Le sujet numéro un, ce week-end, a été bien entendu ce communiqué de presse de l’AFP inspiré par des faits réels, à savoir une position de l’OMS antivape. Panique à bord, dans le milieu du vapotage, où plusieurs solutions ont été proposées. Le problème, c’est qu’elles sont toutes mauvaises. Les vapoteurs sont ils trop gentils ?
Le grand chambardement
Et les réactions des vapoteurs ne se sont pas faites attendre. Chacun a pris sa tête entre les mains, a réfléchi très fort, et a proposé une solution. Deux particulièrement sont emblématiques, et ce sont celles-ci que je m’en vais vous raconter avant de les démonter et de les humilier, parce que mon boulot, c’est d’être le méchant.
Pour aller plus loin : Notre article sur le communiqué de l’OMS.
Aller sur un réseau social alternatif
C’est l’idée qui a germé dans plusieurs esprits : si Facebook ne veut plus de la vape, alors nous ne voulons plus de Facebook. Et, depuis dimanche, on voit fleurir ici et là des invitations à rejoindre des réseaux sociaux, deux principalement, un garanti sans publicité ni collecte des données, et l’autre spécialement créé pour les vapoteurs.
Techniquement, ce genre d’endroit où l’on se réunit entre soi en fonction de ses spécificités peut porter plusieurs noms, selon les circonstances. Un ghetto, si on y est forcé, une secte, si on y va de son propre chef, ou enfin un parti politique si on veut se présenter à une élection.
Soyons lucide : dans les réseaux sociaux, il y a Facebook, éventuellement Twitter si vous êtes un bobo parisien, et puis… Rien. Des tentatives de créer d’autres réseaux ont loupé le coche, pour ne pas dire qu’elles se sont lamentablement vautrées. Certes, menées par des amateurs : après tout, Google + s’est planté parce que le réseau n’était pas menée par la détermination d’une poignée de vapoteurs en colère, c’est bien connu.
Déjà, le fait que plusieurs réseaux se créent ou soient proposés : la division commence. Et soyons clair : si demain tous les vapoteurs professionnels et militants quittaient Facebook… Le réseau social ne le remarquerait même pas. La seule chose que certains remarqueraient peut-être, c’est que la désinformation sur la vape qui continuerait d’y circuler joyeusement ne trouverait plus sur sa route des vapoteurs pour la commenter et la contredire.
L’entre soi durerait le temps que leurs membres, à force de voir toujours les même posts et les mêmes têtes, s’en aillent, au fur et à mesure, lassés. Et surtout, ce n’est pas sur un réseau social fréquenté uniquement par des vapoteurs, ou par personne, que l’on réussirait à convaincre des fumeurs d’arrêter. C’est en grossissant les rangs que les vapoteurs l’emporteront. Pas en allant se terrer.
Pour aller plus loin : Rions ensemble avec Facebook.
Demander à une célébrité médiatique à la mode
L’autre idée émise, c’est de solliciter une journaliste très en vue, connue pour ses reportages-chocs et ses dénonciations du système, pour qu’elle investigue et révèle au monde la vérité.
Alors, comment dire sans vous faire de la peine ? Ah, ce n’est pas possible. Cette idée n’est pas seulement stupide. Elle est dangereuse.
Savez-vous ce qu’est un zététicien ? Un zététicien est, pour faire simple, une personne qui est attachée à la vérité. Selon lui, il n’y a qu’une seule façon de la trouver, c’est avec un raisonnement objectif, une méthode rationnelle et éprouvée, et des preuves scientifiques. Le zététicien est d’une nature calme et réfléchie, il croit aux vertus du dialogue et de l’éducation, il n’est pas du genre à s’enflammer. Et pourtant, il suffit de prononcer le nom de cette personnalité médiatique (“journaliste” est un qualificatif qui se mérite) et il s’écroule soudain, la bave aux lèvres, pris de convulsions.
En revanche, les complotistes dressent chez eux des autels à sa gloire.
Cette personnalité travaille à deux choses : son image, et faire avancer ses idées. Ce qui n’a rien de répréhensible en soi, tant qu’on ne le pare pas du masque de l’objectivité. Pour cela, sa méthode est simple : flatter, entretenir et augmenter la peur des gens.
Pour l’instant, la e-cigarette n’est pas un sujet auquel elle a daigné s’intéresser. Mais si demain, pour une raison ou pour une autre, elle y trouvait son intérêt, elle ne présenterai absolument pas le sujet comme vous l’espérez, mais de façon à ce que cela la serve. Et il y a plus de chance de voir au final un reportage sur le thème du “la vape : cheval de Troie du tabac pour conquérir de nouveaux marchés et se faire passer pour honorable” que “la vape, c’est chouette”.
Il est possible qu’elle défende la vape, si cela lui permet d’atteindre ses cibles de prédilection. Mais c’est peu probable : son fond de commerce, c’est conforter les gens dans leurs opinions négatives, et ne surtout pas leur dire qu’ils se trompent.
Bref, l’impliquer est une très, très mauvaise idée.
Mais alors, nous sommes foutus ?
Nous ne sommes pas nécessairement fichus. Pendant que certains paniquent, d’autres travaillent sérieusement. La Sovape et l’AIDUCE ont publié un communiqué conjoint, réfléchi, travaillé, argumenté.
Pour aller plus loin : Le communiqué Sovape/AIDUCE
Nécessaire ? Sans aucun doute. Insuffisant ? Totalement. Nécessaire, parce que c’est le contrepoint intelligent et argumenté qui saura expliquer au public que non, tout ce que prétend l’OMS n’est pas parole d’évangile. Il suffit d’aller dans Google et de taper “OMS corruption” ou “OMS lobbys” pour remettre en doute la parole de cette agence. Et les articles qui apparaissent ne viennent pas de sites complotistes…
Insuffisant parce que, ne nous voilons pas la face, à part quelques médias impliqués au service de la vape, qui le diffusera ? La voix des vapoteurs n’est pas encore assez forte.
Elle pourrait le devenir. Il y a certainement des actions fortes à mener. Un exemple au hasard : faire condamner une célèbre agence de presse pour diffusion de fausses nouvelles et/ou incitation au tabagisme. Là, ça ferait causer dans le Landerneau du journalisme. Il y a certainement d’autres idées. Pour les trouver, la première chose à faire est de ne pas confondre réfléchir et réagir.
Cet article d’opinion n’engage que le point de vue de son auteur et ne représente pas forcément l’avis de la rédaction.