’était pas prête de se retirer du marché du tabac puisque les cigarettes continuent de représenter « l’essentiel » de leurs revenus.
Quelques mois auparavant, lors d’une « journée des investisseurs », l’homme vantait également « d’excellents fondamentaux en matière de combustibles » tout en indiquant son souhait de « continuer à être en tête de la catégorie des produits combustibles », autrement dit, les cigarettes de tabac.
Cette acquisition de JTI, et ces quelques phrases du PDG de Philip Morris, illustrent parfaitement ce que beaucoup reprochent aux cigarettiers. Une hypocrisie sans limite prenant la forme de beaux discours sur la santé publique en Europe, mais qui semblent bien vite oubliés une fois quelques frontières passées, ou des investisseurs présents à proximité.
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