Pour la première fois, une équipe de chercheurs canadiens a réussi à produire de grandes quantités d’une protéine humaine anti-inflammatoire à l’aide de plants de tabac.
Et si le tabac pouvait bientôt être utilisé afin de sauver des vies ?
Le tabac peut être utilisé de bien des façons. Si la plus répandue est naturellement de le fumer, il est depuis de nombreuses années reconnu comme étant une plante particulièrement nocive et responsable de nombreux cancers lorsque consommé de cette manière. Toutefois, la plante de tabac peut également être utilisée à d’autres fins. Le fabricant français VDLV le cultive par exemple afin d’en extraire sa nicotine vapologique.
Mais le végétal pourrait bien également avoir une toute nouvelle utilité.
Création d’une protéine humaine à partir de tabac
Il y a quelques jours, plusieurs chercheurs du Western University and Lawson Health Research Institute, établissement situé au Canada, ont réussi à utiliser des plants de tabac comme « bioréacteurs verts » afin de fabriquer une protéine humaine appelée Interleukine 37 ou IL-37.
Si les atouts de cette protéine ont déjà été démontrés, le principal problème concernait jusqu’à présent sa production. En effet, elle ne pouvait être produite qu’à partir de la bactérie E.Coli, en très petite quantité et à un coût clinique très élevé.
Mais grâce aux plants de tabac, les chercheurs de l’institut canadien ont réussi à la produire dans des cellules végétales.
Shengwu Ma, professeur auxiliaire au département de biologie, explique :
« Les plantes offrent la possibilité de produire des produits pharmaceutiques d’une manière beaucoup plus abordable que les méthodes actuelles. Le tabac est à haut rendement, et nous pouvons transformer temporairement la plante pour commencer à fabriquer la protéine d’intérêt en deux semaines ».
Les chercheurs ont d’ores et déjà fait part de leur découverte à la communauté scientifique par le biais d’un rapport [1] publié dans la revue Plant Cell Reports.
Pour le docteur Jevnikar qui étudie les nombreux effets de l’IL-37, la protéine pourrait notamment être utilisée dans le cas d’une transplantation d’organe, afin d’éviter l’inflammation qui survient lorsque le flux sanguin est rétabli dans le corps du receveur.
Il ajoute :
« J’espère que ce travail changera la façon dont les gens perçoivent les plantes et que cette approche sera un moyen de fournir aux patients des traitements efficaces et abordables ».
[1] Alqazlan, N., Diao, H., Jevnikar, A.M. et al. Plant Cell Rep (2019) 38: 391. https://doi.org/10.1007/s00299-019-02377-2
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