Lorsqu’il s’agit de créer du profit l’industrie du tabac regorge d’idées. Surfant sur la popularité du vaporisateur, la British American Tobacco annonce l’arrivée d’une nouvelle technologie “hybride” utilisant un diffuseur d’arômes dans le but d’associer à la vapeur, une saveur proche de celle du tabac fumé.
Un vaporisateur et un diffuseur d’arômes
Commercialisé pour le moment en Roumanie il s’agit de glo iFuse, une cigarette électronique qui promet selon le fabricant de conjuguer les avantages de la vapoteuse à la délivrance des arômes “naturels” du tabac.
Le cigarettier britannique aurait constaté un “manque de satisfaction” de la part des vapoteurs ayant recours aux e-liquides à la saveur tabac. La firme aurait ainsi décidé de coupler à une cigarette électronique traditionnelle, utilisant une résistance et du e-liquide, un diffuseur d’arôme constitué de véritable extraits de tabac. La vapeur hériterait ainsi d’une saveur se rapprochant de celle de la fumée du tabac.
La British American Tobacco, très active sur le marché de la vape au Royaume-Uni, indique dans un communiqué qu’elle travaille actuellement à la sortie d’une gamme de plusieurs systèmes hybrides, afin de répondre aux “besoins diversifiés” des consommateurs.
Des données scientifiques aux arguments commerciaux
Continuant sur sa lancée l’entreprise affirme avoir évalué scientifiquement la nocivité des substances produites par son nouveau produit.
Pour sa glo iFuse, la BAT aurait ainsi procédé à une comparaison entre ce produit, une cigarette électronique Vype ePen (également propriété de BAT) et une cigarette classique. Le groupe affirme que sa vapoteuse traditionnelle et son modèle hybride généreraient 98% de composants nocifs en moins qu’une cigarette conventionnelle sur une trentaine de composés analysés.
Comme tout sujet scientifique, et encore plus lorsqu’il s’agit de données produites par des laboratoires industriels d’envergure et aux enjeux économiques évidents – l’industrie du tabac investissant des sommes colossales en Recherche et Développement – il reste très difficile pour le consommateur de se forger une idée précise des risques associés à la consommation de ce type de produits.
La cigarette électronique comme nouveau vecteur
Le mélange des genres, la confusion des appellations et autres codes sémantiques liés à l’apparition de la cigarette électronique pourrait profiter à une industrie muselée à tous les niveaux.
Le tabac fumé constituant encore et pour longtemps, la majeure partie de ses revenus, l’industrie du tabac aurait tout intérêt à freiner le déclin pourtant inéluctable de sa production de tabac avec l’apparition de produits connexes venant “épauler” les plus anciens.
Il n’est pas rare de constater en effet que dans ces nouveaux produits, les fabricants utilisent des marques associées à leur tabac fumé, comme le montre cette photo tirée d’un site de petites annonces en Roumanie. Le même procédé existe chez Philip Morris International avec son iQOS, un système de tabac chauffé qui utilise pour ses recharges la marque Marlboro.
En dehors du débat de santé publique que soulève la présence de l’industrie du tabac dans le courant de la réduction des risques tabagiques, force est de constater que la cigarette électronique est bel et bien en train de bouleverser cet imposant champ industriel.
En France, une partie de l’industrie de la cigarette électronique clame, au travers de son association FIVAPE, son indépendance face à l’industrie du tabac. Aux États-Unis la part des commerces non affiliés aux cigarettiers représente encore une partie importante du marché.