Les gentils et les méchants. Le bien et le mal. Le camp du bien contre la menace. Voilà les thèmes des prochaines élections présidentielles aux Etats-Unis, avec un duel possible Trump-Bloomberg qui va donner du fil à retordre aux moralistes…
Un thème à la mode
C’est assez vertigineux, quand on y pense.
Ainsi, le gentil progressiste démocrate Michael Bloomberg a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle américaine pour vaincre l’affreux fasciste républicain Donald Trump. Du moins est-ce ainsi que l’on commence à nous vendre les choses.
Enfin, Bloomberg va candidater à la primaire, et ce n’est pas forcément gagné. Mais il a deux atouts : un empire de presse entièrement soumis à la cause, et des finances illimitées, ou presque. Sa fortune est estimée à 50 milliards de dollars, soit 18 fois plus que Donald Trump, selon le site d’information des marchés financiers… Bloomberg L.P.
Il a, en revanche, contre lui le fait d’être un parfait inconnu auprès des électeurs américains, malgré qu’il ait été maire de New York, comparé à Joe Biden, son principal opposant, qui jouit d’une popularité nationale, et le fait d’être considéré comme centriste par un parti démocrate qui s’oriente de plus en plus à gauche à chaque élection (selon les critères américains, s’entend).
Et surtout, il a contre lui les vapoteurs.
Les vapoteurs avec Trump ?
Ce n’est pas un secret que Bloomberg est antivape : il a dépensé des millions de dollars (un milliard deux cent millions, au dernier comptage) pour lutter contre le tabagisme, et a intégré la lutte contre la e-cigarette dans sa campagne. Il est même devenu un des principaux financiers, par l’intermédiaire des ses subventions, d’opposants notoires comme Stanton Glantz ou l’American Cancer Association. Sa fondation serait à l’origine du rapport anti-vape de l’ONU paru cet été.
Inutile de dire que Bloomberg à la Maison Blanche reviendrait à donner carte blanche à la FDA pour ressusciter cette bonne vieille prohibition à l’ancienne.
Dans le même temps… Donald Trump, de son côté, jouit d’un soudain regain de popularité auprès des vapoteurs, après avoir reçu les représentants des associations de défense des usagers et des professionnels de la vape à la Maison Blanche. L’entourage du président a d’ailleurs laissé entendre que Donald Trump avait été sensibilisé aux risques de l’émergence du marché noir en cas de flavor ban, et à celui des destructions d’emplois induits par la vape.
Et ces quelques millions de vapoteurs pourraient faire la différence dans une Amérique très partagée où l’actuel président n’est pas si impopulaire qu’on le laisse entendre en Europe.
Dans un mouchoir
L’élection, en réalité, s’annonce serrée. Et ce pourrait bien être les voix des vapoteurs, entre autres groupes d’intérêts, qui pourraient faire pencher la balance. Ce qui risque d’être intéressant à observer : si Bloomberg était le candidat démocrate, alors le vapoteur de son camp aurait le choix entre voter en fonction de ses convictions et tuer la vape (en ayant pleine conscience de tuer, par ricochet, des millions de compatriotes qui seront livrés pieds et poings liés au tabagisme) ou voter pour Trump, plus raisonnable sur la vape, mais qui représente sur les autres sujets tout ce qu’il abomine.
Un conflit dont il ne sera pas rendu compte dans la presse européenne, tout aussi anti-Trump qu’anti-vape. Mais une donnée qu’il convient de prendre en compte si l’on veut comprendre le résultat de cette élection.
Donald Trump serait-il crédible dans le rôle du gentil ? On a quand même un peu de mal à se faire à l’idée. En tout cas, une chose est sûre : Bloomberg est parfait en grand méchant.
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