Pour finir, mieux vaut tard que jamais, la série la vape et la religion, aujourd’hui, e-cigarette et chrétienté. Peut-on être catholique et vapoter ? A une question simple, curieusement, la réponse est, de loin, la plus complexe des trois religions du Livre.

"Les passions ne sont en elles-même ni bonnes ni mauvaises"<span class="su-quote-cite">Saint Thomas d’Aquin</span>

Vapoter est-il autorisé, toléré, ou péché ? Après avoir tenté d’y répondre pour les Musulmans, les Juifs, je m’étais dit, un peu naïvement « On va finir par les chrétiens, étant moi-même d’éducation catholique, ça fera un article les doigts de pieds en éventail. ». Première grosse erreur. Vu la complexité du sujet, je me suis dit « Bon, l’église me donnera une réponse précise ». Deuxième grosse erreur.

Subtilités théologiques

Parce que vous ne pouvez pas comprendre la position du catholicisme vis-à-vis de l’e-cigarette, et je ne dis pas l’Église, c’est exprès, si vous ne maîtrisez pas l’Histoire et si vous ne savez pas où vous positionner, vous.

Parce que la parole de Jésus, si l’on devait la résumer à un seul mot, c’est « choisis ». Le Christ sur lequel repose la foi chrétienne n’a pas laissé des commandements, mais un enseignement. Libre à chacun de choisir ou non la voie de Dieu, et libre à chacun de le faire à sa façon.

Après Jésus, donc, vient l’Église, dont la mission était de transmettre la parole Sainte. Afin de clarifier le message, à travers son histoire, les conciles et les schismes, la parole fut transformée en dogme, c’est à dire un système de lois, de règles, d’obligations et d’interdits non pas directement issus de la Parole Christique, mais de son interprétation et de sa transposition dans la vie séculaire (« du siècle », la vie réelle, par opposition à la vie spirituelle).

Et les commandements de l’église étaient directement dictées par l’époque, le contexte politique, etc. Tout cela pour dire : n’attendez pas une réponse ferme, claire, et définitive.

La sacralité du corps

Le premier argument que l’on pourra évoquer, c’est la sacralité du corps.

Et là… L’argument n’est pas recevable. Parce que arguer de la sacralité du corps offert par Dieu au croyant, c’est admettre une forme de nocivité de la vape. Donc, tout le problème est le suivant : soit la vape est, dans l’esprit du vapoteur, nocive, et, dans ce cas, il est déconseillé de vaper. Oui, déconseillé, pas interdit : n’oubliez pas, le mot-clef de la foi chrétienne, c’est « choisis ». Soit elle n’est pas nocive, ou est moins nocive que le tabac, et dans ce cas, elle est soit indifférente, soit préconisée comme solution transitoire.

Donc, il n’y a pas d’argument de sacralité du corps qui tienne, sauf dans un cas, celui ou vous vapoteriez un liquide dont vous savez qu’il contient des substances dangereuses en toute connaissance de cause, comme cela arrive, très rarement heureusement.

Le péché

Plus subtil est l’argument du péché. Vous vapotez parce que vous aimez ça, vous vouliez à l’origine vous sevrer du tabac mais vous trouvez une forme de satisfaction dans la vape qui vous donne envie de continuer… Ce n’est pas, selon la conception chrétienne la plus large, un péché.

En effet, rien dans la conception catholique n’empêche de profiter des richesses mises à la disposition de l’homme par Dieu sur terre. La vape est issue de l’esprit humain, et l’intelligence humaine était, selon les chrétiens, un don de Dieu qui nous a créé, alors, la vape fait partie de tout cela. Ce qui est péché est la gourmandise, que l’on peut interpréter par une consommation excessive.

Et là… Définir ce qu’est une consommation excessive en terme de vape, tous les prêtres que j’ai pu interroger dans le cadre de cet article ont séché. « L’abstinence totale est plus facile que la parfaite modération », souligne Saint Augustin, qui ne préconise pas, pourtant, l’abstinence : c’est trop facile, et prive l’homme inutilement de la jouissance que Dieu lui propose. « Il faut un minimum de confort pour pouvoir pratiquer la vertu » surenchérit Thomas d’Aquin.

S’expliquer avec Dieu

La solution, finalement, dépend de chacun.

La foi catholique, telle que définie par Jésus, on l’a vu plus haut, est une question de choix et d’appréciation personnelle. De plus, le Dieu du nouveau testament est enclin au pardon. Donc, un chrétien qui se présenterai devant lui, lors du jugement dernier, pour prétendre à la vie éternelle, n’a rien à craindre de ses erreurs s’il les a faites de bonne foi et sans conscience.

Pour faire simple : s’il ne se nuit pas à lui-même, s’il ne nuit pas aux autres, et si sa pratique du vapotage ne l’empêche pas de suivre les préconisations chrétiennes, solidarité, charité, alors, il ne commet pas de faute, ou du moins aucun péché qui ne puisse lui être pardonné. « Il vaut mieux suivre le bon chemin en boitant que le mauvais d’un pas ferme » dit Saint Augustin.

On l’aura compris : si, en vapotant, on ne fait pas de mal, et si on ne s’empêche pas de faire le bien, alors, rien dans la foi chrétienne ne vous oblige à l’abstinence. C’est la réponse la plus précise que l’on pourra vous y apporter. D’autres préceptes pourront venir préciser ou contredire ceci, mais ce sont déjà des dogmes appartenant à des groupes qui s’obligent à suivre une voie précise. Libre à vous de les suivre ou non.

La dernière question, faut il vapoter du Crab Juice le vendredi ? Trouve en revanche une réponse assez évidente : nulle part, Dieu ne demande à l’homme de s’infliger volontairement et gratuitement une souffrance excessive. Donc, non.

Pour aller plus loin : 

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