La semaine dernière, l’observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) a publié un nouveau rapport s’intéressant à l’évolution récente du tabagisme et des arrêts du tabac en France. Baisse des ventes de tabac chez les buralistes, diminution du nombre de fumeurs, augmentation des ventes de substituts nicotiniques et accroissement du marché de la vape, retour sur les chiffres les plus importants.
Les ventes de cigarettes et de tabac à rouler en nette diminution
Suite à cette augmentation des taxes, et donc du prix de vente, l’organisme indique que le coût moyen d’un paquet de 20 cigarettes s’établissait alors à 7,90 €, et 10,50 € pour un paquet de 30 grammes de tabac à rouler. Des tarifs bien éloignés des 10 € que nous connaissons aujourd’hui, mais qui auraient tout de même fait leur petit effet sur le portefeuille des fumeurs à l’époque.
En effet, cette année-là, le rapport note que les ventes de tabac dans le réseau des buralistes en France continentale se seraient élevées à 49 740 tonnes, soit une diminution de 8,8 % par rapport à l’année précédente qui comptait le même nombre de jours de livraison. Une tendance également observée en Corse puisque l’île de beauté aurait quant à elle vu ses ventes de tabac diminuer de 7,6 % par rapport à 2017.
Comme l’indique le document, ce décrochage des ventes du tabac en France est le plus élevé enregistré au cours des 4 dernières années.
Cependant, les ventes des autres types de tabacs (cigares, cigarillos, tabac à pipe et à narguilé, tabac à priser et à mâcher, etc) auraient enregistré une augmentation de 3,8 % en 2018, après avoir diminué de 23 % entre les années 2010 à 2017. Un fait qui pourrait s’expliquer selon l’auteure, par une possible « stratégie de report d’un produit à l’autre » suite à la réduction sensible de l’écart de prix au gramme entre les cigarettes et le tabac à rouler, afin de privilégier les produits similaires les moins taxés, et donc les moins chers.
Le marché de la vape continue sa croissance
Utilisant les chiffres de la revue PGVG magazine, destinée aux professionnels de la vape, l’OFDT indique que le nombre de boutiques spécialisées (vape shop) s’établissait à 2 811 pour l’année 2018. Un chiffre en augmentation de 7,5 % par rapport à l’année précédente.
Selon le cabinet d’études Xerfi, le marché de la vape représentait alors près de 820 millions d’euros en 2018, soit une augmentation de 21 % par rapport à 2017.
Le rapport de l’OFDT indique également que le taux de prévalence d’usage de la cigarette électronique serait resté stable en 2017 par rapport à 2016, avec 3,8 % des Français âgés de 18 à 75 ans qui utiliseraient une vapoteuse, dont 2,7 % quotidiennement. L’observatoire français des drogues et des toxicomanies note ainsi que si « la baisse de la consommation de tabac ne semble donc pas être liée à l’augmentation du recours à ce produit (…) il est possible que les vapoteurs soient devenus de plus en plus exclusivement usagers de la cigarette électronique, une évolution déjà observée entre 2014 et 2016, ce qui viendrait participer au recul du nombre de fumeurs dans la population française ».
Les ventes de substituts nicotiniques augmentent
Parallèlement à la diminution des ventes de tabac, le rapport de l’OFDT a observé une forte hausse des ventes de traitements d’aide à l’arrêt du tabac. Ces dernières auraient ainsi grimpé de près de 25 % entre les années 2017 et 2018, avec 3 413 896 « patients traités » contre 2 726 417 l’année précédente.
Une évolution qui conduit ainsi au fait que le nombre de personnes ayant suivi un traitement d’aide à l’arrêt du tabac aurait doublé entre 2014-2015 et 2018, années marqués par « un déclin des substituts nicotiniques au profit de la cigarette électronique » selon l’auteure.
2018, une « année marquante » pour la marché du tabac
Dans ses conclusions, le rapport de l’OFDT indique que 2018 aura été une « année marquante » pour le marché du tabac.
Diminution des ventes de cigarettes dans le réseau buraliste français, augmentation des ventes d’autres produits du tabac ayant une fiscalité plus avantageuse, accroissement du nombre de fumeurs ayant recours à un médicament d’aide à l’arrêt du tabagisme, oui, pour l’auteure, 2018 aura été une bonne année puisque « tous les indicateurs relatifs à l’arrêt du tabac progressent nettement ».
Et si le document note que le nombre d’usagers de la cigarette électronique « est resté stable entre 2016 et 2017 », il explique aussi qu’il pourrait s’agir de plus en plus d’utilisateurs exclusifs qui ne fument plus du tout de tabac, et qu’il pourrait ainsi participer au « recul des ventes et de la prévalence tabagique ainsi qu’à l’essor du marché de l’e-cigarette ».
(1) Tabagisme et arrêt du tabac en 2018 – Aurélie Lermenier-Jeannet, OFDT
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