Le groupe BNP Paribas a annoncé le 24 novembre qu’il met fin à ses activités de financement et d’investissement relatives aux entreprises du tabac. La banque suit les préconisations de l’OMS et affirme son ambition de « financer un futur meilleur ». Ceci pourrait-il avoir des conséquences sur le long terme ?
BNP Paribas écrase la cigarette
C’est dans un communiqué que BNP Paribas a fait part de sa décision de ne plus financer le tabac. Plus précisément, les producteurs de produits du tabac mais aussi les grossistes, courtiers et traders spéculant sur les produits de la filière.
Il s’agit là d’un volet purement financier : les secteurs impactés sont les cigarettiers et les grands réseaux de distribution. En revanche, le buraliste du coin aura toujours la possibilité d’ouvrir son compte en banque à la BNP.
La banque se réclame de la convention-cadre de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Cette dernière, premier traité mondial de santé publique juridiquement contraignant, a mis l’accent sur l’enjeu de la consommation du tabac dans le monde pour « protéger les générations présentes et futures des effets sanitaires, sociaux, environnementaux et économiques dévastateurs de la consommation de tabac et de l’exposition à la fumée de tabac ». Elle réaffirme notamment « le droit de tous les peuples au niveau de santé le plus élevé possible », et l’importance de mesures relatives à la réduction de la demande et de l’offre pour répondre à cet objectif.
Ensuite, même si vape et cigarette sont deux produits distincts, ils s’approvisionnent à la même source. Les grandes cultures de tabac à échelle industrielle sont en effet le fournisseur des entreprise fabricant de la nicotine, qu’elle soit purifiée ou sous forme de sels, à destination de la vape, mais aussi de la pharmacie pour la fabrication des patchs et gommes à mâcher. Ces grandes exploitations et les entreprise de transformation ont, elle aussi, besoin de capitaux.
Et demain ?
Cette décision de BNP Paribas est forte symboliquement, mais au-delà, aura peu d’effets. Le nombre de banques d’affaires qui continuent, pour le moment, de financer l’industrie du tabac reste très élevé, et la part, assez marginale, qui concernait le groupe devrait se reporter sur les autres acteurs sans problèmes. C’est donc une décision essentiellement communicationnelle qu’a fait la banque, mais qui aura peu d’effets au niveau du marché.
Pour que cette décision soit suivie d’effets, il faudrait que tous les groupes de banque et d’assurance dans le monde cessent en même temps de financer l’industrie du tabac. Une utopie, puisque certains y verront juste la disparition de concurrents et l’ouverture de possibilités, sans considération de critères moraux ou de santé publique. Et même si l’industrie du tabac est en perte de vitesse, elle représente toujours un volume d’affaire qui se compte en dizaines de milliards, quelle que soit la devise, euro ou dollar.
Bref, une décision belle et saine de BNP Paribas, mais sans impact sérieux sur l’industrie du tabac. Ceci dit, saluons le groupe financier : savoir que cela ne servira à rien et le faire quand même, juste pour l’exemple, c’est ce qu’on appelle du panache.