L'Union Européenne aurait-elle une vision équilibrée de la cigarette électronique ?

L’Union Européenne aurait-elle une vision équilibrée de la cigarette électronique ?

Un document publié récemment dans la librairie du parlement européen propose un résumé de la situation en ce qui concerne la cigarette électronique : explication, tendances du marché, évidence scientifique, régulation, points de vue d’experts et parties prenantes, références et législation, tout y passe.

Je dois dire que j’ai ouvert le document avec beaucoup d’appréhension et bonne nouvelle, le contenu n’est pas si terrible que ça, bien au contraire.

Le document PDF (en anglais) créé le 27 mars 2013, a été réalisé par un certain Gregor Erbach que j’ai contacté pour en savoir un peu plus. J’attends toujours une réponse à l’heure où j’écris ces lignes.

Voici le résumé du document tel qu’on peut le lire en première page :

Les cigarettes électroniques (e-cigarettes) fonctionnent sur un principe de vaporisation de liquide à la nicotine. Elles s’adressent à des personnes qui ne veulent pas fumer du tabac, mais ne peuvent pas ou ne veulent pas, surmonter leur dépendance à la nicotine.

Elles sont pour la plupart fabriquées en Chine, et commercialisées en Europe par des petites et moyennes entreprises. Le marché est en pleine croissance.

Face à la variété de produits disponibles sur le marché, il est difficile d’en évaluer la sécurité, mais tout porte à croire que les cigarettes électroniques sont beaucoup moins nocives que les cigarettes de tabac. Les e-cigarettes représentent une certaine promesse pour réduire la consommation de tabac.

Elles sont réglementées différemment selon les États membres de l’Union européenne : soit en tant que produits du tabac ou produits pharmaceutiques, soit en tant que produits de consommation au titre de la directive sur la sécurité des produits.

La Commission européenne a proposé de les réglementer en tant que médicaments dans sa dernière révision de la directive des produits du tabac. Les industriels de la cigarette électronique préfèreraient une réglementation qui la classerait comme produit de consommation ou comme produit du tabac.

Les partisans de l’e-cigarette affirment qu’elle réduit les risques pour le fumeur et son entourage en délivrant de la nicotine sans les effets nocifs de la fumée de tabac.

Ses opposants mettent en garde contre les substances nocives contenues dans les cigarettes électroniques, et soulignent qu’elles peuvent conduire à une dépendance à la nicotine.

L’évidence scientifique

Le document présente également une section nommée “l’évidence scientifique” qui commence par une citation du professeur Michael Russell (1932-2009), psychiatre et chercheur scientifique qui a été l’un des pionniers dans l’étude de la dépendance tabagique et qui déclarait en 1976 : “Les gens fument pour la nicotine mais meurent du goudron.

On retrouve dans cette partie de l’exposé, les propos du professeur Siegel de l’université de Boston qui compare, comme vous le savez, la nocivité des cigarettes électroniques aux substituts nicotiniques vendus en pharmacie, ceux de Christina Gratziou qui avait tenté de démontrer que le produit pouvait produire une certaine résistance des voies aériennes (comprenez difficultés à respirer), et enfin ceux de Schripp sur la qualité de l’air qui concluait qu’il y avait bien une certaine pollution extérieure (vapote passive) mais que le risque pour la santé de l’entourage n’était pas réellement prouvé.

Le document fait également état de l’efficacité du produit en citant quelques unes des différentes enquêtes (Etter et Bullen, Goniewicz, Siegel …) qui ont pu montré qu’il pouvait bel et bien aider les fumeurs à s’éloigner de leur mauvaise habitude, mais reprend dans le même temps les conclusions (un peu trop hâtives à mon goût) du professeur Dautzenberg, qui voit en elle un risque d’initiation au tabagisme chez les jeunes.

Bref le document est assez complet, relativement bien balancé, et résume grosso modo l’état actuel des choses, ce qui montre à priori que les membres de la commission européenne ont tout de même accès à une série de données assez large et relativement “ouverte” sur la question. Encore faut-il que le document circule, étant classé dans la librairie du parlement, je n’ai aucune idée du niveau de son niveau d’accessibilité (a-t-il été diffusé aux membres de la commission ENVI ou a-t-il été juste posé là ?).

Big Pharma gagne du terrain

Pour finir on trouve à la fin du document une carte géographique qui illustre les différentes positions des états membres en ce qui concerne la question de régulation :

La situation de la cigarette électronique en Europe

Comme on peut le voir, le bleu salvateur de Big Pharma occupe une place assez importante et laisse relativement songeur quant à l’avenir du produit dans nos chères contrées.

Je vous rappelle à ce propos que la pétition de l’Association Indépendante Des Utilisateurs de Cigarette Electronique (AIDUCE) est toujours d’actualité si vous souhaitez faire entendre votre voix et proposer au gouvernement de classer la cigarette électronique en tant que bien de consommation destiné aux adultes.

 

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