Les professionnels de l'e-cigarette sont accusés de faire du lobbying. Mais où sont les costards ?

Les professionnels de l’e-cigarette sont accusés de faire du lobbying. Mais qui tirent vraiment les ficelles ?

Face aux lobbyings extrêmement puissants que représentent l’industrie pharmaceutique, les pharmacies et l’industrie du tabac, les acteurs de la cigarette électronique s’organisent pour faire entendre leurs voix.

Au regard de la croissance spectaculaire du chiffre d’affaire généré par la vente de cigarette électronique (plus de 100 millions d’euros selon Allodocteurs), ses concurrents directs fabricants et vendeurs de tabac, de patchs et de gommes nicotiniques s’inquiètent pour leurs intérêts, chacun mettant en avant ses propres arguments. Mais face à leur puissance de feu, les acteurs de la cigarette électronique souhaitent eux aussi se faire entendre pour que les débats au parlement européen en octobre prochain soit le plus équitable possible.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, les acteurs de l’industrie de la cigarette électronique (CACE) ont engagé l’agence de communication Havas qui a pour mission d’épauler l’association pour informer, et non influencer (comme voudrait le faire entendre allodocteurs.fr), les dirigeants et politiques sur le rôle que joue ce nouvel acteur économique.

Créateur d’emplois (plus de 2000 emplois) mais aussi de bien-être (réduction des risques ou sevrage au tabac réussi), le marché de la cigarette électronique ne peut en aucun cas être comparé à celui du tabac ou des médicaments pour des raisons évidentes et légitimes.

L’agence Havas a aussi pour mission d’assister le CACE dans ses démarches auprès des dirigeants afin de faire valoir son professionnalisme (centre de formation, contrôle qualité, responsabilité publicitaire, interdiction de vente aux mineurs, etc.) et sa volonté de participer à l’élaboration des lois qui le concernent.

Mais qui sont ces lobbyistes qui souhaitent imposer leur réglementation ?

En premier lieu, l’industrie du tabac qui a elle seule génère avec ses taxes 10 milliards d’euros pour l’état français, une manne dont le gouvernement n’est pas prêt à se passer dans le contexte actuel.

Dans son obstination à vouloir convaincre les pouvoirs publics du bien fondé de leur raisonnement, l’industrie du tabac en a oublié son éthique et a invité 42 députés parlementaires amateurs de Havane, à participer à un déjeuner dont le montant des dépenses s’élevait à 10 000 euros. Déjeuner au cours duquel l’industrie du tabac a réitéré sa proposition : que l’industrie de la cigarette électronique possède elle aussi “une réglementation équilibrée et cohérente”. De là à supposer qu’elle souhaite que le gouvernement confie la vente d’e-cigarettes aux bureaux de tabacs, il n’y a qu’un pas.

Drôle de raisonnement, qui met un produit toxique et dangereux pour la santé (la cigarette, le tabac et le goudron) au même niveau que la cigarette électronique dont les effets de sevrage sont aujourd’hui prouvés.

Côté industrie pharmaceutique et plus précisément des fabricants de patchs et gommes nicotiniques, les craintes de voir le marché de la cigarette électronique s’accroitre aux dépens de leurs produits, sont aussi présentes. Il est dorénavant prouvé que les résultats de sevrage avec la cigarette électronique sont meilleurs que ceux obtenus avec leurs produits.

L’industrie pharmaceutique a donc tout intérêt à se positionner en faveur de la cigarette électronique mais pas n’importe comment : en se positionnant en tant que fabricant. Or les associations de consommateurs et les acteurs de l’industrie de l’ecig ne sont pas favorables à ce cas de figure, qui réduirait de manière considérable la gamme de choix des produits (variété de goûts et de matériels) proposés aujourd’hui en magasin spécialisé.

Enfin, parlons des pharmacies elles mêmes qui ne disposent pas aujourd’hui d’autorisation pour vendre la cigarette électronique. Vendeurs de patch et de gommes nicotiniques, les pharmacies aimeraient elles aussi disposer de ce nouveau créneau de vente pour compenser le manque à gagner dû à la baisse des produits de substitution et profiter ainsi de la croissance de ce nouveau marché. Les pharmacies souhaiteraient donc que la cigarette électronique soit placée dans la catégorie « sevrage tabagique » afin d’être disponible chez eux.

Qui, des lobbyings ultra-puissants ou des acteurs émergents, aura le dernier mot ? Début de réponse en octobre prochain au Parlement européen.

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