Qu’on le veuille ou non, le primovapoteur est la clef de voûte de la vape. Renouvelant les effectifs de ceux qui se sont libérés de la nicotine ou gage de croissance, ils se font très discrets, depuis la Covid. Sont-ils de retour, et si non, pourquoi ?

La vape est timide

Y'a-t-il de moins en moins de nouveaux vapoteurs ?

Y’a-t-il de moins en moins de nouveaux vapoteurs ?

De l’avis général, les primovapoteurs sont de moins en moins nombreux. Dans quelle mesure est-ce vrai et, si c’est vérifié, pourquoi ? Sachant qu’une réponse comme “la Covid” ne suffit plus.

Et curieusement, les boutiques contactées, un peu partout à travers la France, sont timides sur le sujet. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’on n’a pas envie que les concurrents apprennent qu’untel a moins de primos qu’untel, et que ça donne l’impression d’une boutique qui a mauvaise réputation ou qui ne fait pas du bon travail.

Alors globalement, “Ça va, on est content”, ce qui veut tout et rien dire. Peut-être la dizaine de boutiques sélectionnées aléatoirement à travers la France sont-elles toutes tenues par de grands timides, allez savoir, le hasard.

Aller à la source

Le temps est donc venu de faire un peu de journalisme de terrain. Chaussures confortables, petite laine pour affronter les derniers frimas de l’hiver, et nous partons enquêter où se trouvent les futurs primos potentiels : sur le trottoir, en face des bureaux de tabac.

Plus précisément à Brest, où nous nous installons successivement dans trois quartiers différents, face à des tabacs connus et fréquentés de la ville. Un tabac/journaux pur et dur, et deux bars-tabacs. Après s’être rendu dans l’établissement, et correctement présenté, par courtoisie.

Sylvain, la quarantaine, est le premier alpagué. Lorsqu’on lui demande, en tant que fumeur, pourquoi il n’a pas opté pour la vape, il répond, surpris, qu’il est vapoteur. “Simplement, je n’arrive pas à me passer de trois cigarettes, la première du matin, celle du midi et celle du soir, après dîner. Mais ma consommation a déjà bien baissé”, se félicite-t-il. Pourquoi ne cesse-t-il pas définitivement de fumer ? “Je n’arrive pas à franchir le pas, trop de soucis au travail, les enfants, tout ça…”

Daniel existe. On pourrait croire que c’est un archétype, mais pourtant il existe bel et bien. Ce sexagénaire est sorti s’allumer une brune devant le bar où il consomme une boisson anisée. “Je vape pas, parce qu’on ne sait pas tout ce qu’il y a dedans, et ce que ça fait à long terme.” Mais on sait ce qu’il y a dans sa cibiche, et ce que ça lui fait, à court, moyen et long terme. “Ouais, mais ça, c’est du tabac brun, c’est prouvé que c’est moins nocif”, rétorque-t-il. Non, mais inutile d’insister.

Madeleine, la cinquantaine, exhibant son paquet de cigarettes, explique qu’elle a essayé la vape, il y a quelques années. “Mais ça fuyait, ou alors, ça avait le goût de coton brûlé…” et de se lancer avec force détails dans les avanies subies avec… son eGo-T et son Stardust. Intéressée, elle m’écoute lui parler des progrès du matériel, je lui montre mon setup, et lui explique, à sa demande, où se trouve la bonne boutique de vape la plus proche. Elle s’y dirige après avoir pris congé.

Désinformation et manque de motivation

Maéva a 20 ans, avec un grand sourire, elle explique que la vape, “ça lui prend la tête”, elle oubliait toujours de recharger sa batterie (contrairement au smartphone vissé à sa main, visiblement), ou sa résistance lâchait systématiquement au pire moment. Au moins, “la clope, c’est simple”.

Enfin, on restera sur la réponse la plus généralement obtenue, et la plus désespérante : “Pour l’instant, ce n’est pas le bon moment, mais quand je déciderai d’arrêter, moi, ça sera sans la vape, ça donne le cancer comme la cigarette, tous les journaux le disent” et sa variante “C’est déjà assez difficile comme ça d’arrêter la cigarette, je ne vais pas me créer une dépendance en plus !”

Dernière observation, beaucoup de fumeurs ont tenté la vape, avant de se replonger dans le tabac. Souvent, les arguments donnés sonnent faux, et on sent que c’est surtout le prétexte donné par celui qui n’a pas envie, finalement, d’arrêter.

Plus grave, en au moins deux occurrences, le fumeur avait été mal conseillé. Comme cette boutique vendant un setup pour la vape à 100 W et un liquide en 3 mg/ml pour une femme qui fume 25 cigarettes par jour. Mais, au moins, on a notre réponse : où sont les primos ? Chez les buralistes, en train d’acheter des clopes.

La vape, cette grande communauté

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