Des essais cliniques viennent de démarrer pour tester un vaccin contre le cancer du poumon. Une petite révolution médicale qui fait quelques gros titres, et qui peut, par manque de précision, avoir des effets dramatiques.

Vaccin plastique

Les risques liés au tabagisme sont nombreux et ce vaccin ne résoudra pas tout.

Tout le monde a déjà entendu parler de l’effet d’annonce : c’est une méthode, diront certains, une croyance, selon d’autres, qu’en annonçant avoir la solution prochaine à un problème donné, cela créera l’envie dans la population de résoudre le problème sans attendre. Et cela peut avoir des effets pervers.

Un exemple célèbre : le bateau à nettoyer le plastique des océans. Le problème est connu : d’aucuns ont tendance à confondre les océans avec une poubelle, ce qui a mené à la création d’un « continent de plastique ». Il y a quelques années, un jeune homme brillant avait proposé une solution à base d’un bateau collecteur de déchets, et plusieurs partenaires financiers, pas des moindres (Coca-Cola par exemple), ainsi que des États, avaient rallié la concrétisation du projet.

On allait résoudre le problème de la pollution de l’océan, effet d’annonce, donc. Malheureusement, aujourd’hui, cinq ans après la mise à l’eau effective du bateau, le projet peine encore à produire quelque résultat significatif.

En revanche, alors que les populations sensibilisées au problème de la pollution des océans avaient commencé à faire attention, lorsque le projet a fait la une de la presse dans le monde entier, le phénomène s’est inversé, et on a recommencé à verser des déchets à qui mieux mieux, puisque ce problème était résolu, n’est-ce pas ? C’est la perversité de l’effet d’annonce, conduire un public à se comporter comme si un problème est résolu, alors que ce n’est pas le cas.

Et donc, on annonce des essais cliniques sur un vaccin contre le cancer du poumon. Le lectorat du Vaping Post est constitué de gens de qualité, vous avez déjà compris où je voulais en venir.

Il faut que tu respires

Le cancer du poumon représente, d’après les données OMS, 12,4 % des cancers dans le monde, ce qui en fait le plus répandu. Le nouveau vaccin de BioNTech, qui entre actuellement dans la phase d’essais cliniques, cible la forme la plus répandue, à savoir le Cancer du Poumon Non à Petites Cellules (CPNPC).

L’essai clinique est donc un test à grande échelle sur des patients volontaires, destiné à prouver l’efficacité et la non-toxicité, entre autres, du vaccin. Cela dure plusieurs années, donc, ce n’est pas demain la veille que ce vaccin sera disponible sur le marché. Mais il est vrai qu’il cible une forme de cancer du poumon lié, entre autres, au tabagisme.

Et que c’est une bonne nouvelle pour les fumeurs, et les anciens fumeurs, qui restent exposés à un risque résiduel. Et donc, cette bonne nouvelle est une mauvaise nouvelle : elle pourrait tendre à faire croire que le problème emblématique de santé lié au tabagisme est résolu. Ce qui est faux.

Parce que si le cancer du poumon est la maladie liée au tabac effectivement la plus citée en exemple, elle est loin d’être la seule. Les risques liés au tabagisme sont d’autres formes de cancer (de la langue, de la gorge, maxillo-faciale, etc.), mais aussi bon nombre de maladies cardio-vasculaires, et une dégradation générale de l’état de santé qui crée des opportunités pour d’autres affections.

Qu’un vaccin contre une partie spécifique de la forme la plus répandue de cancer soit disponible dans cinq ou six ans si il valide ses essais cliniques, c’est formidable. Qu’il fasse penser à certains fumeurs mal informés qu’il n’est plus nécessaire d’arrêter la cigarette parce qu’ils ne risquent plus rien serait un effet secondaire dramatique, dont il faudra tenir compte.

Source :First UK patient receives innovative lung cancer vaccine“, Siow Ming Lee, University College London Hospital

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