L’Assemblée nationale française vient de lancer un sondage en ligne sur la légalisation du cannabis. Intéressant et parfois révélateur, on en vient à regretter l’absence de son pareil pour le vapotage. Mais il y a une bonne raison à cela.

Un sondage en ligne

La démarche est assez rare pour être soulignée : la mission d’information parlementaire sur la réglementation et l’impact des différents usages du cannabis a lancé, mercredi 13 janvier, une consultation citoyenne en ligne relative au cannabis dit « récréatif », dont la consommation, la possession et la vente sont interdites en France.

La consultation sera prise en compte dans le rapport que cette mission doit rendre début avril et permet de se faire une idée de l’état de l’opinion sur ce sujet à risque politiquement.

Et s’il y a bien une chose qui est évidente avec ce questionnaire, c’est que s’il est effectivement conçu pour savoir ce que le public pense, il permet également de se faire une idée précise de ce qui préoccupe ses auteurs. Ainsi, plusieurs questions vont directement porter sur le trafic, la sécurité, et l’autorité de l’état.

C’est ce qui semble travailler les membres de la mission d’information parlementaire : la légalisation du cannabis risquerait-elle d’être perçue comme un abandon de l’état face à un trafic qu’il est incapable de réguler ?

Autre question qui semble tarauder les parlementaires, la perception de l’impact du cannabis sur la santé, pour laquelle le mètre étalon choisi est la cigarette. Le cannabis y est ainsi comparé à la cigarette, avec la question : est-il plus dangereux, moins dangereux, aussi dangereux ?

De son propre aveu, l’objectif de ce sondage est de « vérifier le constat fait par des sondages selon lequel près d’un Français sur deux est favorable à un changement de législation », déclare au Monde la députée du Loiret, Caroline Janvier (LREM), rapporteuse de la commission.

Le modèle grand public est encore renforcé par la très grande généralisation que fait le questionnaire. Les mots « THC » CBD » « Terpènes », etc. Y sont absents, de même que les modes de consommation du cannabis. Les spécialistes du sujet qui espéraient pouvoir éclairer la mission en seront quittes pour trouver un autre mode de communication.

La vape ignorée

Les défenseurs de la cigarette électronique pourront légitimement se demander pourquoi ce genre de sondages n’est pas fait pour la vape. Même si c’est tant mieux, étant donné la perception et l’information du grand public sur le sujet.

La France, sur le sujet du cannabis, est sous pression. Sous pression de ses voisins et alliés qui, les uns après les autres, légalisent ou dépénalisent, et de la Cour européenne, qui a rendu récemment un arrêt sur le CBD, le pays est de plus en plus isolé et, de par les très nombreux abandons de souveraineté qu’il a concédée à l’Europe, risque de voir des pays étrangers prendre la décision à sa place.

C’est le titre de la boite
La dépénalisation est l’abandon des poursuites contre les possesseurs et usagers du cannabis, mais l’usage en reste interdit et la lutte contre le trafic à grande échelle continue. La légalisation est l’octroi d’un cadre légal à la substance, qui permet d’en consommer, d’en vendre et d’en produire dans un cadre défini par la loi.

Pour la vape, c’est exactement l’inverse : la tendance au durcissement court à travers l’Union européenne, et la France, qui n’est pas, loin de là, le pire pays pour les vapoteurs, n’a pas intérêt à attirer l’attention sous peine de voir l’Allemagne lui rappeler qu’elle n’est plus un pays souverain que sur le papier.

Une fois que la mission aura rendu son rapport, une deuxième phase, portant sur l’expérimentation du cannabis thérapeutique, débutera. La fin de cette valse-hésitation n’est donc pas pour tout de suite.

Le questionnaire sera ouvert, pour sa part, jusqu’au 28 février. Détail amusant : les concepteurs du questionnaire ont oublié d’y ajouter un verrouillage qui permet d’éviter qu’une personne réponde plusieurs fois au questionnaire. Ce qui ouvre la porte à des contestations.

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