S’il ne fait aucun doute que fumer durant la grossesse pose de nombreux problèmes, qu’en est-il du vapotage ? Éléments de réponse.
Sommaire
Ce qu’il faut retenir
Utiliser une cigarette électronique durant la grossesse en remplacement du tabagisme pourrait permettre de limiter les risques pour la mère et le fœtus. Les principaux dangers de la cigarette durant la grossesse proviennent des milliers de substances nocives contenues dans la fumée de cigarette, dont la majorité est le fruit de la combustion du tabac. En chauffant un e-liquide qui ne contient pas de tabac, le vapotage permet d’éliminer la plupart de ces composés toxiques.
Pourquoi il ne faut pas fumer lorsqu’on est enceinte
Parmi les nombreux dangers du tabagisme, certains ne concernent pas uniquement le fumeur. C’est notamment le cas de l’entourage, avec le tabagisme passif, mais également celui du fœtus lors de la grossesse. Ainsi, selon plusieurs études1, 2, 3, 4, fumer lorsqu’on est enceinte augmenterait les risques de :
- Faire une fausse couche.
- Accoucher de manière prématurée.
- Souffrir d’une grossesse extra-utérine
- Avoir un bébé de faible poids, ce qui représente un risque pour sa santé.
- Subir un décollement prématuré du placenta.
- Mort subite du nouveau-né.
- Troubles respiratoires pour l’enfant à la naissance.
- Retard de croissance.
Quels sont les risques du tabagisme durant la grossesse ?
Les nombreuses complications pouvant survenir suite à un tabagisme durant la grossesse sont le fruit de certains composés présents dans la fumée de cigarette tels que le plomb, le mercure, les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), le cadmium ou encore le cyanure et le monoxyde de carbone.
Des risques de problèmes respiratoires
Le monoxyde de carbone présent dans la fumée de cigarette serait également responsable d’un déficit en oxygène chronique pour le fœtus. En remplaçant une partie de l’oxygène dans le sang, son taux serait même plus de 2 fois supérieur dans le sang du bébé que dans celui de la mère. Un fait qui augmente alors les risques pour l’enfant d’avoir des problèmes respiratoires, entre autres pathologies.
Il semble d’ailleurs important de souligner que le tabagisme n’est pas la seule pratique qui engendre la création de ce gaz. Le monoxyde de carbone se forme en effet dès lors qu’il y a une combustion incomplète de matières carbonées. C’est par exemple le cas lors de la combustion d’énergies fossiles (gaz d’échappement, usines, etc.), ou lors de feux de forêts par exemple.
Dans le cadre domestique, du monoxyde de carbone peut aussi se former dans les foyers équipés d’un chauffage au bois, au butane, au fuel, au gaz naturel ou encore au pétrole ou au propane. C’est pourquoi ces foyers doivent être régulièrement aérés en période hivernale.
Grâce à son mode de fonctionnement qui chauffe l’e-liquide sans le brûler, le vapotage permet d’éliminer les résidus de combustion que l’on retrouve dans le tabac. C’est pourquoi utiliser une cigarette électronique durant la grossesse, au lieu de fumer, devrait permettre de limiter la nocivité tant pour la mère que pour l’enfant.
Des risques d’obésité, d’hypertonicité, et de retards dans l’apprentissage
L’exposition du fœtus au tabagisme aurait également des effets neurotoxiques sur le comportement neurologique du nouveau-né. Les nourrissons dont la mère a fumé durant le développement seraient plus excitables et hypertoniques que les autres. Ils nécessiteraient également plus de manipulations et présenteraient plus de signes de stress ou d’abstinence, en particulier dans le système nerveux central ainsi que les régions gastro-intestinales et visuelles5. Une recherche allemande6 menée en 2002 a quant à elle mis en lumière un rapport entre tabagisme maternel durant la grossesse et augmentation du risque d’obésité de l’enfant dans les années après la naissance. En 1973, une autre recherche7 concluait que les enfants de femmes ayant fumé durant leur grossesse étaient plus petits de taille, et avaient en moyenne cinq mois de retard en lecture, en mathématiques et en capacité générale par rapport aux enfants des non-fumeurs.
Une ménopause précoce et une diminution de la fertilité
Notons également que les femmes qui fument voient leur chance de tomber enceinte diminuer8, 9, 10 . Le tabagisme serait en effet responsable d’une diminution du nombre d’ovocytes, des hormones nécessaires à l’implantation de l’embryon, et du taux de grossesse. La ménopause interviendrait également 2 ans plus tôt.
La nicotine n’aurait que de faibles méfaits sur la santé du fœtus
Nous l’avons vu, la majorité des dangers du tabagisme durant la grossesse provient de certains composés nocifs présents dans la fumée de cigarettes. Mais il reste un composé dont nous n’avons pas encore parlé : la nicotine.
A ce sujet, il convient d’être très clair : le mieux, tant pour la santé de la mère que celle de l’enfant, est de ne pas consommer de nicotine du tout. Cependant, puisqu’il peut être compliqué de cesser toute consommation de nicotine du jour au lendemain, plusieurs études11, 12, 13, 14 se sont penchées sur ses effets dans le cadre d’une grossesse. Pour ce faire, les chercheurs ont suivi des femmes enceintes ayant reçu un substitut nicotinique (patch, gomme à mâcher, spray nasal, etc.) durant leur grossesse.
D’une manière générale, toutes les recherches arrivent à la même conclusion : la nicotine seule n’aurait que peu d’impact sur la santé du nourrisson. Aucune étude n’a relevé de différence significative entre les nourrissons nés de mères ayant utilisé une thérapie de remplacement de la nicotine durant la grossesse, et ceux nés de mères n’ayant pas consommé de nicotine du tout.
Plusieurs étude concluent de la même manière : « La thérapie de remplacement de la nicotine pour aider à l’abandon du tabac chez les femmes enceintes qui ne peuvent pas arrêter de fumer sans une telle thérapie l’emportent largement sur les risques de continuer à fumer ou les risques du remplacement de la nicotine en soi ».
Le tabagisme passif, un autre danger durant la grossesse
Si fumer durant la grossesse comporte de nombreux risques, il en serait de même concernant le tabagisme passif. Une étude15 menée en 2004 démontrait par exemple que les femmes enceintes ayant été exposées à la fumée de cigarette durant leur grossesse avaient plus de risques de naissances prématurées et d’avoir un bébé en moyenne 138 grammes plus petit que les femmes n’y ayant pas été exposés.
La cigarette électronique durant la grossesse d’une fumeuse aurait certains avantages
Si l’usage de la cigarette électronique n’est pas anecdotique et doit être évité durant la grossesse, les données actuellement disponibles se montrent rassurantes quant à ses potentiels méfaits pour la mère et l’enfant. De par l’absence totale ou la réduction des quantités de composés nocifs dans la vapeur d’une cigarette électronique par rapport à la fumée de tabac, le vapotage permettrait de limiter les risques pour le fœtus.
Les nourrissons de mères vapoteuses auraient un poids normal
Ces dernières années, plusieurs recherches16, 17, 18 ont été conduites auprès de femmes enceintes utilisant des cigarettes électroniques.
Les résultats d’un travail de 2019, ainsi que d’autres recherches, auraient démontré que les nourrissons nés de mères vapoteuses avaient un poids moyen à la naissance similaire à celui des femmes non-fumeuses et non-vapoteuses. Ces résultats ont été confirmés par la suite lors d’une méta-analyse16 menée en 2021.
Le vapotage n’augmenterait pas les risques de problèmes durant l’accouchement
Concernant l’accouchement en lui-même, les études s’étant intéressées au mode d’accouchement et au taux de traumatisme périnéal et d’hémorragie post-partum n’ont révélé aucune différence significative pour les mères ayant utilisé une cigarette électronique et les mamans non-fumeuses/non-vapoteuses. Aucun cas de détresse respiratoire néonatale n’a également été relevé.
Dans leurs conclusions, les chercheurs indiquent que l’utilisation d’une cigarette électronique durant la grossesse « n’est pas associée à un faible poids à la naissance ou à un accouchement prématuré » et ajoutent que « les résultats maternels et néonataux semblent être similaires à ceux des non-fumeurs ».
Le vaporisateur personnel offrirait une réduction des risques par rapport au tabagisme
Une autre recherche19 conduite en 2020 sur des souris concluait que « l’utilisation de la cigarette électronique à faible dose pendant la grossesse est moins toxique que la fumée de cigarette ». L’année suivante, les conclusions d’une nouvelle étude20 indiquaient que « les produits de vapotage peuvent réduire les effets négatifs sur la santé associés au tabagisme ». Un travail qui s’intéressait spécifiquement aux femmes enceintes.
Autrement dit, si le mieux reste de ne pas fumer ni vapoter durant la grossesse, la cigarette électronique resterait une bien meilleure solution que le tabagisme. Qui plus est parce que son efficacité pour arrêter de fumer serait bien supérieure aux autres substituts nicotiniques, tant dans la population générale que chez les femmes enceintes spécifiquement21.
Attention
Malgré de premières données encourageantes, les effets du vapotage durant la grossesse restent très peu étudiés et sont donc encore mal connus. Si remplacer le tabagisme par la cigarette électronique devrait logiquement toujours rester une bonne solution, l’utilisation d’un vaporisateur personnel doit uniquement être envisagée par une femme enceinte qui n’a pas réussi à arrêter de fumer à l’aide d’autres moyens. Pour la santé de l’enfant, la meilleure solution reste et restera toujours de ne pas fumer ni vapoter.
Cet article ne constitue pas un avis médical. En cas de doute, rapprochez-vous d’un professionnel de santé.
Sources et références
1 Sven Cnattingius, The epidemiology of smoking during pregnancy: Smoking prevalence, maternal characteristics, and pregnancy outcomes, Nicotine & Tobacco Research, Volume 6, Issue Suppl_2, April 2004, Pages S125–S140, https://doi.org/10.1080/14622200410001669187
2 Alison K. Shea, Meir Steiner, Cigarette Smoking During Pregnancy, Nicotine & Tobacco Research, Volume 10, Issue 2, February 2008, Pages 267–278, https://doi.org/10.1080/14622200701825908
3 A. Castles, E.K. Adams, C.L. Melvin, C. Kelsch, M.L. Boulton. Effects of smoking during pregnancy. Five meta-analyses. Am. J. Prev. Med, 16 (3) (1999), pp. 208-215. https://doi.org/10.1016/S0749-3797(98)00089-0
4 M.B. Meyer et al. Maternal smoking, pregnancy complications, and perinatal mortality. Am. J. Obstet. Gynecol (1977). https://doi.org/10.1016/0002-9378(77)90031-X
5 Karen L. Law, Laura R. Stroud, Linda L. LaGasse, Raymond Niaura, Jing Liu, Barry M. Lester; Smoking During Pregnancy and Newborn Neurobehavior. Pediatrics June 2003; 111 (6): 1318–1323. 10.1542/peds.111.6.1318. https://doi.org/10.1542/peds.111.6.1318
6 Rüdiger von Kries, André Michael Toschke, Berthold Koletzko, William Slikker, Maternal Smoking during Pregnancy and Childhood Obesity, American Journal of Epidemiology, Volume 156, Issue 10, 15 November 2002, Pages 954–961, https://doi.org/10.1093/aje/kwf128
7 Br Med J 1973; 4 doi: https://doi.org/10.1136/bmj.4.5892.573 (Published 08 December 1973)
8 C Augood, K Duckitt, A A Templeton, Smoking and female infertility: a systematic review and meta-analysis., Human Reproduction, Volume 13, Issue 6, 1 June 1998, Pages 1532–1539, https://doi.org/10.1093/humrep/13.6.1532
9 Donald R. Mattison, The effects of smoking on fertility from gametogenesis to implantation, Environmental Research, Volume 28, Issue 2, 1982, Pages 410-433, ISSN 0013-9351, https://doi.org/10.1016/0013-9351(82)90139-6.
10 Baird DD, Wilcox AJ. Cigarette Smoking Associated With Delayed Conception. JAMA. 1985;253(20):2979–2983. doi:10.1001/jama.1985.03350440057031
11 Dempsey, D.A., Benowitz, N.L. Risks and Benefits of Nicotine to Aid Smoking Cessation in Pregnancy. Drug-Safety 24, 277–322 (2001). https://doi.org/10.2165/00002018-200124040-00005
12 Coleman T , Cooper S , Thornton JG , et al . A randomized trial of nicotine-replacement therapy patches in pregnancy. N Engl J Med 2012;366:808–18. doi:10.1056/NEJMoa1109582
13 Benowitz NL. Nicotine Replacement Therapy During Pregnancy. JAMA. 1991;266(22):3174–3177. doi:10.1001/jama.1991.03470220090034
14 Haustein KO. Cigarette smoking, nicotine and pregnancy. International Journal of Clinical Pharmacology and Therapeutics. 1999 Sep;37(9):417-427. PMID: 10507240.
15 Goel, P; Radotra, A; Singh, I; Aggarwal, A; Dua, D. Effects of passive smoking on outcome in pregnancy. Journal of Postgraduate Medicine 50(1):p 12-16, Jan–Mar 2004.
16 Electronic cigarette use in pregnancy is not associated with low birth weight or preterm delivery (au format PDF).
17 McDonnell, B.P., Bergin, E., Regan, C., 2019. 186: Electronic cigarette use in pregnancy is not associated with low birth weight or preterm delivery. American Journal of Obstetrics & Gynecology 220, S137. https://doi.org/10.1016/j.ajog.2018.11.207.
18 McDonnell, BP, Dicker, P, Regan, CL. Electronic cigarettes and obstetric outcomes: a prospective observational study. BJOG 2020; https://doi.org/10.1111/1471-0528.16110.
19 G Li et al. Replacing smoking with vaping during pregnancy: impacts on metabolic health in mice. Reprod Toxicol (2020). https://doi.org/10.1016/j.reprotox.2020.07.012
20 Robert Calder, Eleanor Gant, Linda Bauld, Ann McNeill, Debbie Robson, Leonie S Brose, Vaping in Pregnancy: A Systematic Review, Nicotine & Tobacco Research, Volume 23, Issue 9, September 2021, Pages 1451–1458, https://doi.org/10.1093/ntr/ntab017
21 Hajek, P., Przulj, D., Pesola, F. et al. Electronic cigarettes versus nicotine patches for smoking cessation in pregnancy: a randomized controlled trial. Nat Med 28, 958–964 (2022). https://doi.org/10.1038/s41591-022-01808-0.