Le 28 mai, durant l’émission Le Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro, François Braun, ministre de la Santé, a fait le buzz en annonçant que la vape sera remboursable en pharmacie. Ce qui serait un changement radical. Et qui demande de répondre à quatre questions.

La vape en pharmacie, pourquoi c’est une bonne idée ?

La cigarette électronique en pharmacie, remboursée par la Sécurité sociale, est une bonne idée. Déjà, parce que ça signifierait reconnaître que le produit est efficace et ne représente pas un risque pour la santé. Et le côté remboursé serait un bon signe pour des consommateurs qui dilapident des fortunes en cigarettes combustibles, mais rechignent à mettre la main à la poche quand il s’agit de se sevrer. Et c’est tout.

Et c’est une mauvaise idée, aussi ?

Remboursement cigarette électronique pharmacie

Une petite phrase prononcée un peu trop rapidement.

C’est surtout une mauvaise idée. Déjà, parce que la vape ne serait remboursée que dans le réseau des pharmacies, comme tout médicament vendu sur ordonnance. Entre un bon kit à 60-80 euros dans une boutique et un kit à zéro euro chez le pharmacien, inutile d’avoir fait une école de commerce pour saisir le problème.

Ensuite, parce que, malgré ses apports immenses à l’humanité, l’industrie pharmaceutique reste une industrie. À peine le ministre avait-il chuchoté sa réponse au micro que déjà, les professionnels du secteur réclamaient le monopole. Enfin, parce que, au niveau réglementaire, ce serait le chaos, comme cela est expliqué à la question suivante.

Et réglementairement, ça se passerait comment ?

Pour que la vape soit vendue en pharmacie et remboursée, il faudrait l’accord de l’Anses et la reconnaissance par la Sécurité sociale. Tout d’abord, il faudrait élaborer des produits. Ensuite, faire des études d’innocuité, tout d’abord en laboratoire, puis sur des humains. La phase d’essai clinique serait destinée à déterminer la toxicité éventuelle du produit, ses effets secondaires, puis son efficacité.

Une fois toutes ces études faites, il faudrait les faire homologuer par l’Anses, et effectuer une demande auprès de la Sécurité sociale pour le remboursement, et auprès de l’Europe, parce qu’un pays ne peut pas décider tout seul que tel produit est désormais un médicament.

Concrètement, et si tout va bien, entre la promulgation de la loi et le premier produit remboursé vendu en pharmacie, il se passerait minimum cinq ans. Il existe aujourd’hui des dispositifs de vapotage vendus en pharmacie, mais ils sont considérés comme de la parapharmacie.

En vrai, que va-t-il se passer ?

Rien. Il ne va rien se passer. Tous les contacts que nous avons sollicités nous ont dit la même chose : le ministre a donné son sentiment en réponse à une question à laquelle il ne s’attendait pas et sur laquelle il n’avait pas réfléchi. La vape en pharmacie remboursée par la Sécurité sociale, c’est une idée lancée à chaud, mais absolument pas un dossier ouvert par le gouvernement.

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