Le Brésil vient d’attaquer en justice deux fabricants de tabac afin de récupérer tout l’argent que le gouvernement a dépensé au cours des dernières décennies pour soigner sa population malade du tabagisme.

Une action en justice historique

Il y a quelques jours, le Bureau du procureur général du Brésil a engagé une action en justice contre British American Tobacco (BAT) et Philip Morris International (PMI). L’opération, première du genre pour un pays d’Amérique Latine, aurait pour but de « récupérer les fonds dépensés pour le traitement des maladies liées au tabac dans le système de santé brésilien », selon l’agence de presse PR Newswire.

Au Brésil, ce ne serait pas moins de 150 000 personnes qui mourraient chaque année de leur tabagisme. Un fléau qui toucherait 15,4 % de la population âgée de plus 15 ans. Et puisque la santé est un droit constitutionnel dans le pays, son gouvernement est tenu d’en financer tous les frais, y compris concernant les nombreuses maladies liées au tabagisme.

Pour Matthew L. Myers, président de la campagne Tobacco-Free Kids, « cette action en justice constitue une étape importante, par laquelle les compagnies de tabac seront tenues responsables de décennies de publicité et marketing qui ont caché au public les dangers du tabagisme et ont sciemment ciblé les plus jeunes ».

Quand Big Tobacco s’attaque aux plus jeunes

source : tobaccofreekids.org

Il faut dire que malgré les grands discours de l’industrie du tabac en Europe, notamment concernant leur soi-disant volonté de réduire le nombre de fumeurs dans le monde, leurs agissements à l’autre bout de la planète semblent prouver tout le contraire.

Ainsi, selon une enquête réalisée par The Guardian, les cigarettiers promouvraient leurs produits auprès des jeunes dans plus de 22 pays du monde.

Que révèle l'enquête du Guardian ?

L’enquête de The Guardian dont parle Campaign for Tobacco-Free Kids a été publiée au début de l’année 2018.

Réalisée par divers militants et experts dans plus de 22 pays sur 4 continents, elle révèle qu’à de nombreux endroits, il est possible de trouver des cigarettes en vente à proximité des écoles, ainsi que de nombreuses publicités normalisant le tabagisme.

Au Pérou par exemple, les enquêteurs du journal britannique auraient vu de nombreuses cigarettes de tabac aromatisées (citron, menthe, raisin, cannelle etc.), vendues à l’unité autour des écoles.

Pire encore, en Indonésie, les journalistes auraient aperçu à plusieurs reprises diverses banderoles publicitaires situées à proximité d’écoles de jeunes enfants. Des écoles que des employés de différentes marques de cigarettes viendraient visiter « tous les quelques mois » avec des « cigarettes gratuites et du matériel promotionnel ».

En Indonésie, les correspondants du Guardian auraient eux aussi trouvé des cigarettes en vente à l’unité, accompagnées de petits sachets de tabac à chiquer disposés sur les étals, juste à côté des bonbons destinés aux enfants. Des étals naturellement disposés en face de la porte d’entrée des écoles.

 

Plus d’informations sur cette enquête prochainement.

 

Un marketing mortel qui exposerait quotidiennement « les écoliers du monde entier à la publicité et à la promotion de la cigarette par une industrie du tabac qui a besoin de recruter des jeunes pour maintenir ses énormes profits ».

Pour Matthew L. Myers, « la présence constante des marques de Philip Morris et de British American Tobacco exposées et vendues en évidence à côté des écoles primaires, pays après pays, ne peut être une coïncidence ». Pour l’homme, « c’est une preuve évidente que ces géants du tabac ciblent les jeunes enfants près de leurs écoles, souvent dans des pays pauvres où les lois sont faibles et où les compagnies pensent qu’elles peuvent s’en tirer avec ce comportement ignoble ».

Difficile alors de prendre au sérieux Philip Morris (par exemple), lorsque la société annonce la création d’un fond de recherche consacré à la réduction des risques, lorsque l’entreprise modifie entièrement son site internet afin de le transformer en véritable appel à la « défume », ou encore lorsque la vice-présidente des communications mondiales de l’entreprise, appelle à une collaboration entre PMI et les gouvernements du monde afin de faire reculer le tabagisme.

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