La commune française de Belfort, en Bourgogne-Franche-Comté, vient de prendre une décision radicale : l’interdiction de fumer et de vapoter à proximité des écoles. Un pari sur le long terme pour ses auteurs, révélateur d’une décision sanitaire catastrophique.

Pas de nicotine à Belfort

C’est une décision de la ville de Belfort, inspirée par une idée du Docteur Girardel, vice-président de la Ligue Contre le Cancer du Territoire de Belfort : cigarette tabac et vape sont interdits près des écoles.

De 8 H à 18 H, 50 mètres autour des établissements scolaires, la zone sera vierge de tout effluve nicotiné. Une signalétique sera mise en place en même temps qu’un arrêté sera publié, affin d’officialiser la décision et de verbaliser le rétif.

L’idée, c’est que si les enfant ne voient pas de cigarettes, ils n’auront pas envie de fumer plus tard. C’est une décision purement idéologique. C’est à dire que son utilité réelle ne se mesurera pas en baisse de la consommation tabagique, mais permettra à celles et ceux qui l’ont soufflée à la mairie de Belfort de mesurer leur influence.

Interdire la cigarette, pourquoi pas ? Le tabagisme passif est un fléau, même en plein air, et puis, qui sait ? Interdire aux adultes de fumer en présence des enfants peut leur faire prendre conscience de la nocivité du tabagisme, ajouter une brique à l’édifice qui mène à l’arrêt du tabac.

En revanche, interdire la vape, c’est juste amalgamer cigarette et vapotage, sous-entendre que c’est la même chose. Un très mauvais signal lancé aux fumeurs qui souhaitent arrêter… Y compris aux adolescents qui sont scolarisés dans ces établissements, et dont certains sont déjà en proie à l’addiction tabagique. Parce qu’en face, il y a l’industrie du tabac, qui se soucie peu d’idéologie pour attirer ses futurs clients : seule l’efficacité compte.

Et puis, interdire la vape dans certaines zones, c’est juste confisquer son substitut à un fumeur en sevrage.

Damien Meslot, le maire de Belfort, lorsqu’il explique le dispositif à l’Est Républicain, évite d’ailleurs soigneusement de parler de la vape. Peut-on y voir le signe d’un élu conscient du fait qu’il a pris une décision dogmatique uniquement pour complaire à un groupe influent ?

Parce que c’est une décision dogmatique. Quiconque a déjà observé un enfant saura qu’il prête plus d’attention à ce qu’il voit qu’à ce qu’il ne voit pas. En d’autres termes, partout ailleurs, il verra des fumeurs, mais près de son école, concentré sur ses cours, une éventuelle interrogation, ou ses camarades, remarquera-il que depuis deux minutes, il n’a pas vu un fumeur ? Le véritable message est destiné aux adultes, et ce n’est pas le bon

Les gentils, les méchants

Il serait bien entendu absolument ridicule de présenter le Docteur Girardel et la Ligue Contre le Cancer comme les méchants de l’histoire. Leurs intentions sont louables dans l’absolu, et le seul regret que l’on pourra émettre, c’est qu’ils préfèrent se conforter dans leurs certitudes plutôt que de lire les dernières études sur la vape. Comme celles qui affirment que la cigarette électronique est le moyen de sevrage le plus efficace, que la théorie de la passerelle est fausse, etc.

Le gros problème, c’est cette déclaration du Dr Girardel sur France Bleu : « passer de 33% à 5% de fumeurs, ça ne va pas se faire en 5 ou 10 ans, peut-être que d’ici 20 ou 25 ans, on aura les premières générations sans tabac, c’est un peu pour cette raison que nous menons cette action ».

Ce n’est certainement pas ce qu’a voulu dire le docteur, mais un esprit tordu pourrait comprendre que les décisionnaires espèrent éradiquer le tabagisme en empêchant les futurs fumeurs de commencer, mais laissent tomber ceux qui ont déjà commencé à fumer. 

En d’autres termes, préférer miser sur des mesures dont l’efficacité est plus que douteuse, et parier sur une réussite à 20 ans, plutôt que de soutenir la vape qui permettrait, avec un déploiement franc et massif, d’éradiquer le tabagisme en deux fois moins de temps. 

20 ans, c’est commode : la plupart des décisionnaires couleront à ce moment là une retraite heureuse et n’auront pas à assumer les conséquences de leur échec. Les 1 400 000 conséquences de leur échec, plus précisément, soit le nombre de morts que le tabagisme provoquera en France dans l’intervalle.

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