Parmi eux, 94 % de vapoteurs dont 85 % a réussi à arrêter de fumer grâce à la cigarette électronique. Ce qui pourrait changer en cas de taxation…
Ce qu’il faut retenir de ce rapport :
- 94 % des répondants étaient des vapoteurs.
- 97 % ont cité la vape comme une aide au sevrage tabagique.
- Près de 85 % des vapoteurs européens ont complètement arrêté de fumer.
- 78 % des vapoteurs considèrent les arômes comme très importants.
- Une augmentation des taxes ou une interdiction des arômes fait craindre à près d’un tiers des vapoteurs qu’ils recommencent de fumer.
- 65 % des vapoteurs envisageraient de se fournir au marché noir en cas de mise en application de ces mesures répressives.
97 % des répondants citent la vape comme une aide au sevrage tabagique
Entre le 12 octobre et le 31 décembre 2020, l’association européenne de défense du vapotage, European Tobacco Harm Reduction Advocates (ETHRA), lançait une enquête en ligne destinée à permettre aux utilisateurs de nicotine de s’exprimer concernant leur consommation de nicotine ainsi que sur la future révision de la TPD. Au cours de cette période, 37 303 personnes ont répondu à l’appel de l’association, dont 35 296 qui résidaient dans l’un des 28 pays de l’Union européenne, pour qui les réponses ont été prises en compte. La plus forte mobilisation a été enregistrée en Italie avec 7 955 répondants, puis en France avec 7 279, et enfin en Allemagne et en Espagne avec respectivement 6 283 et 5208 réponses enregistrées. Aujourd’hui, l’ETHRA a officiellement publié les résultats de l’enquête (format PDF).
Parmi les répondants, 94 % étaient des utilisateurs d’un produit du vapotage. 9 % étaient des fumeurs et 3,6 % consommaient du tabac à rouler. Enfin, 2,9 % étaient des consommateurs de SNUS, 1,5 % de sachets de nicotine, et 0,5 % utilisaient des chewbags ou des produits pharmaceutiques contenant de la nicotine. Le reste était composé d’utilisateurs de produits du tabac chauffé, de cigare, de chicha, de pipe ou encore de tabac à priser.
Le premier point à relever concernant ce rapport est que 78,7 % des répondants ont complètement arrêté de fumer, soit 27 758 anciens fumeurs. Avec 94 % de vapoteurs ayant suivi l’appel de l’ETHRA et répondu à cette enquête, ce chiffre semble démontrer une nouvelle fois que la cigarette électronique est efficace pour arrêter de fumer.
Sur ces presque 28 000 anciens fumeurs, 97 % ont cité le vapotage parmi les aides effectives pour arrêter de fumer. 5,1 % ont indiqué avoir arrêté sans aucune aide et 2,8 % grâce à des substituts nicotiniques tels que les patchs ou les gommes à mâcher. 1,9 % ont indiqué avoir utilisé le SNUS ou des sachets de nicotine tandis que 0,2 % ont déclaré avoir été aidés par les informations de l’OMS.
Le reste des participants a été aidé par d’autres méthodes telles que les services d’aide à l’arrêt du tabac (0,4 %), les lignes téléphoniques (0,3 %), les groupes d’entraide (0,8 %), les livres d’autoassistance (0,8 % également), ou encore l’hypnose (0,4 %). 1,4 % auraient quant à eux utilisé d’autres méthodes.
Le SNUS
Parmi les utilisateurs de SNUS, 73,6 % ont déclaré en utiliser tous les jours, 10,5 % toutes les semaines, tandis que 8 % ont indiqué en utiliser occasionnellement et 5,2 % rarement. La consommation moyenne de SNUS serait d’environ 3,4 boîtes de 20 sachets par semaine, avec un pic à 3,9 boîtes chez les utilisateurs quotidiens.
Rappelons que si le SNUS est interdit en Europe depuis 1992, il est autorisé par dérogation en Suède, pays ayant le taux de fumeur le plus faible de l’Union européenne, ainsi que le plus faible nombre de maladies liées au tabagisme.
Parmi l’ensemble des utilisateurs de SNUS ayant répondu à l’enquête, 73,7 % ont indiqué avoir arrêté de fumer, dont 61,4 % avaient fumé au moins 10 ans auparavant.
Comme pour les utilisateurs de cigarette électronique, certains consommateurs de SNUS fument en parallèle (20,9 %). Parmi ces doubles utilisateurs, 39,9 % fument moins d’une fois par jour, 17,7 % fument rarement, 9 % fument occasionnellement et 13,3 % fument toutes les semaines.
Concernant les répondants suédois, 85,6 % ont indiqué avoir complètement arrêté de fumer, et 8,9 % ont déclaré fumer en parallèle, dont 2,3 % quotidiennement.
Enfin, 33 % des utilisateurs de SNUS ont indiqué n’avoir jamais fumé auparavant.
Le vapotage
Parmi les 30 972 vapoteurs ayant répondu à l’enquête, 83,5 % ont indiqué avoir complètement arrêté de fumer. Plus des trois quarts d’entre eux déclarent avoir fumé pendant plus de 10 ans auparavant.
A contrario, 1,3 % des répondants ont indiqué n’avoir jamais fumé avant de vapoter et 2 % ont préféré ne pas répondre. Enfin, 10,9 % fument quotidiennement en parallèle du vapotage et 5,1 % seulement occasionnellement.
En tête de liste des raisons invoquées pour avoir choisi le vapotage, 90,7 % des répondants ont cité la réduction des risques par rapport au tabagisme et l’amélioration de ma santé. 97,6 % d’entre eux continuent de vapoter pour la même raison, ce qui, pour l’association, indique l’amélioration de la santé ressentie par les utilisateurs au fil du temps. Enfin, le désir d’arrêter de fumer était également noté comme très important pour 81,6 % des participants.
Concernant les arômes, 78 % des vapoteurs les ont jugés importants ou très importants.
Enfin, le fait que vapoter soit plus économique que fumer a également été jugé comme un facteur majeur de passage à la vape pour 64,9 % des sondés, avec 16,8 % qui l’ont jugé important et 48,1 % très important.
Les conséquences de la TPD chez les vapoteurs
Près de 5 ans après la mise en application de la TPD et de toutes les restrictions qu’elle comporte, l’enquête de l’ETHRA a permis de révéler une augmentation de la consommation en e-liquide chez les utilisateurs d’une cigarette électronique.
Lors d’une enquête réalisée en 2013 auprès de 19 000 personnes, la consommation moyenne des vapoteurs était de 3 ml/jour à 12 mg/ml de nicotine. Aujourd’hui, elle serait 10,2 ml/jour à 4,94 mg/ml de nicotine.
Pour l’association, cette augmentation de la consommation pourrait s’expliquer par deux raisons :
- La limitation à 10 ml des flacons de recharge a poussé un grand nombre d’ utilisateurs vers les short fills, moins chers, mais dont la concentration finale en nicotine est très faible (environ 3 mg/ml).
- La limite de concentration maximale de 20 mg/ml de nicotine dans les e-liquides a pu contraindre des utilisateurs à augmenter également leur volume d’e-liquide par compensation.
De plus, la limitation en nicotine pourrait avoir un effet bloquant pour certains fumeurs. Lors de l’enquête, 30,3 % des répondants ont indiqué penser qu’ils pourraient complètement arrêter de fumer si la limite de nicotine était relevée dans l’Union européenne.
Une augmentation de cette limite pourrait également permettre à 21,4 % des sondés de consommer moins d’e-liquide au quotidien, tandis que 59,6 % ont déclaré qu’ils ne changeraient pas leurs habitudes de consommation.
Une abrogation de la limite de 10 ml pour les produits nicotinés pourrait également permettre aux vapoteurs d’acheter des flacons plus grands et ainsi de diminuer le coût financier du vapotage. Enfin, 90 % des vapoteurs y verraient également un moyen de réduire les déchets plastiques. Une interdiction que l’EU serait bien inspirée de lever ne serait-ce que pour ses avantages écologiques, à une époque où la lutte contre la pollution et le gaspillage fait souvent débat.
Les taxes sur la vape empêcheraient d’arrêter de fumer
Sur les 5 939 fumeurs touchés par cette enquête, 67,4 % ont fait part de leur souhait d’arrêter de fumer. En fonction de leur localisation, ils citent différents obstacles les empêchant de le faire.
Par exemple, alors qu’en Allemagne, pays ne taxant pas le vapotage, ils ne sont que 11,2 % à citer le prix des cigarettes électroniques comme obstacle pour tenter d’arrêter de fumer, ils sont 37,1 % à soulever ce point en Italie, pays qui taxe le vapotage, et jusqu’à 43,7 % en Finlande, pays qui impose une taxe très lourde sur les e-liquides.
Selon l’association, en distinguant les répondants selon qu’ils se trouvent dans un pays avec ou sans taxe sur la vape, la perception par les fumeurs qui veulent arrêter de fumer de l’obstacle du prix des produits de réduction des risques est presque deux fois plus élevée dans les pays taxés pour la vape (34,5 %), par rapport aux pays sans taxe sur la vape (17,4 %).
Un obstacle qui toucherait près de 3 fois plus de fumeurs dans les 3 pays où les taxes sont les plus lourdes (Finlande, Portugal et Estonie).
Les répondants de certains pays ont également cité comme obstacle, la difficulté d’accès et le manque de disponibilité des produits de la vape. Une difficulté particulièrement citée en Hongrie (55 %) ou en Finlande (53,5 %), pays qui présentent respectivement un monopole d’État sur les produits du vapotage et le besoin d’une licence spéciale pour pouvoir en vendre.
À titre de comparaison, les répondants français ou italiens n’étaient que 7,1 % et 6,7 % à citer cette raison comme obstacle pour arrêter de fumer.
Taxes et manque de disponibilité augmenteraient l’appel au marché noir
L’autre facteur négatif qui semble être créé par l’imposition de lourdes taxes ou la difficulté d’accès aux produits de la vape est le fait que les consommateurs choisissent alors de se tourner vers le marché noir pour se procurer les produits dont ils ont besoin.
Alors que le recours à un canal non officiel n’est que de 1,2 % dans les pays sans taxe ni interdiction des arômes, ce chiffre grimpe à 19,4 % dans les 3 pays les plus répressifs.
Les achats à l’étranger se multiplieraient également dans ces pays, puisqu’ils seraient 39,6 % à faire appel à des prestataires d’autres pays, alors qu’ils ne seraient que quelques pourcents dans les pays plus permissifs.
Augmenter le prix des e-liquides changerait le comportement des vapoteurs
Si l’on ne sait toujours précisément de quoi sera composée la future TPD, de nombreux indices laissent penser que cette nouvelle édition pourrait voir la mise en place d’une nouvelle taxe sur les produits de la vape.
Afin de connaître la réaction future des vapoteurs si cela se produisait, l’enquête a demandé aux répondants à partir de quelle différence de prix ils changeraient leurs habitudes de vape.
Si 25,8 % ont indiqué ne pas savoir, 29,1 % ont indiqué qu’une hausse de ne serait-ce que 15 % leur ferait probablement changer leurs habitudes. 19,1 % ont indiqué qu’ils modifieraient leur comportement si la hausse était comprise entre 15 % et 30 %, tandis que 15,6 % le changerait pour une augmentation de 30 % à 60 %. Seuls 4,8 % ont indiqué qu’ils continueraient de vapoter normalement à condition que le prix ne varie pas de plus de 100 % à 500 %.
Plus intéressant encore, l’enquête a révélé qu’en cas de forte taxe sur les produits de la vape, 60,7 % des vapoteurs chercheraient probablement une source d’approvisionnement parallèle, tandis que 27,9 % ont indiqué qu’ils recommenceraient peut-être à fumer.
L’importance des arômes
L’autre peur soulevée par la prochaine mouture de la TPD concerne une potentielle interdiction des arômes.
Lors de l’enquête de l’ETHRA, 94,6 % des répondants ont indiqué vapoter au moins un e-liquide aromatisé à autre chose qu’au tabac. Autant de vapoteurs qui se verraient ainsi forcés de changer leurs habitudes en cas d’interdiction de tout ou partie d’entre eux.
Comme pour les taxes, 71,2 % des vapoteurs ont indiqué qu’ils chercheraient des sources d’approvisionnement parallèles en cas d’interdiction des arômes tandis que 28 % ont indiqué qu’ils craignaient de recommencer à fumer dans ce cas.
Cette enquête de l’European Tobacco Harm Reduction Advocates confirme les résultats de précédents sondages et travaux. Elle rappelle qu’avec la législation actuelle, bien qu’imparfaite, la cigarette électronique semble très bien fonctionner en tant qu’outil de sevrage tabagique.
Une efficacité qui serait probablement revue à la baisse en cas de nouvelle taxation ou d’interdiction de certains arômes.
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