En republiant cette semaine l’avis contre le vapotage émis par la Commission fédérale pour la prévention du tabagisme au mois de septembre, le bulletin des médecins suisses relance un débat vif. Associations d’usagers et d’aide à l’arrêt du tabac défendent le droit à la réduction des risques contre cette charge anti-vape.

Helvetic Vape a réagi vertement à l’appel à la répression contre le vapotage de la Commission fédérale pour la prévention du tabagisme (CFPT). «Cette commission consultative n’a plus lieu d’être et devrait être dissoute», considère l’association de vapoteurs. A l’heure du regroupement fédéral des compétences sur les questions liées aux dépendances et aux maladies non-transmissibles, le cavalier seul de la CFPT pose problème aux yeux des défenseurs des usagers.

«Les recommandations traditionnellement anti-usagers, anti-réduction des risques et centrées sur une doctrine purement anti-nicotine de la CFPT sont anachroniques et ne s’inscrivent plus dans les nouveaux programmes politiques», explique le communiqué de l’association.

“Beaucoup essaient de promouvoir la cigarette électronique comme instrument de désaccoutumance et nous disons non”

La réaction d’Helvetic Vape fait suite à une nouvelle médiatisation de l’avis de la CFPT contre le vapotage déjà publié en septembre (voir notre article). L’association avait alors fait une lettre ouverte à la CFPT, restée sans réponse.

Dans cet avis en forme de réquisitoire écartant les principaux rapports scientifiques sur la question, la Commission extra-parlementaire recommande notamment de taxer les produits de vapotage au même taux que les cigarettes et d’interdire toute forme de promotion pour la vape, y compris pour les autorités sanitaires de recommander à leur patients d’arrêter de fumer à l’aide du vapotage.

«Beaucoup essaient de promouvoir la cigarette électronique comme instrument de désaccoutumance et nous disons non», insiste Lucrezia Meier-Schatz, la présidente de la CFPT au micro de la radio RTS la 1ère pour le journal de 7hr le 22 décembre.

L’ennemi c’est la combustion, pas le vapotage

Cette menace de censure de l’approche de réduction des risques n’est pas du goût des acteurs de terrain de la lutte anti-tabac. A l’image du Pr Jean-François Etter, directeur de Stop-tabac.ch, qui déplore la volonté de la CFPT de réprimer le libre choix des usagers pour des moyens de réduction des risques tels que le vapotage.

«[C’est] une opposition d’ordre idéologique à la consommation de nicotine même si les personnes la consomment sans risque pour leur santé», souligne t-il à la même radio. Le Groupement romand d’études des addictions (GREA) soutient le raisonnement du Pr Etter. Par son absence de combustion, «le vapotage est une mesure de réduction des risques par rapport à la cigarette», précise le site du GREA.

La Suisse va t-elle saisir l’opportunité?

Sur les réseaux sociaux, c’est aussi l’incompréhension générale face à la position autoritaire et intégriste de la Commission. Alors que les cigarettes sont en vente-libre, la charge contre ce qui est devenu en 2015 le moyen le plus utilisé par les fumeurs suisses pour s’en sortir paraît surréaliste. La Commission n’avait-elle pas d’autre priorités qu’attaquer le vapotage alors que le tabagisme se maintient à plus d’un quart de la population depuis huit ans?

Une persistance du tabagisme pour laquelle Helvetic Vape, dans un texte analysant le «scandale de santé publique sur le vapotage», accorde une part de responsabilité à la stratégie étriquée des autorités fédérales dont la CFPT. «Le vapotage n’est pas une menace mais une opportunité», rappelle l’association. En cette fin d’année 2016, le schisme entre le pragmatisme des acteurs de terrain anti-tabac et le dogmatisme des organisations de lobbiysme semble s’accroître encore un peu plus.

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