Une récente étude américaine s’est penchée sur les émissions de particules d’un mégot de cigarettes. Selon ses résultats, le mégot d’une cigarette pourrait émettre autant de nicotine dans l’air en cinq jours qu’une cigarette allumée.

En 24h, un mégot émettrait 14 % de la nicotine d’une cigarette allumée

Chaque année, on estime le nombre de mégots de cigarettes jetés par les fumeurs du monde à environ 5 billions, soit 5 000 milliards. Si leur impact sur l’environnement a d’ores et déjà été largement étudié par la science, les émissions de produits qu’ils peuvent potentiellement continuer de dégager restent largement méconnues. Afin d’offrir une première réponse à cette question, des chercheurs du National Institute of Standards and Technology (NIST) ont décidé d’étudier (1) leurs « émissions atmosphériques ».

Pour ce faire, l’équipe de Dustin Poppendieck, chercheur au sein du NIST, a conçu une machine destinée à reproduire la façon dont sont consommées les cigarettes par des fumeurs humains. Ont ensuite été « fumées » par ladite machine, 2 100 cigarettes (au cours de 10 expériences différentes) qui ont ensuite été éteintes et placées dans une chambre en acier spécialement conçue afin de « caractériser les émissions en suspension dans l’air ». Tout au long de l’expérience, l’environnement à l’intérieur de la chambre a été modifié, afin de déterminer si des différences de températures ou d’humidité pouvaient avoir une influence sur les taux d’émission des mégots. Des calculs ont été réalisés pour des groupes de 18, 27 et 36 mégots. Durant l’expérience, les chercheurs se sont penchés sur les émissions de 8 des centaines de substances chimiques généralement émises lors de la consommation d’une cigarette : styrene, 2‐methyl‐2‐cyclopenten‐1‐one, naphthalene, triacetin, et la nicotine.

Première remarque des chercheurs, la plupart des produits chimiques émis par les mégots l’ont été dans les premières 24h suivant leur « écrasement ». Toutefois, les concentrations dans l’air de nicotine et de triacétine étaient encore d’environ 50 % de leur niveau initial cinq jours après. Les concentrations des autres produits étudiés n’étant plus que de 10 % de leurs émissions initiales suite à cette période.

Seconde remarque des chercheurs, selon leur expérience, il semblerait que plus la température de la chambre soit élevée, plus les émissions des produits le soient également. Ainsi, les scientifiques ont noté les taux d’émission de triacétine et de nicotine à 25°C étaient 1,6 à 2,2 fois supérieures que celles enregistrées à 20°C.

Dans ses conclusions, l’équipe de D.Poppendieck indique que « la nicotine provenant d’un mégot pourrait atteindre 14 % de la masse émise par une cigarette allumée, par conséquent, la masse de nicotine émise par un mégot sur cinq jours pourrait être comparable à la masse de nicotine émise par la fumée principale (…) en particulier à des températures plus élevées ».

L’auteur note ainsi :

« On pourrait penser qu’en ne fumant jamais dans votre voiture en présence d’enfants, vous protégez les non-fumeurs ou les enfants autour de vous. Mais si le cendrier de votre voiture chaude est rempli de mégots qui émettent ces produits chimiques, alors il y a une exposition à ces produits ».


(1) M. Gong, N. Daniels, D. Poppendieck. Measurement of chemical emission rates from cigarette butts into air. Indoor Air. Available online in preprint format on Jan. 18, 2020. DOI: 10.1111/ina.12648

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