Dans un article paru le 1er avril dans La Presse.ca (un April Fool de nos cousins peut être), Imperial Tabacco via la prise de parole de sa PDG Marie Polet défend le vaporisateur personnel sous couvert de préserver la santé de la population. Mais pour être crédible, encore faudrait-il que la société stoppe ses ventes de tabac.

Rappel de la législation canadienne sur l’ecig

La cigarette électronique avec nicotine est interdite mais elle n’est pas illégale. Au Canada, on appelle ça une zone grise. La loi canadienne considère la nicotine comme une drogue mais tolère des exceptions : les timbres, les gommes, les pastilles et les inhalateurs pourvu qu’ils délivrent moins de 4 milligrammes de nicotine par inhalation.

Chez les canadiens on connaît quelques fervents défenseurs de la cigarette électronique, comme le Dr Martin Juneau qui pense, je cite : ” La nicotine rend dépendant, mais c’est le tabac qui tue!“. Directeur de la prévention à l’institut de cardiologie de Montréal, le cardiologue est un ardent défenseur de la cigarette électronique, car pour lui, il n’y a rien de pire que la cigarette traditionnelle, qui contient près de 5000 produits toxiques cancérigènes, et tue la moitié de ses consommateurs.

La patronne d’Imperial Tabacco au Canada (7,2 milliards CAN de bénéfices nets en 2013), Marie Polet s’insurge sur les pratiques gouvernementales qui ne facilitent pas la vente de produits contenant moins de nicotine comme la cigarette électronique.

Vendre un problème et sa solution

Si M. Mario Bujold, directeur général du Conseil québécois sur le tabac et la santé, a raison de dire que les intérêts d’Imperial Tabaco sont certainement beaucoup plus mercantiles que ce que Mme Pollet veut nous faire croire (en nous faisant passer pour des lapins de garenne en nous endormant comme des poules avec des sermons bienveillants), il devrait aussi et quand même nuancer ses propos lorsqu’il contre-attaque en avançant qu’aucune étude scientifique ne prouve que l’ecig ou le snus font reculer le tabac. Car nous pouvons, en tout état de cause, avancer avec une certitude absolue et sans vergogne que le tabac continue de tuer en toute impunité. Il le dit d’ailleurs lui-même : « Le tabac est le seul produit de consommation qui tue un consommateur sur deux lorsqu’on l’utilise tel que recommandé. C’est la réalité.»

Mais visiblement ça ne suffit pas.

Car le tabac rapporte et rapporte gros, à la fois à l’industrie du tabac mais aussi aux gouvernements, percevant des revenus fiscaux pharamineux, colossaux, vertigineux…D’ailleurs Mme Polet en parle aisément « le hic vient des gouvernements qui sont accros aux revenus du tabac ». Pas d’eux.
Et pendant ce temps-là, les millions de consommateurs / vapoteurs qui veulent décrocher ou ont décroché du tabac doivent continuer à se battre pour sortir la cigarette électronique des produits du tabac.

La faute aux autres

Pas nous pas nous … entend-on comme pour se mettre à couvert. À couvert de quoi ? De leurs responsabilités bien entendu. Ce n’est pas leurs fautes, c’est celle des autres. En quête de liberté/vérité (consommateurs, libérez-vous du joug de l’état surprotecteur, ne vous laissez plus dire quoi faire, vapotez – ou fumez si vous voulez – nos produits) Marie Pollet dénonce le gouvernement canadien le qualifiant de surprotecteur.

Mettons cela sur le compte de la jalousie, car comme le déclare Marie Polet, les États hébergeant British American Tabacco (maison mère d’Imperial Tabacco) sur leurs territoires percevraient 60 Milliards CAN par an de revenu fiscal contre seulement 28,1 milliards CAN de revenu pour la firme au Canada. C’est vrai quoi… pas juste.

Mme Polet en femme avisée, désigne (certes, sourire en coin comme le précise le journaliste) un autre responsable en termes de santé publique, tout aussi punissable que le tabac et pointé du doigt par l’OMS : le sucre, dont la consommation est beaucoup plus répandue.

Mince, j’ai un serial killer dans mon placard de cuisine…

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