La nouvelle va secouer la vape française : SOVAPE jette l’éponge et a décidé de se dissoudre. Fondée en 2016, suite à l’organisation du sommet de la vape, l’association avait mené de nombreuses actions. La cause de cette décision, un ras-le-bol des pressions qui mènent, purement et simplement, à une impossibilité de dialoguer avec les décideurs.
Baromètre cassé
Favoriser le dialogue et nourrir la réflexion sur la place du vapotage dans la société et pour la santé publique : c’est l’objectif que SOVAPE s’était fixée et le sens des actions menées depuis sa fondation en 2016. Mais, pour dialoguer, il faut être au moins deux…
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est venue d’un partenaire historique de SOVAPE : depuis 2019, l’association avait pour coutume de commander un sondage à l’institut BVA. L’institut a fait savoir qu’il refusait de mener cette enquête en 2024. En cause, la signature d’un partenariat avec un acteur de la santé qui lui interdit toute collaboration avec les acteurs du vapotage ou de la cigarette.
Ce refus n’est que l’aboutissement d’une longue lignée de pressions et d’intimidations que l’association a subi depuis sa fondation. Des pressions venant de lobbyistes du tabac, des représailles contre des personnalités soutenant l’action de SOVAPE… Tout cela contribuait à créer un climat irrespirable.
Les dirigeants de SOVAPE estiment aujourd’hui ne plus pouvoir mener leur mission à bien dans ce climat et ont décidé de la dissolution de l’association.
Interview SOVAPE
Mais qu’est-ce qui a conduit à cette dissolution ? Est-ce que le modèle de SOVAPE n’est plus adapté à la situation, ou est-ce la situation qui est verrouillée ? « Un peu des deux » explique Nathalie Dunand, Présidente de SOVAPE « nous étions un trop petit nombre avec peu de moyens, et, en face, la situation est bloquée. Je me demande dans quelle mesure les gens qui sont décisionnaires sont attachés à la démocratie et à la liberté d’expression ».
Philippe Poirson, Vice-président, précise « il y a encore la possibilité d’un militantisme. C’est la mission particulière de SOVAPE, établir un dialogue entre les parties prenantes, qui n’est plus possible. Nous avons un projet totalement différent de l’AIDUCE, par exemple, pour nous, toutes les portes se ferment et porter ce projet n’est plus possible ».
Nathalie conclut « Notre mission, c’était aussi d’organiser les Sommets de la vape et de produire des documents, mais là aussi c’est de plus en plus difficile, et le camp d’en face se radicalise ».
« Leur façon de diaboliser la réduction des risques est vouée à l’échec », prédit Philippe. « En tout cas, je n’ai pas de regrets de l’avoir fait. On a vécu un tas de trucs marrants. Nathalie a été reçue à l’Élysée ! ».
« Ça a été une belle aventure, un bel espoir », explique Nathalie. « Je pensais mourir du tabac, j’étais résignée, et puis j’ai découvert ce truc là, la vape, j’ai rencontré des tas de gens, j’ai été aidée, et essayée d’aider à mon tour, c’était formidable ». Du côté sombre « mes désillusions sont venues de l’OMS, dont les positions m’ont catastrophée, du fait aussi que j’ai été capable de débunker des études scientifiques, moi qui mettais la science sur un piédestal, quelle déconvenue ».
Philippe est plus amer : « Je pense qu’on récolte ce qu’on mérite. À un moment donné si on ne se défend pas, on ne peut pas s’attendre à ce que des gens le fassent à votre place ».
Pour la suite, Nathalie Dunand compte sur les atouts de la vape française : « On a en France des professionnels compétents, des gens sérieux, qui forment la colonne vertébrale de la réduction des risques. Il faudra qu’ils y aillent fort pour exprimer leur point de vue ».
Une action exemplaire
Loin des actions spectaculaires et parfois vindicatives, SOVAPE avait fait le choix de privilégier l’échange et le dialogue, en consacrant une partie de ses efforts à apporter une information sourcée et scientifique sur le vapotage.
Ainsi, trois Sommets de la Vape avaient été organisés. SOVAPE avait également participé à l’action inter associative Merci la Vape et à la rédaction du Livre Blanc sur la Vape.
Toutes ses actions ont été menées par une équipe de bénévoles, Nathalie Dunand, sa Présidente, Philippe Poirson, son vice-président, Valentine Delaunay, sa trésorière, Thierry Pelé, son Secrétaire général, et un noyau dur de membres fidèles comme Sébastien Béziau ou Jean-Pierre Couteron, entre autres.
Le reliquat de trésorerie sera partagé entre l’AIDUCE, la Vape du Cœur et l’Institut Pasteur. SOVAPE a également fait le nécessaire pour que son site reste en ligne pour les dix années à venir.
Le séisme est de taille, et amène à réfléchir sur les moyens et les motivations à mettre en œuvre pour défendre la vape à l’avenir. SOVAPE n’a pas besoin de successeurs, leur mission a été accomplie : ils ont besoin d’une nouvelle génération qui explorera une nouvelle voie. En ce qui les concerne, ils ont fait plus que leur part, et même au-delà.