Le professeur Bertrand Dautzenberg, que l’on pourra difficilement taxer de vulgarité, a utilisé dans un tweet l’expression “fuck news”, que l’on peut traduire par un gros mot. C’est vrai que, dans la vape, ces nouvelles post-système digestif sont légion. Mais comment reconnaître une fake news d’une fuck news ?
Tu ne sais rien, Jean Neige
Dans l’état actuel des choses, vous avez le choix entre deux solutions : soit vous boycottez l’information, et dans ce cas, vous ne savez rien. Soit vous vous informez, et dans ce cas, vous savez des choses fausses. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Denzel Washington, ce n’est pas n’importe qui, il a eu deux Oscars.
D’un côté, donc, nous avons ce qu’il est coutume d’appeler les no news. C’est-à-dire que vous ne savez pas que des petites souris meurent empoisonnées par des vapeurs de cigarettes électroniques, mais que les fabricants de pièges à souris prétendent que non pour ne pas tuer le marché. Il est même des cas extrêmes de gens qui ne savent pas que la vape existe. C’est ce qu’on appelle les no no news ou, plus plausiblement, les dead news, à cause du refus des livreurs de journaux d’effectuer leur tournée dans les cimetières. Quelle mauvaise volonté.
De l’autre, donc, nous avons les news pas vraies, donc, soit du type fake news, soit du type fuck news. Quel distinguo pouvons-nous faire entre ces deux types d’informations ?
Les fake news sont des informations relatées sous une forme plausible, mais dont une partie ou l’intégralité est erronée et induit celui qui en prend connaissance en erreur. Par exemple, “si vous vapotez, vous allez mourir dans d’atroces souffrances en faisant argh, argh”.
Les fuck news sont des informations qu’on dirait vraies, mais en fait elles sont totalement bidon. Par exemple, “la vape va vous faire mourir de manière très douloureuse en émettant des râles inconvenants”.
Dans leurs buts, fake news et fuck news sont assimilables à la méthode de la péripatéticienne du bouton gauche, abrégé “putaclic”. Par exemple, “Elle meurt presque après avoir vapé trois semaines” dans un journal sponsorisé par l’industrie du tabac.
Mais quel est ce pli soucieux qui barre votre front d’ordinaire si serein ? Ce n’est pas clair ? Allez, décontractez vos muscles faciaux, je m’en voudrais que cet article vous fasse prématurément rider.
Non, pas rider comme dans le mot anglais qui veut dire “je prends une planche de snow board pour aller dévaler les pentes enneigées de l’Annapurna à fond à fond à fond”. Rider comme le truc qui vous arrive quand vous devenez vieux parce que vous n’êtes pas mort prématurément en allant faire l’andouille sur les pentes enneigées de l’Annapurna.
Fake et fuck sont en bateau
Globalement, on peut dire que les fake news sont des informations identifiées comme fausses par des gens qui s’y connaissent, du fait de leur niveau d’éducation et d’érudition. Alors que les fuck news c’est des trucs, on voit de suite que c’est du pipeau, parce que le gars qui voit ça, il sait de quoi il cause, mais il est moins poli.
Par exemple, une fake news, c’est dire que la vape donne le cancer du poumon aux hommes. Cette information, d’importance cruciale, est immédiatement scrutée de près par la communauté scientifique, qui va y pointer certaines erreurs et approximations, pour finir par dire qu’il est impossible, en l’état, de l’affirmer. Donc, dire péremptoirement que la vape donne le cancer du poumon est une information fausse.
A contrario, une fuck news, c’est dire que la cigarette-tabac ne donne pas le cancer du poumon aux femmes. Outre son sexisme affirmé, pas besoin de la débunker, on sait depuis longtemps que la cigarette-tabac n’est ni sexiste ni raciste, elle tue tout le monde, elle s’en fout.
Toutes mes excuses, professeur
Attendez, on me signale que le professeur Dautzenberg vient de débunker, à l’insu de son plein gré, ma théorie précédente : c’est justement lui qui a qualifié l’article affirmant que la cigarette ne donnait pas le cancer aux femmes de fuck news. Or, vous en conviendrez, s’il est bien une personne bien élevée, c’est lui.
Mais alors, quelle mouche l’a piqué d’assimiler de manière aussi triviale information et excrétion, qui ne riment que par hasard ?
C’est là que la lumière s’est faite : une fake news et une fuck news, c’est quasiment la même chose. Le problème ne vient pas, comme on dit en philosophie, de la nature intrinsèque du sujet, mais de la temporalité de son examen.
En fait, une fuck news, c’est une fake news qui arrive après plein d’autres fake news qui ont épuisé vos ressources de patience et, du coup, quand celle-ci vous parvient, VOUS EN AVEZ MARRE D’ÊTRE POLI, BORDEL !