La FDA américaine a encore averti : la vape chez les adolescents, c’est le mal absolu, et il faut la combattre à tout prix. Mais est-ce la bonne approche ? N’est-ce pas sacrifier un nombre important de jeunes en leur fermant une porte ? La question mérite d’être posée.

Scott Gottlieb menace

Et les adolescents qui fument, ou qui veulent entrer dans le tabagisme, qu’en fait-on ? Le débat est ouvert, et les réponses seront peut-être moins tranchées que certaines prises de position officielles. Ce qui n’est pas un problème seulement européen.

Le directeur de la FDA a posté un tweet opposé à la vape chez les adolescents.

“Les adultes ne peuvent pas favoriser la préservation des e-cigarettes correctement réglementées comme alternative pour les fumeurs qui cessent de fumer du tabac combustible, et non pas en même temps s’opposer vigoureusement à l’accès des enfants aux e-cigarettes. L’industrie n’est pas viable si elle mène à une génération entière d’initiation des jeunes au tabac” tel est le tweet alambiqué qu’a posté Scott Gottlieb, commissioner de la Food and Drugs Administration (FDA) américaine le 17 février.

Traduction : on ne peut pas à la fois soutenir la vape pour les adultes fumeurs et accepter que les adolescents fument, puisque la vape conduit au tabac. Sous entendu : sinon… Sinon quoi, on l’ignore, mais on s’en doute : la FDA a été obligée, au fur et à mesure du temps, de lâcher du lest face aux nombreuses études favorables à la vape, ce qui a contrarié ses nombreux détracteurs.

Scott Gottlieb soutient envers et contre tout la théorie de la passerelle.

Puisque la vape semble avoir remporté la bataille sur sa dangerosité supposée, c’est désormais sur la théorie de la passerelle que s’appuient ceux qui ne peuvent se résoudre à la voir dominer la question du sevrage tabagique. La position de Scott Gottlieb est claire, en ce sens : la vape, ce n’est pas pour les ados.

Le problème des jeunes

La position du directeur de la FDA, qui est sans doute le défenseur de la théorie de la passerelle qui dispose du plus de pouvoir, est sans nuance : la vape pour les adolescents, c’est non. Et ce, malgré les nombreuses études qui soulignent l’inanité de la théorie de la passerelle. 

Bien entendu, encourager les jeunes à vapoter serait une inanité.

Ce qui peut parfaitement s’entendre. Après tout, une jeune fille ou un jeune homme qui ne consommerait aucune substance addictive ne peut être qu’encouragé dans cette voie. Il serait parfaitement idiot, pour ne pas dire criminel, de l’inciter à essayer la nicotine, même sous sa forme la plus inoffensive, tout le monde en conviendra.

Mais fermer la porte de la vape aux adolescents qui en ont besoin est une erreur.

En revanche, et c’est là que l’opinion de Scott Gottlieb gagnerait à être plus nuancée, cela exclus trois catégories de jeunes : ceux qui sont déjà des consommateurs de cigarettes tabac, ceux, et c’est un phénomène qui n’épargne certainement pas les Etats-Unis, qui rejettent le tabac… Mais se plongent dans la consommation de cannabis considéré comme “plus naturel”, et ceux qui ont envie d’essayer et y parviendront de toute manière, ou se tourneront vers le tabac pour compenser. 

Le juste milieu

Dès lors, le problème des dirigeants devrait être formulé ainsi : puisqu’il semble inévitable qu’une partie des jeunes se tournera vers un essai de consommation, il n’y a rien de totalement irrationnel à leur faciliter l’accès à la solution la plus saine, la vape, tout en essayant de ne pas inciter les adolescents qui ne seraient pas attirés par l’une où l’autre de ces options.

Plutôt la vape que le tabac ou le cannabis, et plutôt rien si possible.

Pour faire simple : plutôt la vape que le tabac ou le cannabis, et plutôt rien que la vape. Ce qui ne correspond pas à la position de Scott Gottlieb, que l’on peut résumer par : rien du tout, parce que la vape conduit au tabac.

Et pour le directeur de la FDA, si un adolescent vapote pour se sevrer du tabac, ce n’est pas la faute des cigarettiers qui ont laissé la possibilité à cet adolescent d’accéder à leurs produits, c’est la faute à la vape, simplement parce qu’elle existe. Plus encore : un adolescent qui vapote, pour Scott Gottlieb, est un futur fumeur, quand bien même rien ne vienne aujourd’hui étayer cela, au contraire. 

Une position obtuse, donc. S’il est difficile aujourd’hui de trouver le juste milieu entre permettre l’accès à la vape aux jeunes qui en auraient besoin et ne pas inciter les autres à commencer, on peut dores et déjà dire que la position du directeur de la FDA n’est pas la bonne. Malheureusement, c’est ce de ce modèle dont semble s’inspirer l’Europe.

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