Gérant des trois boutiques Brume Expérience à Québec, Emmanuel Vandal raconte l’évolution de ses conditions de travail depuis l’application de la loi 44 au Québec, fin 2015. Dans un contexte difficile, il garde son humour et la foi dans la vape.

Quel est le principal aspect négatif de la loi 44 sur votre commerce ?

C’est l’impossibilité de faire tester les e-liquides en boutique. Surtout que Brume Expérience avait misé sur un large choix. On a eu beaucoup de liquides qui ont expiré de ce fait-là, puisque les vapoteurs sont devenus plus réticents à acheter de nouvelles saveurs. C’est aussi plus compliqué de convertir de nouveaux vapoteurs puisqu’ils ne peuvent plus tester en boutique. On peut toujours leur faire goûter une goutte mais le ressenti est évidemment très différent. Le plus déplorable, c’est qu’on ne peut plus les accompagner lors des premières bouffées pour leur expliquer comment vapoter. C’est compliqué aussi de remplacer du matériel défaillant, puisqu’ils reviennent parfois un mois après en nous disant qu’il n’a jamais marché.

Quel est l’impact sur votre chiffre d’affaires ?

Il a énormément diminué, on a facilement perdu 30 % du chiffre d’affaires. Du coup, on a décidé d’ouvrir une nouvelle boutique pour compenser cette baisse.

Quelles autres solutions avez-vous trouvées pour diminuer les effets négatifs de cette loi ?

C’est très difficile, on est plus en mode réaction. On essaie de promouvoir l’entreprise par le bouche-à-oreille.

Vous utilisez toujours les réseaux sociaux ?

Oui, mais on n’a le droit d’utiliser que le mot “article pour vapoteur”, que ce soit pour nommer une box, un atomiseur, un e-liquide, un drip tip, etc., ce qui limite considérablement notre marge de manœuvre. On va faire une vidéo comique pour dénoncer cela en disant “Pour utiliser votre article pour vapoteur, vous dévissez votre article pour vapoteur puis vous remplissez votre article pour vapoteur, etc.” Ça en devient ridicule ! On a dû aussi désactiver les commentaires puisque les internautes ne peuvent plus dire qu’ils ont aimé un liquide par exemple, puisque c’est considéré comme un produit du tabac, et on devrait payer une amende.

Vous espérez un assouplissement de la loi grâce à la nouvelle loi sur la cigarette électronique ?

Ce qui est le plus dérangeant, c’est que dans la première version, les saveurs “attractives” pour les enfants ne pouvaient pas être mentionnées, dans la seconde version, elles ne pourront simplement plus être utilisées. On se dirige vers un encadrement encore plus restrictif.

Quelles saveurs sont concernées ?

Les saveurs gourmandes, bonbon, cannabis et boissons énergétiques. On va devoir vendre des e-liquides au céleri et au brocoli (rires).

Vous ne perdez pas votre sens de l’humour !

Non, nous on part du principe qu’on va rester debout et qu’on va continuer.

Vous n’êtes donc pas optimistes concernant ce nouveau projet de loi ?

C’est en pourparlers, mais des experts sont en train d’être empêchés de s’exprimer lors de la consultation publique. En plus, ce n’est pas parce qu’ils vont être entendus, qu’ils vont être écoutés. J’espère surtout qu’on aura plus de liberté pour communiquer sur la cigarette électronique, c’est ce qui nous gêne le plus pour développer la vape au Canada.

Au niveau juridique, où en êtes-vous ?

Le recours de l’Association québécoise des vapoteries (AQV) suit son cours, notre avocat est très optimiste sur la décision que la Cour devrait rendre pour différencier les produits de la vape de ceux du tabac, mais ce n’est évidemment pas garanti.

Comment ont évolué les habitudes des vapoteurs ?

C’est surtout la propension à parler favorablement de la cigarette électronique qui a changé. Avant, ils étaient fiers de dire qu’ils étaient vapoteurs, aujourd’hui avec la désinformation, on est arrivé à un stade où ce sont les fumeurs qui agressent les vapoteurs, en leur disant que c’est dangereux.

Vous voyez arriver de nouveaux vapoteurs en boutique ?

Il y en a encore, mais ils sont beaucoup moins nombreux. Mais il faut de plus en plus les rassurer, leur expliquer, et c’est de plus en plus compliqué. Mais je reste confiant, les vapoteurs gagneront avec le temps. Dans 200 ans, la cigarette de tabac n’existera plus.


Pour aller plus loin lire tous nos articles sur la situation de la cigarette électronique au Québec.


Merci à Brume Experience d’avoir répondu à nos questions.
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Site web : http://www.brume.ca

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