Un vaporisateur sans nicotine qui diffuse des huiles essentielles et des vitamines ? C’est la promesse de Mymoodz Zéro, un produit qui mise sur le naturel et le bien-être. Mais derrière ce positionnement marketing, que vaut vraiment ce dispositif ?

Un vaporisateur de bien-être… ou une fausse bonne idée ?

Après Sasillia, la paille en inox qui prétend aider à arrêter de fumer, et Oui’garette, les cigarettes sans tabac, nous parlons aujourd’hui de Mymoodz Zéro, le vaporisateur personnel sans nicotine, qui a tout d’une puff, mais qui prétend ne pas en être une. Notons tout de même que, cette fois-ci, le produit n’est pas vendu comme une aide au sevrage tabagique. Il n’est précisé nulle part qu’il est censé aider à arrêter de fumer. En revanche, partout sur la page qui le présente, il est question de l’absence de tabac, de l’absence de nicotine, et tous les commentaires clients mis en avant, dont il n’est fait mention nulle part d’une quelconque vérification indépendante, parlent de sevrage tabagique.

Mymoodz Zéro se présente donc comme un « dispositif d’aromathérapie », mais utilise pourtant le même principe de fonctionnement qu’une puff classique, avec une base PG/VG chauffée. Les principales caractéristiques qui sont mises en avant sur son site officiel sont l’absence de nicotine et de tabac parmi ses ingrédients, et de combustion lors de son fonctionnement. 

Capture d’écran du site officiel Mymoodz

En lieu et place des composants traditionnels d’un e-liquide pour cigarette électronique, Mymoodz indique que son pod Zéro est composé « d’extraits de framboise et rose », de « vitamine B6, B12, et C », ainsi que de « glycérine végétale et de propylène glycol ». Ce qui peut laisser penser à une formulation proche d’un e-liquide classique, composé de VG, de PG, d’arômes à la framboise et à la rose, auquel on aurait simplement ajouté des vitamines. 

Si l’on en croit le descriptif du produit, il ne s’agirait pas d’arômes comme on peut en retrouver dans le cadre du vapotage, puisque le dispositif diffuserait « une vapeur d’huiles essentielles et de plantes »

Des ingrédients qui posent question

Mymoodz semble ainsi faire la même erreur que d’autres fabricants de ce genre de produits. En mettant en avant le côté « naturel » de son dispositif, il semble oublier que la chauffe de certains ingrédients conduit inexorablement à la création d’autres substances qui peuvent se révéler dangereuses pour la santé. Impossible cependant de les lister puisque la liste des composés précis n’est pas disponible, et que la température de chauffe du dispositif n’est indiquée nulle part. Retenez simplement qu’à partir d’une certaine température, les huiles essentielles, par exemple, peuvent se décomposer pour former de nouvelles molécules, comme des aldéhydes, connus pour être irritants et potentiellement cancérigènes1,2,3 .

De plus, la vaporisation d’huiles essentielles pose de vraies questions sanitaires. Inhaler des corps gras, ce qui peut être le cas avec certaines huiles essentielles, peut provoquer une pneumopathie lipoïde, une inflammation pulmonaire grave liée à la présence de substances grasses dans les alvéoles pulmonaires4,5. Contrairement aux e-liquides classiques, ces substances ne sont ni hydrosolubles ni prévues pour être absorbées par les voies respiratoires. Rappelons d’ailleurs que lors de l’épidémie EVALI de 2019 aux États-Unis, les vapoteurs malades, dont certains sont décédés, avaient inhalé de l’acétate de vitamine E. Un liquide huileux qui avait provoqué une épidémie de pneumopathies aiguës. 

Les huiles essentielles peuvent être dangereuses

Capture d’écran du site officiel Mymoodz

Soulignons également que Mymoodz ne propose pas que le Zéro, mais également d’autres produits censés aider à mieux dormir ou améliorer le bien-être. Et parmi les composés de ces deux produits, la lavande, soupçonnée d’être nocive à bien des égards. L’huile essentielle de lavande contient notamment du linalol et de l’acétate de linalyle, qui peuvent présenter des effets cytotoxiques et génotoxiques à certaines concentrations6,7.

En France, depuis 2008, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) recommande de demander conseil auprès d’un professionnel avant l’achat et l’utilisation de n’importe quelle huile essentielle. De son côté, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) déconseille leur utilisation chez l’enfant, la femme enceinte ou allaitante, les personnes âgées ou souffrantes de pathologies chroniques. Elle indique également de ne pas les ingérer, et de ne pas les faire brûler pour les diffuser. 

Il semble donc difficile d’imaginer que l’utilisation des produits Mymoodz réponde à toutes ces recommandations, puisqu’il s’agit ni plus ni moins que de vapoter un liquide contenant des huiles essentielles.

Ajoutez à tous ces éléments le design du site internet qui utilise des techniques de marketing typiques visant à renforcer la perception de bonne affaire (réduction temporaire, compte à rebours, etc.).

Autant d’éléments qui nous poussent à vous inviter à la plus grande prudence si vous envisagez l’achat de produits contenant des huiles essentielles, qui plus est lorsqu’il s’agit de les vapoter.

 

Cet article repose sur des informations publiques et sur l’analyse des éléments mis à disposition par le fabricant. Il ne s’agit pas d’une évaluation scientifique du produit, mais d’un point de vue journalistique visant à éclairer le consommateur sur des points de vigilance.

 

Sources et références

1 Ganosi, E., Barda, C., Grafakou, M.-E., Rallis, M. C., & Skaltsa, H. (2023). An In-Depth Stability Study of the Essential Oils from Mentha × piperita, Mentha spicata, Origanum vulgare, and Thymus vulgaris: The Impact of Thermal and Storage Conditions. Separations, 10(9), 488. https://doi.org/10.3390/separations10090488

2 Guan, W., Li, S., Yan, R., Tang, S., & Quan, C. (2016). Characterization of the Aldehydes and Their Transformations Induced by UV Irradiation and Air Exposure in White Guanxi Honey Pummelo Essential Oil. Journal of Agricultural and Food Chemistry, 64(27), 5449–5455. https://doi.org/10.1021/acs.jafc.6b01369

3 Turek, C., & Stintzing, F. C. (2013). Stability of essential oils: A review. Comprehensive Reviews in Food Science and Food Safety, 12(1), 40–53. https://doi.org/10.1111/1541-4337.12006

4 Hassan, N., Battey, T., Kurpiel, B., Hanley, M., & Ropp, A. M. (2025). Exogenous Lipoid Pneumonia Due to Aerosolized Essential Oils. Radiology: Cardiothoracic Imaging, 7(2), e240169. https://doi.org/10.1148/ryct.240169

5 Kuroyama, M., Kagawa, H., Kitada, S., Maekura, R., Mori, M., & Hirano, H. (2015). Exogenous lipoid pneumonia caused by repeated sesame oil pulling: a report of two cases. BMC Pulmonary Medicine, 15, 135. https://doi.org/10.1186/s12890-015-0134-8

6 Prashar, A., Locke, I. C., & Evans, C. S. (2004). Cytotoxicity of lavender oil and its major components to human skin cells. Cell Proliferation, 37(3), 221–229. https://doi.org/10.1111/j.1365-2184.2004.00307.x

7 Di Sotto, A., Mazzanti, G., Carbone, F., Hrelia, P., & Maffei, F. (2011). Genotoxicity of lavender oil, linalyl acetate, and linalool on human lymphocytes in vitro. Environmental and Molecular Mutagenesis, 52(1), 69–71. https://doi.org/10.1002/em.20587

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