Un article du New York Times met en lumière l’importance des arômes dans le succès de l’e-cigarette aux États-Unis mais l’attractivité des saveurs exotiques soulèvent l’inquiétude de certains spécialistes. Une guerre de goût sur fond de débats politiques.

Can I taste your juice ?

Les fabricants d'e-cigarettes en course pour les saveurs exotiques dans la vapeur sur Le New York Times

Les fabricants d’e-cigarettes en course pour les saveurs exotiques dans la vapeur” sur Le New York Times

Can I taste your juice ?“, la question introductive des vidéos du très célèbre Phil Busardo, soulève bien l’un des principes fondateurs de la cigarette électronique : le goût. On recense plus de 7 000 arômes de cigarette électronique disponibles aux Etats-Unis, et près de 250 nouveaux apparaîtraient chaque mois. Par ailleurs, le rachat de Lorillard par Reynolds et la volonté des grands industriels de développer leur offre en la matière est révélateur du fort potentiel de ce marché, pour les spécialistes de l’e-cigarette comme pour les industriels du tabac. Sur la boutique Viking Vapor cité par le New York Times, les internautes ont actuellement à leur disposition 13 pages d’e-liquides différents en vente.

Les arômes au cœur des débats

Il faut savoir que la réglementation en matière d’arômes dans le tabac est devenue plus restrictive depuis 2009, la plupart d’entre eux sont désormais interdits à la vente par les pouvoirs publics Outre-Atlantique. Mais les sociétés spécialisées dans les arômes pourraient bien voir leur chiffre d’affaire repartir à la hausse avec le marché grandissant de l’e-cigarette.

En associant tabac et cigarette électronique les pourfendeurs de l’e-cigarette soulignent toujours la crainte de voir les enfants attirés par une grande variété d’arômes. Le débat est on ne peut plus vivant aux Etats-Unis, la FDA a d’ailleurs récemment proposé un encadrement de la cigarette électronique mais elle n’a émis aucune proposition concernant des restrictions sur la vente d’e-liquides. Selon Jason Healy, président de Blu eCigs (une marque acquise il y a deux ans par Lorillard), l’âge moyen de ses clients vapoteurs s’élèverait à 40 ans, et le fait de proposer de nombreux arômes diminuerait le risque de voir retourner les ex-fumeurs vers le tabac.

Le fumeur ne rechercherait pas forcément des arômes tabac

Certaines entreprises ont mis du temps à identifier l’importance des arômes pour les vapoteurs. Si NJOY se refusait à en proposer une grande variété par soucis de respecter les éventuelles attentes de la FDA, il a progressivement changé son fusil d’épaule après la réalisation d’une enquête de consommation à ce sujet. Celle-ci a en effet démontré que les fumeurs plébiscitaient beaucoup plus les arômes hors tabac ou menthol, et l’offre restreinte de NJOY en matière de saveurs aurait fait chuté ses ventes en 2013 face à une concurrence aux offres beaucoup plus larges. Son dirigeant Craig Weiss a en outre affirmé que les arômes n’attiraient pas forcément les jeunes vers la cigarette électronique, et a donc décidé d’étoffer récemment son offre auprès des consommateurs.

James Pankow, professeur de Chimie à Portland estime à l’inverse que ces composants favoriseraient l’attractivité de la cigarette électronique auprès des enfants. Craig Weiss a contre-attaqué en évoquant une étude menée par le consultant pharmaceutique Saul Shiffman. Celle-ci a révélé que les enfants n’avaient pas d’affection particulière pour les arômes élaborés mais que ces derniers présentaient tout de même un réel intérêt pour les fumeurs. Des résultats remis en question par le sénateur démocrate Richard J. Durbin, qui a affirmé que NJOY avait lui même financé cette étude et que les conclusions n’étaient guère surprenantes. Fort logiquement, Craig Weiss s’est défendu d’une quelconque influence sur les résultats.

Enfin, le docteur Richard H. Carmona, interviewé par le New York Times, a recontextualisé le débat et s’est montré assez encourageant sur l’avenir des e-cigarettes. Il pense qu’il faut du temps avant de découvrir tous les effets à long terme de ce produit mais estime néanmoins que l’e-cigarette s’avère être une chance pour les fumeurs qui tentent de se sevrer.


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