Dans une récente étude conduite par l’Institut National du Cancer et l’Institut de Recherche en Santé publique, des scientifiques en sont arrivés à la conclusion que si l’IQOS est moins nocif que le tabagisme, il l’est plus que le vapotage. La cigarette électronique resterait ainsi l’outil de sevrage tabagique le moins nocif, parmi les nouveaux produits émergents au cours des dernières années.
Le tabac chauffé est-il plus dangereux que la cigarette électronique ?
Oui, les produits du tabac chauffé, tel que l’IQOS, induisent une nocivité plus importante que les cigarettes électroniques. En revanche, les chercheurs soulignent que cette toxicité reste moins importante que celle du tabagisme.
Vaut-il mieux choisir la cigarette électronique ou le tabac chauffé ?
Idéalement, choisir une cigarette électronique est un meilleur choix puisque le vapotage produit moins de composés potentiellement toxiques que le tabac chauffé. En revanche, l’essentiel étant de réussir à s’éloigner du tabac, si le tabac chauffé produit de bons résultats sur vous, en consommer reste une meilleure alternative que fumer.
Une étude qui compare tabac chauffé, vaporisateur personnel et tabagisme
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Après avoir étudié la réduction des risques offerte par la cigarette électronique en 2015, le ministère de la santé britannique s’attaquait, trois années plus tard, à l’étude des produits du tabac chauffé. Suite à la consultation de toute la littérature scientifique disponible à l’époque à ce sujet, il notait que les résultats des différents travaux devaient être traités avec prudence, notamment car seules 20 études sur les 843 identifiées avaient suivi le processus de validation scientifique de relecture par les pairs. De plus, sur ces 20 études, 12 avaient été financées par l’industrie du tabac elle-même.
Il y a quelques jours, une nouvelle étude (1) a été menée sur le sujet. Conduite par l’Institut National du Cancer (INCa) et l’Institut de Recherche en Santé publique (IResP), elle avait pour but de comparer la composition chimique et les effets toxicologiques des produits du tabac chauffé, de la vapeur de cigarette électronique, et de la fumée des cigarettes de tabac traditionnelles. Elle sera publiée dans le volume 401 du Journal of Hazardous Materials, en janvier 2021.
Méthodologie
Les matériels ayant été utilisés pour l’expérience sont les suivants :
L’IQOS, en tant que produit du tabac chauffé. Dans les graphiques suivants, il est désigné par l’acronyme HTP pour heated tobacco products.
Un vaporisateur personnel de modèle “Lounge” accompagné d’une résistance de 2,6 Ohms, utilisé à une puissance de 4,6 W, ainsi qu’une box fonctionnant avec une résistance de 0,5 Ohm à 18 W et 30 W, soit les puissances recommandées par le fabricant en fonction des résistances utilisées. Ces matériels sont ceux utilisés afin d’étudier les cigarettes électroniques, et sont désignés par les lettres suivantes dans les tableaux présentant les résultats : Lounge, Mb18W et Mb30W.
Les cigarettes de tabac n’avaient, quant à elles, rien de particulier, et sont représentées par les lettres 3R4F.
Afin de réaliser l’expérience, une même machine à fumer (Vitrocell® VC1) a été utilisée pour les différents types de produits. Le profil était réglé sur « intense », correspondant à une bouffée de 55 ml, d’une durée de 2 secondes, toutes les 30 secondes. Un profil permettant de fumer complètement une cigarette en 10 bouffées, et terminer un stick d’IQOS en 12 inhalations. Des vapoteurs réguliers ont également participé à l’étude afin de vapoter dans les mêmes conditions que la machine à fumer allait le faire, et ont confirmé « l’absence de dry hit et une production de vapeur suffisante ».
Chaque prélèvement a été répété 4 fois. Et des mesures « à blanc » ont également été réalisées, comme le conseille le protocole pour ce genre d’étude.
La recherche s’est penchée sur l’identification et la quantification des composés carbonylés et des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP). En effet, ces deux groupes de molécules font partie des principaux composés libérés lors de la combustion du tabac et contribuent « de manière significative » à l’activité cancérigène de la fumée du tabac, comme le rappellent les auteurs.
Résultats
Tableau 1
Le tableau ci-dessus représente les quantités mesurées par les chercheurs, concernant les composés carbonylés.
Comme l’indiquent les auteurs de l’étude, « quinze composés ont été quantifiés à des niveaux entre 2 et 15 fois plus élevés dans la fumée de cigarette que dans les aérosols de HTP ». L’hexanal était le seul composé mesuré à un niveau plus élevé dans les émissions de HTP (22,1 ng/bouffée) que dans la fumée de tabac 3R4F (10,4 ng/bouffée), et le benzaldéhyde était généré en quantités presque équivalentes par le HTP et la cigarette.
Toutefois, les chercheurs notent également que tous les composés carbonylés ont été mesurés à des quantités très inférieures dans les vapeurs des différentes conditions d’essai de la cigarette électronique par rapport aux produits du tabac, à l’exception du m-tolualdéhyde et du 2,5 diméthylbenzaldéhyde qui n’ont été détectés que dans les aérosols du dispositif Modbox, à la fois à faible et à forte puissance.
Concernant ces composés, les scientifiques notent ainsi qu’une bouffée de l’IQOS (35 μg/puff) produit beaucoup moins de composés carbonylés qu’une bouffée de fumée de cigarette (230 μg/puff), de l’ordre de 84,7 % inférieur. Des résultats qui corroborent ceux d’études précédentes, dont certaines ont été réalisées par le fabricant de l’IQOS, le cigarettier Philip Morris International (PMI). Les scientifiques notent toutefois que « plusieurs carbonyles nocifs ont encore été mesurés dans l’aérosol HTP, tels que l’acétaldéhyde et le formaldéhyde, qui sont des composés cancérigènes ».
Le vapotage, quant à lui, a produit au moins 98,5 % moins de ces composés que l’IQOS. Pour les chercheurs, leur production provient de la dégradation thermique du glycérol et du propylène glycol contenu dans les e-liquides. Toutefois, ces composés étaient « plusieurs fois beaucoup moins » présents que dans les émissions de l’IQOS ou des cigarettes de tabac.
Les chercheurs concluent ainsi :
« Globalement, nos données démontrent donc qu’à des températures de vaporisation normales, la teneur en carbonyle des émissions de e-cig ne représente qu’une petite fraction des niveaux inhalés par les utilisateurs de produits du tabac ».
Tableau 2
Le tableau ci-dessus concerne quant à lui la mesure de l’émission de 23 HAP.
Comme pour les composés carbonylés, les chercheurs ont noté que les concentrations de 21 composés étaient « nettement plus faibles » dans les émissions de l’IQOS que dans la fumée de cigarette, de 2 à 276 fois inférieure, mais étaient aussi « encore plus faibles » dans les aérosols des cigarettes électroniques.
Pour faire simple, l’IQOS aurait émis 96,2 % moins de HAP que la cigarette de tabac, et le vapotage entre 64,9 et 78,2 % moins que l’IQOS.
Pour les chercheurs, ces résultats concernant le vapotage s’expliquent notamment, car les e-liquides sont « exempts d’ingrédients du tabac qui contiennent les précurseurs de HAP ».
Conclusions
Dans leurs conclusions, les chercheurs notent que dans le cadre de la réduction des dommages causés par le tabac, dans lequel les fumeurs devraient idéalement pouvoir choisir librement parmi une variété d’alternatives au tabagisme, les nouveaux produits du tabac (tels que le HTP) et la cigarette électronique semblent avoir le potentiel d’une nouvelle offre prometteuse.
Ils rappellent toutefois qu’il est « fondamental » pour les fumeurs de connaître et de comparer les risques pour la santé de ces différents dispositifs émergents afin de déterminer quel produit doit être préféré pour le sevrage tabagique.
Ils signalent ainsi que le produit du tabac chauffé étudié « libère un peu moins de nicotine et émet des quantités beaucoup plus faibles de composés carbonyles et de HAP que la cigarette de tabac ».
Cependant, ils notent aussi que « les émissions de HTP contiennent toujours des composés cancérigènes (par exemple le formaldéhyde, l’acétaldéhyde et le benzo[a]pyrène) et les quantités de carbonyles et de HAP dans les aérosols de HTP sont plus élevées que dans les vapeurs de e-cig ». Ainsi, si l’aérosol de l’IQOS présente « une cytotoxicité réduite » par rapport à la fumée de cigarette , celle-ci reste « plus élevée » que dans le cadre du vapotage.
« Cette étude contribue à une meilleure compréhension des propriétés d’émission des produits du tabac chauffé et de la cigarette électronique et de leurs impacts toxicologiques connexes et fournit des données importantes nécessaires à l’évaluation des risques, en démontrant que l’IQOS pourrait être moins nocif que la cigarette de tabac, mais considérablement plus nocif que le vapotage ».
- L’IQOS serait moins nocif pour la santé que le tabagisme.
- La cigarette électronique serait quant à elle encore moins dangereuse.
- Entre l’IQOS et la cigarette électronique, le second choix serait le meilleur.
- Le principal étant de s’éloigner du tabagisme, si l’IQOS vous convient, alors n’hésitez pas à vous tourner vers cet appareil offrant tout de même une réduction des risques.
(1) Dusautoir, Romain, et al. “Comparison of the Chemical Composition of Aerosols from Heated Tobacco Products, Electronic Cigarettes and Tobacco Cigarettes and Their Toxic Impacts on the Human Bronchial Epithelial BEAS-2B Cells.” Journal of Hazardous Materials, Elsevier, 7 July 2020, https://doi.org/10.1016/j.jhazmat.2020.123417
Oui, les produits du tabac chauffé, tel que l’IQOS, induisent une nocivité plus importante que les cigarettes électroniques. En revanche, les chercheurs soulignent que cette toxicité reste moins importante que celle du tabagisme.
Idéalement, choisir une cigarette électronique est un meilleur choix puisque le vapotage produit moins de composés potentiellement toxiques que le tabac chauffé. En revanche, l’essentiel étant de réussir à s’éloigner du tabac, si le tabac chauffé produit de bons résultats sur vous, en consommer reste une meilleure alternative que fumer.
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