Le ministère de la santé indien vient d’annoncer sa volonté de classifier les produits de la vape en tant que « drogue ». Il souhaite ainsi les interdire complètement.
Une nouvelle étude à charge contre la nicotine
Ainsi, d’ici peu, le ministère de la santé devrait classifier les produits du vapotage comme des « drogues », en vertu du Drugs and Cosmetics Act. Une réglementation qui les rendraient alors illégaux.
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement indien tente d’interdire le vapotage. Plus tôt cette année, au mois de mars, les autorités locales avaient d’ores et déjà tenté d’interdire les produits de la vape. Une tentative qui avait échoué suite à une décision de la Haute Cour de Delhi qui avait indiqué qu’il n’existait « aucune base légale » pour appuyer cette volonté. Toutefois, si le gouvernement décide de classifier les cigarettes électroniques comme une drogue, alors la base légale nécessaire à leur interdiction existera.
Un gouvernement qui ne lit que ce qui l’intéresse
Concrètement, l’étude sur laquelle se base le gouvernement afin d’interdire la vape, s’est penchée sur les effets de la nicotine sur le cerveau.
Sans rentrer dans le détail, une simple lecture suffit à se rendre compte que l’Inde semble prendre en compte, uniquement les phrases qui l’intéressent.
En effet, juste avant le paragraphe « limitations of the study », nous pouvons lire que « ces observations sont susceptibles de concerner tout produit contenant de la nicotine ».
Tout produit contenant de la nicotine, c’est-à-dire les produits de la vape, certes, mais aussi les cigarettes de tabac ou encore les médicaments d’aide au sevrage tabagique.
Pourtant, il s’agit bien de la vape uniquement que le ministère de la santé souhaite interdire.
Incompréhension des associations de vape… et même des cigarettiers
Suite à cette annonce, Jay Mehta, président de l’Indian Vaping Industry Association, a indiqué qu’interdire le vapotage reviendrait à « demander aux gens d’abandonner une vie plus saine et de recommencer à fumer des bâtons de cancer ». Etonné de cette récente décision, il va même jusqu’à se demander si elle n’est pas en fait « une mesure de contrôle de la population ».
Même les cigarettiers semblent tomber des nues suite à cette nouvelle.
Danny Carroll par exemple, ambassadeur de la marque Gurkha Cigars, a ainsi déclaré que « la classification des cigarettes électroniques comme stupéfiants est très probablement motivée par le désir du gouvernement de protéger les recettes fiscales perçues sur le tabac ». Des recettes qui, selon lui, auraient été « érodées en raison du passage des fumeurs de cigarettes traditionnelles aux cigarettes électroniques ».
Il ajoute :
« Je n’ai entendu parler d’aucune recherche scientifique qui conclut que la nicotine contenue dans les cigarettes électroniques est plus ou moins nocive que la nicotine contenue dans le tabac ».
Pourtant, le ministère de la santé indien s’apprête bel et bien à interdire le vapotage sous prétexte que la nicotine contenue dans les produits de la vape est plus nocive que celle contenue dans les cigarettes de tabac. Des cigarettes de tabac qui, naturellement, resteront en vente libre, toujours très faiblement taxées.
Interrogé à ce sujet, le gouvernement local n’a pas souhaité répondre. L’un de ses représentants s’est contenté de dire que « la nicotine contenue dans les cigarettes normales est dans les limites permises ».
L’Inde, un pays meurtri par le tabagisme
En 2016 par exemple, pas moins de 82,12 milliards de cigarettes y ont été fabriquées.
L’année précédente, on estimait à plus de 83 millions, le nombre de fumeurs quotidiens dans le pays. Un chiffre impressionnant qui représente environ 17,3 % de la population, mais également un gain de près de 390 000 000 000 de roupies pour l’Etat chaque année. Soit un peu plus de 5 milliards d’euros, par le biais des taxes imposées sur les cigarettes, à hauteur de 26 %.
En Inde, chaque semaine, ce ne serait pas moins de 13 452 personnes qui mourraient de leur tabagisme, soit près de 700 000 par an. Un chiffre qui n’a pas l’air d’affoler un gouvernement qui semble préférer continuer d’engranger des recettes, plutôt que de se préoccuper de la santé publique.
[1] Zahedi, Atena, et al. “Mitochondrial Stress Response in Neural Stem Cells Exposed to Electronic Cigarettes.” IScience, Elsevier, 28 May 2019, https://doi.org/10.1016/j.isci.2019.05.034
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