Pour évaluer l’impact de la publicité en faveur de la cigarette électronique des chercheurs ont enquêté auprès de plus de 400 jeunes anglais. L’équipe de scientifiques des universités de Cambridge au Royaume-Uni et de Caroline du Nord aux États-Unis a publié ses résultats au début du mois dans la revue Tobbaco Control.
Une étude focalisée sur les “cigalikes”
Quel est l’impact des publicités en faveur de la cigarette électronique sur la perception qu’ont les adolescents du tabagisme ? “La similitude d’aspect entre les e-cigarettes et les cigarettes de tabac” est à l’origine de l’interrogation des chercheurs américains et anglais. Ils ont mené une étude expérimentale pour approfondir la question.
Bien que la part de la “cigalike” soit faible sur les marchés européens (elle occupe une place inférieure à 10% du marché en France et à 20% au Royaume-Uni) et en diminution sur le marché américain, c’est ce dispositif que les chercheurs ont choisi d’étudier.
Plus de quatre cents enfants anglais, âgés de 11 à 16 ans ont été recrutés. Ils ont été répartis dans trois groupes distincts :
- dans le premier groupe, les jeunes gens ont été exposés à 10 publicités montrant la cigarette électronique comme un accessoire glamour,
- dans le deuxième groupe, les 10 annonces mettaient en valeur le vaporisateur comme un produit sain,
- les enfants du troisième n’ont pas été exposés aux publicités, constituant ainsi le groupe témoin.
Bonne nouvelle, les jeunes des deux premiers groupes, ceux à qui on a montré des publicités, n’ont pas une vision plus positive du tabac que ceux du groupe témoin. Le message de nocivité de la cigarette est donc solidement ancré dans l’esprit des adolescents.
En revanche, les groupes exposés aux annonces publicitaires avaient davantage tendance à penser que fumer ponctuellement une ou deux cigarettes n’était pas forcément nocif, plus particulièrement dans le groupe exposé aux publicités qui mettaient en avant un aspect santé.
Les graphiques schématisent la répartition des réponses des participants. On trouve en bleu, les réponses du groupe “glamour”, en vert, celles du groupe “santé” et en dernier, celles du groupe témoin.
Le premier graphique correspond à la question “Fumer nuit à la santé” avec de gauche à droite “pas du tout d’accord” jusqu’à “tout à fait d’accord”. Le deuxième graphique concerne la question du danger de fumer plus de 10 cigarettes par jour, depuis “pas très dangereux” à “très dangereux”. Enfin, le dernier graphique illustre les réponses à la question du danger de fumer une ou deux cigarettes occasionnellement.
On constate que les réponses du groupe “glamour” sont moins éloignées du groupe témoin que celles du groupe santé.
Pour Deborah Arnott, la directrice d’Action on Smoking Health (ASH), la publicité en faveur des cigarettes électroniques ne semble pas avoir eu d’impact sur le tabagisme des jeunes. Une enquête récente montre que le taux de fumeurs dans cette population n’a jamais été aussi bas : 18% des jeunes âgés de 11 à 15 ans ont expérimenté le tabac en 2014 contre 42% en 2003. Elle rappelle, en outre, que la TPD interdit la publicité à la télévision à la radio depuis le mois de mai.
Par ailleurs, on peut s’interroger sur la validité d’une conclusion générale lorsque l’étude se limite à étudier des dispositifs très peu utilisés.
Research paper:What is the impact of e-cigarette adverts on children’s perceptions of tobacco smoking? An experimental study. , , , , Tob Control tobaccocontrol-2016-052940Published Online First: 5 September 2016 doi:10.1136/tobaccocontrol-2016-052940