Plus de la moitié des défenseurs du vapotage seraient des « alliés » du tabac. Une situation réfutée par une association de défense de l’e-cigarette. Mais a-t-elle entièrement raison ?

Recevoir de l’argent d’un cigarettier fait-il de vous un allié de Big Tobacco ?

Il y a deux semaines, une nouvelle étude (1) réalisée par le University of Bath’s Tobacco Control Research Group a été publiée. Elle s’est penchée sur les différents tweets traitant de la 8e conférence des parties lors de la Convention-cadre de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui s’est déroulée du 1er au 6 octobre dernier. Son but : « analyser les données de Twitter afin de mieux comprendre les tactiques, les arguments et les alliés de l’industrie du tabac » afin « d’influencer » la rencontre.

Après avoir récupéré 9 089 posts qui comprenaient le hashtag COP8FCTC, les chercheurs ont « catégorisé » le contenu et les sentiments de ces tweets, à l’aide d’un codage manuel et d’un algorithme d’apprentissage automatique. Ils ont par la suite « enquêté » sur les auteurs desdits tweets, afin de connaître leurs liens potentiels avec l’industrie du tabac.

Dans ses conclusions, la recherche indique que 54 % des auteurs avaient des liens avec la Foundation for a smoke-free world (FSFW), organisation de défense des produits à risques réduits, financée par… le cigarettier Philip Morris International (PMI).

De quels liens s'agit-il ?
 

Sur 50 défenseurs des produits à risque réduit qu’a repéré l’étude, 23 n’auraient aucun lien avec l’industrie du tabac.

En revanche, les 27 autres seraient membres de l’International Network of Nicotine Consumer Organisations (INNCO), entité ayant reçu une subvention de 100 300 $ de la part de la FSFW en 2018.

Les chercheurs avouent toutefois n’avoir trouvé « aucune preuve » que les membres de l’INNCO étaient « eux-mêmes financés directement » par Philip Morris, ou par l’industrie du tabac.

Enfin, 6 de ces 27 défenseurs auraient des liens directs avec la fondation de Philip Morris, en ce sens qu’ils sont soit employés, membres du conseil d’administration, ou directeurs d’une organisation qui reçoit des fonds de la FSFW.

Suite à la publication de ces résultats, le groupe de défense du vapotage, Consumer Advocacy coalition for Asia Pacific (CAPHRA), a vivement réagi en parlant d’une étude ayant utilisé des « descriptions très inexactes et injustes ».

De plus, Nancy Loucas, directrice exécutive de l’association, n’a pas manqué de rappeler que cette étude a été réalisée par une université ayant reçu des fonds de la part du célèbre activiste antivape, Michael Bloomberg. Une situation qui, selon elle, « a non seulement porté préjudice à la qualité des travaux de recherche », mais a également fait de l’université, « un porte-parole de Bloomberg ».

C’est malheureusement une tentative flagrante de voler la parole aux consommateurs pour que le réseau Bloomberg, auquel les auteurs appartiennent, puisse continuer à influencer les gouvernements afin qu’ils interdisent les alternatives à moindre risque.<span class="su-quote-cite">Nancy Loucas, directrice exécutive de la CAPHRA</span>

Ainsi, la situation est pour le moins délicate. S’il est largement admis que les conclusions des études financées par Bloomberg Philanthropies, sont bien souvent antivape, les résultats de celle-ci peuvent-ils pour autant être balayés d’un simple revers de la main ?

Est-il réellement injuste de catégoriser les quelques adeptes du vapotage qui reçoivent des financements de la part d’un cigarettier, comme des alliés du tabac ?


(1) Robertson L, Joshi A, Legg T, et al – Exploring the Twitter activity around the eighth meeting of the Conference of the Parties to the WHO Framework Convention on Tobacco Control – Tobacco Control Published Online First: 11 November 2020. doi: 10.1136/tobaccocontrol-2020-055889

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