La récente déclaration de la Commission européenne comparant les cigarettes électroniques à du “poison” a suscité une forte réaction de la part de plusieurs acteurs du secteur, qui ont accusé l’exécutif européen de ne pas tenir compte des preuves scientifiques.

La Commission européenne frappe encore

S’exprimant lors d’un événement organisé par Euractiv, la Pravda de l’Union Européenne le 30 janvier, Arūnas Vinčiūnas Vinčiūnas, le chef de cabinet du commissaire européen à la santé, Vytenis Andriukaitis, a déclaré que les e-cigarettes pourraient être moins nocives, selon certains rapports, mais qu’elles restaient toutefois du “Poison”, soutenant également que la vape était un cheval de Troie de l’industrie du tabac (cf notre article).

Plusieurs intervenants, dont la communauté des chercheurs, ont réagi rapidement à ces propos jugés déplacés.

Konstantinos Farsalinos et Konstantinos Poulas du département de pharmacie de l’Université de Patras en Grèce ont écrit une lettre conjointe soulignant que la déclaration était inexacte et ne reflétait pas les connaissances établies sur ces produits en termes de sécurité et d’utilisation prévue. “De plus, elle génère des messages déroutants pour les fumeurs qui ont besoin, méritent et devraient avoir le droit d’avoir accès à des produits moins nocifs dans le but d’arrêter de fumer, un comportement très dépendant”, ont-ils déclaré.

“Alors qu’il est désormais universellement admis au sein de l’UE que la réduction des risques est une approche nécessaire et efficace pour réduire les conséquences néfastes de l’usage récréatif de drogues sur la santé, il y a beaucoup de résistance à accepter une approche similaire pour le tabagisme” ont souligné les chercheurs.

Contre vents et marées, et études, et preuves

Les cigarettes électroniques et les nouveaux produits du tabac sont devenus des alternatives au tabagisme traditionnel, qui est responsable de près de 700 000 décès chaque année dans l’UE.

Les partisans de ce que l’on appelle les “produits de la prochaine génération” insistent sur le fait qu’ils sont beaucoup moins nocifs que le tabac, étant donné qu’il s’agit de produits non fumeurs qui peuvent fournir de la nicotine aux fumeurs. Ce choix de vocabulaire de la Commission européenne entretient, d’ailleurs, l’amalgame, puisque, dans le vocabulaire de l’industrie du tabac, les “produits de la prochaine génération” sont synonyme de tabac chauffé, et pas de vape.

Les chercheurs font également référence à des études selon lesquelles ces produits peuvent aider les fumeurs à se débarrasser complètement de cette habitude.

D’autre part, la Commission européenne ne voit pas ces produits sous un jour positif.
Dans une interview accordée à Euractiv en mai 2018, le commissaire Andriukaitis a déclaré que les e-cigarettes n’étaient pas le moyen d’arrêter de fumer.

Les médecins savent comment vous faire arrêter de fumer. Ne tentez pas de le faire vous-même.<span class="su-quote-cite">Vytenis Andriukaitis, commissaire européen à la santé</span>

“Est-ce bon pour la santé de fumer des e-cigarettes ? Il s’est demandé qui plaiderait en faveur d’une telle mesure, ajoutant que la meilleure façon d’arrêter de fumer est de consulter un médecin ou un psychologue et d’obtenir les médicaments nécessaires. S’ils l’utilisent comme méthode de renoncement au tabac, alors on peut être sous l’oeil attentif des médecins. Ils savent comment vous aider. Ne le faites pas vous-même”, a ajouté M. Andriukaitis, ignorant superbement les statistiques sur la baisse du nombre de fumeurs depuis le développement de la vape.

La vérité selon la Commission

Ce que n’ont pas manqué de souligner Konstantinos Farsalinos et Konstantinos Poulas, qui ont insisté sur le fait que si les médicaments pour arrêter de fumer étaient disponibles depuis de nombreuses années, il était largement reconnu que leur popularité est faible et leur efficacité limitée.

L’Association allemande du commerce des cigarettes électroniques (VdeH) a également réagi aux observations de la Commission, accusant l’exécutif d’un manque d’expertise.

“Il est très inquiétant que le chef de cabinet du commissaire européen responsable trahisse un tel manque d’expertise. Les cigarettes électroniques ont précisément l’avantage clé de ne pas contenir de tabac, ce qui signifie évidemment qu’aucun tabac n’est brûlé pendant la consommation de ces produits”, a déclaré Michal Dobrajc, président de VdeH.

Mais, hélas, comme toujours, il y a peu de chances que ces arguments soient pris en compte par la Commission européenne, instance dirigeante composée uniquement de fonctionnaires non élus et qui n’ont de comptes à rendre à personne. Comme on dit, il n’y a rien de pire sourd qu’un imbécile obstiné qui ne veut pas entendre.

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