Petit retour sur le rapport du comité européen, accompagné d’un exemple destiné à faire comprendre en quoi il est révoltant.

Toutes les études semblent ne pas avoir été réellement lues

Tout à l’heure, nous avons publié un article rapportant les conclusions du dernier rapport du Scientific Committee on Health, Environmental and Emerging Risks (SCHEER) concernant la cigarette électronique. Un rapport qui pourrait servir de base à la révision prochaine de la TPD.

Si dans cet article, nous nous nous sommes contentés de reprendre les dires de ses auteurs, j’aimerais maintenant vous raconter plus en détail, pourquoi ce rapport est tout simplement scandaleux. Parce que oui, bien qu’il comprenne 72 pages de texte et plus de 50 de références scientifiques, je l’ai lu, en entier. C’est ça le boulot de journaliste.

Ce qu’il faut bien comprendre à propos de ce document, c’est que ses conclusions n’ont absolument rien à voir avec son contenu.

Laissez-moi vous donner un exemple concret :

Aux pages 70 et 71, le comité s’est intéressé au rôle de la cigarette électronique dans le sevrage tabagique. Les auteurs indiquent avoir étudié plusieurs travaux scientifiques.

Le premier dont ils parlent est une analyse Cochrane (Hartmann-Boyce, 2016) qui s’est intéressée à 24 études (3 essais randomisés contrôlés dont 2 étaient éligibles à une méta-analyse et 21 études de cohorte), dont les conclusions sont, je cite, qu’il « existe des preuves que la cigarette électronique aide les fumeurs à arrêter de fumer sur le long terme, comparé à des cigarettes électroniques placebo ».

Le second travail scientifique étudié (Malas et Al., 2016) s’était quant à lui penché sur 24 études et en arrivait à la conclusion que les preuves que la cigarette électronique aide à arrêter de fumer vont de « très faibles à faibles ».

La troisième recherche (Hajek, et al., 2019) était celle dont nous vous avions parlé dans le VapingPost, qui arrivait à la conclusion que le vapotage est près de deux fois plus efficace que les autres substituts nicotiniques pour arrêter de fumer.

Enfin, la dernière étude consultée (Walker et al., 2020) provenait de Nouvelle-Zélande et concluait que les fumeurs qui cherchaient à arrêter de fumer avec la vape étaient « plus susceptibles » d’être abstinents après 6 mois, que ceux qui avaient tenté un sevrage tabagique à l’aide de patchs de nicotine seuls, ou de patchs de nicotine + de cigarette électronique sans nicotine (7 % d’abstinence pour les vapoteurs, contre 4 % et 2 % pour les deux autres groupes).

En bref, sur 4 recherches étudiées, 3 expliquent que la vape aide à arrêter de fumer, et 1 rapporte que non. On notera d’ailleurs que les auteurs de la seule étude négative dans le lot ont pourtant bien précisé dans leur travail que « bien que les travaux étudiés soient non-concluants à cause de leur faible qualité, la littérature existante suggère quand même que le vapotage peut aider à arrêter de fumer ». Une étude qui se révèle alors ne pas être aussi négative qu’elle n’y paraît au premier abord.

Des conclusions sans rapport avec celles des études rapportées

Nous l’avons vu ci-dessus, le comité semble avoir consulté 4 études sur le sujet, qui tendent toutes à prouver que le vapotage aide à arrêter de fumer.

Cependant, il ne s’est pas contenté que de ça. En effet, il rapporte également les conclusions du récent rapport du Surgeon Général (organisme américain).

Le comité européen explique alors que si ce rapport note que les preuves sont « inadéquates pour affirmer que les e-cigarettes, en général, aident à arrêter de fumer », il explique aussi que ces mêmes preuves le « suggèrent » mais « ne sont pas suffisantes » pour l’affirmer.

Nous passerons sur le fait que de très nombreuses études ont déjà prouvé que vapoter aide réellement à arrêter de fumer. Cependant, nous ne passerons pas sur le fait que les conclusions de ce rapport laissent planer le doute. Le document lui-même, et le comité européen le note, explique que des preuves « suggèrent » que la cigarette électronique est un outil de sevrage tabagique efficace.

Ainsi, si l’on devait résumer, le Scientific Committee on Health, Environmental and Emerging Risks, chargé de réaliser le rapport sur le vapotage pour la commission européenne, a vérifié 4 études, dont 3 qui prouvent que vapoter aide à arrêter de fumer, et une qui explique que non, mais quand même, que les études existantes tendent à laisser penser que oui.

Et un rapport américain qui, lui aussi, explique que vapoter ne semble pas aider à arrêter de fumer, mais que, quand même, des preuves le suggèrent.

Bref, TOUS les travaux scientifiques dont parle le comité expliquent que vapoter aide à arrêter de fumer, et lorsque ce n’est pas aussi clair, les études le suggèrent.

Comment expliquer alors, que dans ses conclusions finales, le comité note :

« A propos du rôle des cigarettes électroniques dans le sevrage tabagique, le comité conclue les éléments de preuve en faveur des cigarettes électroniques sont faibles ».

Interpelé par le fossé entre le contenu du rapport et ses conclusions ? Eh bien sachez que cet exemple concernant l’efficacité du vapotage dans le sevrage tabagique, se répète pour tous les autres points étudiés par le rapport. Peut-être, les membres du SCHEER, devraient demander aux chercheurs du Royaume-Uni, comment réaliser un rapport sur la vape.

 

Cet article d’opinion n’engage que son auteur & ne représente pas forcément l’avis de toute la rédaction du VapingPost.

 

La rédaction du VapingPost se laisse aller

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