Tous sont des scientifiques mondialement reconnus pour leur expertise dans leur domaine. L’organisme de santé publique les écoutera-t-il enfin ?

L’OMS respectera-t-elle un jour la science ?

Une fois n’est pas coutume, quoi que. À l’occasion de la tenue de la 9e session de la Conférence des Parties (COP-9) de la Convention-cadre pour la lutte antitabac de l’OMS, qui se tiendra du 8 au 13 novembre prochains, 100 experts indépendants ont cosigné une lettre (en français, au format PDF) demandant à l’organisme de santé publique de revoir sa position sur la cigarette électronique. Une action que certains d’entre eux répètent depuis bientôt 10 ans.

Nous sommes des experts indépendants en matière de science et de politique du tabac et de la nicotine. Nous écrivons pour demander instamment aux Parties à la CCLAT d’encourager l’OMS à supporter et promouvoir l’inclusion de la réduction des méfaits du tabac dans la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac.<span class="su-quote-cite">Extrait de la lettre</span>

Dans le document, signé le 18 octobre dernier, les scientifiques du monde entier rappellent qu’au cours des 10 dernières années, de nouveaux produits à base de nicotine, qui n’impliquent pas la combustion de feuilles de tabac, sont arrivés sur le marché. Des produits qu’ils décrivent comme une voie prometteuse pour réduire les méfaits du tabagisme.

L’OMS tourne le dos à une stratégie de santé publique qui pourrait éviter des millions de décès liés au tabagisme.<span class="su-quote-cite">Extrait de la lettre</span>

Ils invitent ainsi l’Organisation mondiale de la santé à étudier 7 points en particulier, que nous reproduisons ci-dessous, et pour lesquels ils fournissent bien sûr des précisions :

  • La réduction des méfaits du tabac présente d’importantes possibilités en matière de santé publique.
  • Les cigarettes électroniques stimulent le sevrage tabagique.
  • La réduction des méfaits du tabac peut contribuer aux objectifs de développement durable.
  • Les principales évaluations réglementaires et l’expérience appuient les produits du tabac chauffé.
  • Les décideurs politiques doivent reconnaître les conséquences involontaires des propositions de politiques.
  • Placer l’utilisation des cigarettes électroniques par les adolescents dans le contexte approprié.
  • La santé publique soutient la réduction des risques dans la lutte contre le tabagisme.

Les experts font par la suite les recommandations suivantes :

  • Faire de la réduction des méfaits du tabac une composante de la stratégie mondiale visant à atteindre les objectifs de développement durable en matière de santé, notamment la cible 3.4 relative aux maladies non transmissibles.
  • Insister pour que toute analyse politique de l’OMS évalue correctement les avantages pour les fumeurs ou les fumeurs potentiels, y compris les adolescents, ainsi que les risques pour les utilisateurs et les nonutilisateurs de ces produits.
  • Exiger que toute proposition de politique, en particulier les interdictions, reflète les risques de conséquences involontaires, y compris les augmentations potentielles du tabagisme et d’autres réactions négatives.
  • Appliquer correctement l’article 5.3 de la CCLAT afin de lutter contre les véritables abus de l’industrie du tabac, mais pas pour créer un obstacle contreproductif aux produits à risque réduit qui présentent des avantages pour la santé publique ou pour empêcher l’évaluation critique des données de l’industrie sur la base stricte de leurs mérites scientifiques.
  • Rendre les négociations de la CCLAT plus ouvertes aux parties prenantes ayant des perspectives de duction des dommages, y compris les consommateurs, les experts en santé publique et certaines entreprises ayant des connaissances spécialisées importantes qui ne sont pas détenus par la communauté traditionnelle de la lutte antitabac.
  • Lancer un examen indépendant de l’OMS et de la CCLAT sur la politique du tabac dans le contexte des ODD. Cet examen pourrait porter sur l’interprétation et l’utilisation de la science, la qualité des conseils politiques, l’engagement des parties prenantes, la responsabilité et la gouvernance. Le panel indépendant pour la préparation et la réponse aux pandémies (IPPPR), créé pour évaluer la réponse à la pandémie de COVID19, offre un tel modèle.

Parmi les signataires de cette lettre, se trouvent par exemple Clive Bates, directeur du think tank britannique Action on Smoking and Health (ASH), John Britton, professeur émérite en épidémiologie de la University of Nottingham, JeanFrançois Etter, professeur de santé publique à l’Université de Genève, Konstantinos Farsalinos, chercheur que l’on connaît pour ses nombreuses études sur le vapotage, ou encore le tabacologue français Jacques Le Houezec, aux côtés de très nombreux autres scientifiques mondialement reconnus.

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