Les autorités de santé américaines ont trouvé un composé commun dans les échantillons prélevés d’e-liquide au cannabis, utilisés par de nombreux vapoteurs récemment tombés malades aux Etats-Unis. Si il est ingéré par voie digestive ce composé n’est pas dangereux, mais le deviendrait beaucoup plus dans le cas d’une inhalation. Rien d’inhabituel dans les e-liquides contenant de la nicotine n’a en revanche été détecté.
De l’huile dans des produits au cannabis contrefaits ?
Si jusqu’à présent, les services de santé n’avaient pas la moindre idée de ce qui pouvait causer ces nombreux problèmes, l’enquête menée par différents chercheurs pourrait bien avoir connu un tournant majeur hier soir.
En effet, pour la première fois, les fonctionnaires de la FDA ont trouvé un produit commun à presque tous les échantillons qu’ils ont étudiés.
Le produit en question est « une huile dérivée de la vitamine E », connue sous le nom d’acétate de vitamine E, ou acétate de tocophérol.
Selon l’organisme de santé américain, ce produit aurait été retrouvé dans « des échantillons des produits à base de cannabis » prélevés chez des vapoteurs actuellement hospitalisés. Un produit qui aurait également été détecté dans « presque tous les échantillons de cannabis provenant de patients tombés malades à New York ces dernières semaines » selon la responsable de santé de l’Etat.
Dans le Wisconsin, à la date du 30 août, sur les 27 cas de vapoteurs ayant des problèmes pulmonaires recensés par l’État, 24, soit près de 89 %, avaient indiqué vapoter des produits à base de cannabis. Et bien que 60 % des malades ont expliqué consommer également des e-liquides « normaux », à base de nicotine, Jonathan Meiman, médecin-hygiéniste en chef du ministère, a indiqué que « beaucoup » consommaient les deux.
Bien qu’il s’agisse du premier facteur commun que les chercheurs ont retrouvé dans la majorité des produits utilisés par les vapoteurs malades, ces derniers tiennent à rester prudent et ont déclaré qu’il est encore « trop tôt » pour savoir s’il est la cause de tous ces problèmes de santé.
Toutefois, la FDA a d’ores et déjà indiqué n’avoir trouvé « rien d’inhabituel » dans les échantillons d’e-liquides à base de nicotine étudiés.
Qu’est-ce que l’acétate de vitamine E ? Pourquoi est-ce dangereux ?
Si l’acétate de vitamine E est un complément nutritionnel connu des autorités, et naturellement présent dans l’huile d’olive par exemple, mais aussi utilisé dans certaines crèmes pour la peau, il est un produit que l’on peut consommer sans risque en l’ingérant, ou lors d’une application cutanée, mais pas en le vapotant.
Comme l’explique Michelle Francl, professeure de chimie au Bryn Mawr College, l’acétate de vitamine E est « essentiellement de la graisse » qui se liquéfie lorsque chauffée à une température de 183,88° Celsius, mais qui « retourne à son état d’origine » lorsqu’elle refroidit, et enduit ainsi « l’intérieur de vos poumons de cette huile ».
Son utilisation aurait démarré l’année dernière dans certains produits de contrefaçon, en tant qu’agent épaississant.
Comme le rappellent certains experts, les poumons humains ne sont pas conçus pour manipuler autre chose que des gaz, contrairement au tube digestif par exemple. Ainsi, si de l’huile venait à arriver jusqu’aux poumons, certaines cellules mourraient, ce qui entraînerait l’arrivée de nouvelles cellules destinées à en « nettoyer les débris ». Une arrivée de nouvelles cellules dans les poumons qui « entraverait » alors l’échange de gaz, et rendrait ainsi plus difficile l’accès de l’oxygène à la circulation sanguine.
De quoi entraîner de graves problèmes respiratoires, symptôme principal que connaissent les nombreux vapoteurs touchés par cette « mystérieuse maladie ».
Sur les 215 vapoteurs touchés par des problèmes de santé, « de nombreux patients » ont avoué acheter des produits à base de cannabis dans la rue, pour les vapoter. Certains auraient déclaré ne vaper que des e-liquides « traditionnels » à base de nicotine, tandis que bon nombre d’entre eux auraient admis consommer les deux, expliquent les autorités sanitaires américaines.
Une première piste officielle, qui laisse de plus en plus penser que les nombreux cas d’intoxication proviendraient du type de produit vapoté, et non de la vape elle-même.
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