Deux états américains ont pris une décision surprenante : les fumeurs seront considérés comme prioritaires pour recevoir le vaccin contre le Covid-19. Une décision qui suit une volonté fédérale.

Une clope, une piqûre

En Pennsylvanie et dans le New Jersey, deux états voisins du nord-est des États-Unis, les fumeurs font désormais partie de la liste des personnes prioritaires pour se faire vacciner contre le Covid-19.

Cette mesure est une application concrète d’un communiqué du Department of Health, l’administration fédérale de santé, qui avait estimé que les fumeurs sont en « high risk medical condition », à savoir dans un état de santé qui les expose à plus de risques que la moyenne. Chaque état étant ensuite en mesure de décider ce qu’il en fait. 

Le tabagisme aux Etats-Unis est aujourd’hui descendu à 15 % de la population, selon les autorités sanitaires, un chiffre à comparer avec des 40 % de 1950. Cela représente une mortalité annuelle due au tabagisme de 480 000 morts par an, pour une population de 328 millions d’habitants, à comparer avec les 25 % de la France et ses 70 000 décès par an pour 67 millions d’habitants.

Pourtant, les Etats-Unis ont perdu, ces cinq dernières années, deux ans d’espérance de vie, selon le Department of Health. En cause, l’obésité, outsider qui talonne désormais le tabagisme et menace sa première place de cause de mortalité évitable. 

Les autorités fédérales, pourtant, font le choix de se compliquer la vie : plutôt que de mener une action massive contre le tabagisme et en encourageant le vapotage, et se débarrasser ainsi à peu de frais de la première cause évitable de mortalité pour concentrer ses efforts sur la seconde, les préconisations fédérales sont au contraire restrictives sur la cigarette électronique et bon nombre d’états se montrent particulièrement zélés dans leur lutte contre le vapotage.

Au nombre desquels la Pennsylvanie et le New-Jersey, ce dernier étant d’ailleurs impliqué dans le système des tobacco bonds. La Pennsylvanie, quand à elle, s’est faite remarquer par un système de taxes, d’amendes et de peines de prison contre la vape.

Ce qui conduit à un constat ironique : ces deux états, qui subissent comme partout la pénurie de vaccins, vont se retrouver avec un nombre de fumeurs prioritaires supérieur à celui qu’il aurait pu être si ils s’étaient montrés libéraux sur la cigarette électronique. 

Et, vérification faite en remplissant le questionnaire de chacun des deux états, si les fumeurs sont considérés en « high risk medical condition » les vapoteurs, eux, ne le sont pas. Une reconnaissance tacite de l’innocuité de la vape qui, gageons-le, sera bien vite oubliée…

Annonce