Le déclin du tabagisme actuel se serait accéléré depuis que les cigarettes électroniques sont disponibles, concluent les auteurs.

Le déclin du tabagisme accéléré par la vape

Photo d'une jeune femme qui vapoteL’utilisation croissante du vaporisateur personnel chez les jeunes est une préoccupation majeure aux États-Unis. Depuis plusieurs années, de nombreux organismes de santé, dont la Food and Drug Administration, mettent tout en œuvre pour réduire le nombre de mineurs qui vapotent. Parfois allant jusqu’à lancer des opérations pour le moins surprenantes, telles que la récente collaboration avec Marvel afin de réaliser un court film d’animation présentant la cigarette électronique comme un virus qui se propage et rend les jeunes agressifs et dangereux. Pourtant, une question est toujours éludée par les détracteurs du vapotage : si la vape n’avait pas existé, ces jeunes utilisateurs auraient-ils fumé à la place ? Une interrogation à laquelle a souhaité tenter de répondre une récente étude (1) publiée par des chercheurs de l’Oxford University pour la revue Nicotine and Tobacco Research.

Ses auteurs ont analysé les données provenant d’une recherche américaine réalisée chaque année, appelée Monitoring the future. Ils les ont ensuite utilisées au cœur d’une méthode de calcul très complexe destinée à prédire si oui ou non, les vapoteurs d’aujourd’hui auraient été fumeurs si la cigarette électronique n’avait pas existé. Une méthode de calcul prenant en compte, parmi de nombreux autres critères, des variables sociodémographiques, familiales, liées à l’alcool ou encore à l’école.

Dans leurs conclusions, ils indiquent que jusqu’à 2014, la prévalence tabagique chez les jeunes reflétait celle qui était prévue selon les calculs utilisés. En revanche, à partir des années suivantes, les taux prévus par les calculs auraient toujours été surestimés.

Ainsi, ils expliquent que si l’utilisation d’un vaporisateur personnel par les jeunes a augmenté rapidement, y compris chez les jeunes non-fumeurs, le déclin du tabagisme actuel se serait accéléré depuis que les cigarettes électroniques sont disponibles. De plus, l’utilisation actuelle d’un vaporisateur personnel serait « largement concentrée » chez les jeunes qui partagent les caractéristiques de fumeurs de l’époque où la vape n’existait pas, « ce qui suggère que les e-cigarettes pourraient avoir remplacé la cigarette », expliquent les chercheurs.

San Francisco confirme ces résultats

Si ce genre d’études est à prendre avec des pincettes puisque ses résultats sont basés sur des prédictions, certains indices laissent toutefois penser que celles-ci représentent tout de même une certaine réalité.

Ainsi, il y a quelques jours, une seconde étude (2) est parue dans la revue JAMA Pediatrics, dont l’objectif était d’analyser le taux de tabagisme chez les mineurs de moins de 18 ans entre plusieurs districts des États-Unis et San Francisco, ville ayant interdit le vapotage en 2019.

Si le taux de prévalence tabagique respectait une tendance similaire jusqu’à 2018 (6.2 % à SF et 5,6 % ailleurs), à partir de 2019, année d’interdiction de la vape, une divergence s’est formée. Ainsi, alors que le taux de tabagisme s’est maintenu à San Francisco, il a diminué à 2,8 % dans les autres districts.

Les auteurs concluent ainsi que l’interdiction de la vape à San Francisco est associée à une probabilité de tabagisme plus que doublée chez les mineurs par rapport à d’autres villes n’ayant pas interdit la cigarette électronique.


(1) Natasha A Sokol, ScD, Justin M Feldman, ScD, High school seniors who used e-cigarettes may have otherwise been cigarette smokers: Evidence from Monitoring the Future (United States, 2009-2018), Nicotine & Tobacco Research, 2021;, ntab102, https://doi.org/10.1093/ntr/ntab102

(2) Friedman AS. A Difference-in-Differences Analysis of Youth Smoking and a Ban on Sales of Flavored Tobacco Products in San Francisco, California. JAMA Pediatr. Published online May 24, 2021. doi:10.1001/jamapediatrics.2021.0922

Les dernières études sur la vape

Annonce