Alors que le taux de tabagisme serait resté globalement stable entre 2019 et 2020, l’écart semble continuer de se creuser parmi les différentes classes sociales.
Près de 20 % de fumeurs en plus chez les plus pauvres
Les premiers résultats communiqués par cette enquête concernent l’évolution du tabagisme en France entre les années 2019 et 2020. Pour ces deux périodes, le taux de fumeurs serait passé de 24 % à 25,5 %, soit une variation de la prévalence du tabagisme jugée non significative. En revanche, un écart auparavant déjà observé semble se confirmer dans les résultats suivants puisque le taux de fumeurs atteindrait 35,8 % chez les individus n’ayant aucun diplôme, et tomberait à « seulement » 17,3 % chez les titulaires d’un diplôme supérieur au bac.
Une tendance similaire est observée sur le graphique suivant, qui compare le nombre de fumeurs dans la population française en fonction des revenus. Alors que le taux de tabagisme serait passé de 29,8 % à 33,3 % parmi les personnes dont le revenu correspond au tercile le plus bas, il ne serait que de 18 % pour le tercile le plus élevé.
De son côté, la cigarette électronique semble continuer de séduire de plus en plus de fumeurs puisqu’ils étaient 34,4 % à l’avoir essayée en 2019 contre 37,4 % en 2020. En revanche, la prévalence du vapotage quotidien serait restée stable, aux alentours de 4,3 %. Une stabilité qui démontre que si de plus en plus de fumeurs essaient le vaporisateur personnel, peu semblent choisir de l’adopter.
La cigarette, parmi les « rares plaisirs » des plus défavorisés
Voilà plusieurs années que nous n’avions pas observé d’augmentation nette du taux de tabagisme pour une classe particulière de la population. Cependant, pour Fabienne El-Khoury, chercheuse en épidémiologie sociale à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) et à Sorbonne-Université, qui s’adresse au journal Le Monde, ce résultat n’a rien d’étonnant.
Pour l’experte, des « interventions ciblées » sont nécessaires pour réduire cet écart persistant entre certaines tranches de la population française. Elle note par exemple que si le gouvernement a entamé une démarche positive en remboursant en grande partie certains substituts nicotiniques, ce remboursement n’est toujours que de 65 %, le reste à charge continuant de représenter un budget souvent trop élevé pour les classes les plus précaires.
Elle note également que la cigarette électronique peut être un bon substitut, mais que celle-ci représente un investissement initial de 50 € à 70 €, parfois davantage, et ensuite un budget mensuel « comparable à celui des cigarettes traditionnelles ».
Une situation qui ne devrait malheureusement pas changer à l’avenir puisque l’Europe ne cesse de parler d’une augmentation des taxes sur les produits du vapotage…
(1) Pasquereau A, Andler R, Guignard R, Soullier N, Gautier A, Richard JB, Nguyen-Thanh V. Consommation de tabac parmi les adultes en 2020 : résultats du Baromètre de Santé publique France. Bull Epidémiol Hebd. 2021;(8):132-9. http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2021/8/2021_8_1.html
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